Qui es-tu ? Oui, toi. Tu me poses cette question, tu me demandes de décrire mon caractère mais la véritable question, celle qui va me permettre de répondre à la tienne est : qui es-tu ?
Vois-tu, j’adapte mon comportement en fonction du tien et en fonction de l’utilité que tu as. Alors non, je ne serais pas forcément gentil si tu l’es. Si tu n’es qu’un pauvre pouilleux incapable de me donner une information exploitable, alors tu n’auras que mon dédain. En revanche, aide-moi. Et je serais l’être le plus adorable au monde. Pendant au moins quelques minutes. J’ai appris à faire semblant, je suis très doué pour ça. Et tu sais pourquoi ? Parce que la vie t’oblige à avoir recours à ces méthodes. Ça ne me fait pas plaisir de te sourire. De te faire un compliment. De te donner l’impression d’avoir le contrôle sur notre conversation. Mais ainsi, je gagne ta confiance. Ainsi, tu penses que je t’apprécie et tu baisses la garde. Et c’est comme ça que j’infiltre ton cerveau. Jusqu’à obtenir ce que je veux, ce qui est variable le plus souvent. Alors oui, qualifie cela de cruel ou de manipulateur si ça te chante. Ai-je dit que je ne l’étais pas ? La fin justifie les moyens. De plus, je n’ai aucun doute sur ma valeur, sur mon talent. J’en suis arrivé ici grâce à mon intelligence, à ma capacité d’adaptation. J’arrive à me mettre en avant face aux autres qui sont souvent en arrière-plan. La vie m’a tout donné, et c’est comme ça. Je n’ai aucun point faible. Je n’ai aucune empathie. Je n’ai aucun bouton sur lequel appuyé pour me faire du mal. C’est ce qui me rend supérieur de la plupart des gens, toi y compris. Et c’est pas grave. Il faut des gens comme moi pour régner sur le monde. Hier, j’étais l’étudiant le plus prometteur de SHuni. Aujourd’hui, je suis le héros le plus craint et le plus respecté. Demain, que sais-je… Je serais sans doute celui qui vous donnera ces ordres et ces missions qu’à l’heure actuelle, je réalise avec un succès écrasant à chaque fois. Je me fiche pas mal des réactions que je provoque, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Je veux dire : admirez-moi, aimez-moi, craignez-moi. Soyez fasciné, soyez inquiet. Au fond, vous ne verrez que ce que je veux vous montrer. Officiellement, j’ai cette image parfaite du gendre idéal que l’on pourrait présenter à sa famille sans craindre d’être rejeté et rayé du testament. Le SHinc m’adore, et je leur rend bien. Je fais en sorte d’être une publicité ambulante, d’être un modèle aux yeux de la population. Certes, il y a quelques rumeurs sur les intentions de la compagnie. Mais quand bien même, je pense que nous sommes plutôt d’accord. Alors… soit. Ça, c’était officiellement. Officieusement, je suis votre pire cauchemar. En dehors même de vos peurs ridiculement risibles, je suis sur le point de devenir cette peur constante. Celle qui vous empêche de dormir la nuit. Celle qui vous fait vous retourner en entendant un bruit. Celle qui donne ce frisson dans le dos. Je suis la peur incarnée.

Au fond, j’ai toujours trouvé ça un peu ridicule et même assez réducteur que de devoir parler de son enfance. On est tous né de la même façon, ou presque. On a tous expérimenté le fait de porter des couches, de manger salement et de ne pas être forcément sage à l’école. On aime dire qu’on était malheureux, que nous étions de pauvres enfants. Alors qu’au fond, notre seul problème était de savoir de quelle couleur allait être ce dessin immonde de maison que nous venions de réaliser. Notre seul crainte était de ne pas réussir à multiplier 2 par un autre chiffre. Les enfants sont plus téméraires que les adultes. On aime croire qu’ils sont faibles, mais ce n’est pas le cas. Ils ont tendance à n’avoir aucune véritable peur. La peur grandit avec la personne, elle se nourrit de mauvaises expériences. Et donc sur ce point, je n’ai rien à déclarer sur celui que j’ai pu être, sur cet enfant aux cheveux d’ors qui n’avait véritablement aucune peur. Alors, comment raconter mon histoire dans ce cas ? J’estime que ce qui fait de moi qui je suis, et c’est le meilleur moyen que vous aurez de me connaître, c’est de parler de mon présent. Ou du moins, de mon passé pas si lointain.

J’ai rejoint le SHinc suite à un petit incident qui a eu lieu au lycée. Des élèves avaient de sérieux doutes sur l’existence d’un pouvoir chez moi, alors que ça ne faisait plus aucun doute de mon côté. Mais du coup ils ont jugés bon de m’ériger en bête de foire. Ces idiots. Peut-être était-ce un complexe lié à ma soudaine supériorité dont ils prenaient conscience. Ils se sont joués de moi, alors j’ai jugé bon de me rire d’eux. Mon pouvoir me donne cette opportunité. Il me permet de voir les peurs des gens. Et bon sang, que les leurs étaient ridicules. J’imagine que le faire une fois n’était pas trop répréhensibles. Le faire deux fois c’était une drôle de coïncidence. Le faire une troisième fois m’a attiré des ennuis, finalement. On m’a reproché une utilisation abusive du pouvoir, et j’ai été renvoyé temporairement. Alors un soir, on a frappé à ma porte. J’associe ça à une opération du Saint-Esprit. C’était un employé de SHinc. Apparemment, la société cherchait des candidats potentiels pour rejoindre SHuni, l’université des superhéros. Et j’étais le plus convoité des futurs candidats. J’ai obtenu mon diplôme au lycée, et j’ai rejoins les rangs de l’université en question.
Je suis devenu le meilleur, mais qui aurait pu en douter. J’ai appris à utiliser mon pouvoir, à ne faire qu’un avec lui. J’ai appris à être fier de cette organisation, et à la défendre envers et contre tout. J’ai vu des élèves abandonner, arrêter les études par faiblesse. Je n’ai pas été faible, je n’ai jamais failli à cette mission qui m’attendait. Et c’est avec brio que j’ai obtenu mes examens en tant que major de ma promotion. C’était d’une évidence rare, mais en même temps j’étais aussi entouré d’incapables alors ce n’était pas vraiment étonnant. C’est tout naturellement que j’ai intégré la compagnie après ça.

