L'espace d'échange avec le SHinc

J’avais volontairement choisi de me rendre au milieu de la foule plutôt qu’à cette compétition de pouvoirs. Les fans n’avaient que peu d’occasions de pouvoir se mélanger à la crème de la crème, et je devais leur en donner pour leur argent. Il fallait voir les choses en face : voir Pearl St. James était sans doute la principale raison pour laquelle la plupart des fans s’étaient déplacés. Et puis j’aurais toujours l’occasion de me rendre au stand de pouvoir : même si, en toute honnêteté, je ne voulais pas risquer de blesser les égos de ces chers mâles en me dévoilant comme la plus puissante d’entre tous. J’allais donc les laisser faire un peu mumuse avant.  J’étais moi-même habillé en tenue de FeelinGirl. Ariès avait confectionné différentes tenues spécialement pour l’occasion, mais j'avais préféré garder ma tenue habituelle pour la rencontre avec les fans. Elle était mon identité, ma marque de fabrique. FeelinGirl sans paillettes et lamé, ce n’était clairement pas FeelinGirl. Et il suffisait de voir la foule qui n’arrêtait pas de m’accoster ; pour ceux qui osaient. Je pouvais voir une forme de crainte mélangé à de l’admiration dans le regard des gens, ce qui était bien mieux qu’une pitié quelconque comme celle qu’ils allaient probablement ressentir pour Gemini. Allait-il seulement venir ? Je pus sentir mon téléphone vibrer à ma ceinture de superhéroïne. J’y jetais un œil entre deux autographes. Hayley ? Enfin, Kat Eyes du coup. Elle me demandait si j’étais déjà arrivé. Je levais les yeux au ciel. Hayley était une fille sympa, mais clairement à côté de la plaque par moment. J’allais devoir lui insuffler un peu de confiance en elle, elle était une star aujourd’hui et elle devait au moins se sentir légitime dans ce rôle. Il s’agissait de ne pas décevoir les fans, du moins le peu de fan qu’