Désormais, je travaille dans l’ombre. Je ne cherche pas la gloire, je cherche le pouvoir. Je veux être reconnu comme étant le meilleur, comme étant le superhéros respecté parce qu’on le craint. Que ce soit les fans, que ce soit les collègues. Je veux qu’on me regarde et qu’on ai simplement peur de croiser mon regard. Étant un superhéros homologué, je peux utiliser mon pouvoir dès que l’envie m’en prend et c’est assez jouissif. De voir le regard terrorisé de ces gens dont les peurs ne sont même pas mémorables, réduisant encore plus leur valeur au monde. Les êtres humains ont cette capacité extraordinaire à me dégouter, de par leur faiblesse et par ces peurs qui les limitent. En fait c’est le mot : ils sont limités. Ce que je ne suis pas. Ça me rend peut-être effrayant que d’admettre que je n’ai aucune limite, et que je suis prêt à tout. Tel un bon petit soldat. Je dois faire honneur au SHinc, et en ce sens je fais exactement tout ce qui est en mon pouvoir pour les aider à accomplir leur but : peu importe ce qu’il est. Ils ont vu le potentiel en moi et m’ont acclamé tel un roi alors que les faibles de ce monde m’ont repoussés par crainte d’être ramené à leurs inutilités. J’imagine que je leur suis redevable, d’une certaine façon. Et j’imagine aussi que j’aime assez ce que je fais. J’utilise toutes les cordes à mon arc pour réussir, quitte à devenir l’être le plus adorable au monde. Après tout, SHinc a une image à préserver. En public, je dois être adulé et c’est sans doute la tâche la plus simple. Le peuple bègue comme un troupeau de mouton, et suit les superhéros en pensant qu’ils sont des bergers. Ils m’aiment sans me connaître, juste parce que je suis charmant et que je sais aligner trois mots correctement contrairement à cette pimbêche de FeelinGirl ou à ce pantin de Gemini qui a peur de son ombre. Mais même eux sont adulés, avouons donc que le public n’est pas exigeant quant à la qualité de nos superhéros. Enfin ils sont la vitrine de la société, il faut toujours des perdants pour avoir des gagnants. Le ratio est encore assez mauvais en ce sens, du moins à mon humble avis. Je suis le seul gagnant face à tous ces perdants, mais la vie est ainsi faite. Mais bien sûr, je ne souhaite pas rester qu’un pion sur l’échiquier. Je mérite mieux, beaucoup mieux que la plupart des gens. Alors je vais continuer de me distinguer par ma puissance, ma rigueur, mon pouvoir, ma supériorité, ma force… Et un jour, je serais roi entourés de ces bouffons. Et Echec et Mat.

Niveau 1 : Le pouvoir n’est que peu évolué au niveau 1. En effet, à ce stade, il peut clairement déterminer la peur de l’individu face à lui. Cependant, il se verra incapable de la matérialiser d’une quelconque façon. Cela lui permettra uniquement d’utiliser cette information dans des conversations, ou comme moyen d’intimidation. Cela lui permet également de provoquer des situations mettant en scène cette fameuse peur. Ainsi, des efforts supplémentaires sont à fournir afin que ce soit véritablement dangereux pour la personne visée, mais il s’agit malgré tout d’une information précieuse qui rend le niveau 1 assez incroyable.
Niveau 2 & malus : Ici, le pouvoir évolue pour permettre de matérialiser la peur de la personne face à lui. À partir du niveau 2, il peut ainsi se montrer très dangereux et est relativement craint des personnes connaissant ses capacités. La matérialisation de cette peur est assez brève, ne durant que quelques secondes à quelques minutes selon son niveau de concentration. Aussi, la matérialisation sera incomplète : un élément sera toujours mal réalisé ce qui permettrait à la personne en face (si elle parvient à garder un certain calme) de déterminer qu’il s’agit d’une simple illusion. Par exemple : si la peur représente une araignée, alors elle n’aura que 5 pattes au lieu de 8. Ou une queue de rat pourrait y être attaché. Des détails qui permettent de se raccrocher à la réalité. Après utilisation du niveau 2, il ressent lui-même une certaine peur qui le rend vulnérable.
Niveau 3 & malus : Le niveau 3 est extrêmement puissant, puisqu'il permet de matérialiser une peur de façon parfaite et pendant un temps indéfini. Ainsi, il peut terroriser sa victime afin de soutirer des informations, de le pousser à effectuer une action, ou même de le conduire au suicide. Personne n'arrive à résister à ce stade, puisque l'illusion de l'élément représenté est parfaite en tout point, et donne clairement l'impression d'exister. En revanche, son malus augmente aussi : Après l'utilisation de son pouvoir, il ressent tous les sentiments assimilés à la peur : l'angoisse, le stress, la tétanie, la psychose... Tout ça le rend instable, inquiet, très vulnérable. La peur l'empêche alors de faire quoi que ce soit, allant même jusqu'à le faire perdre connaissance.

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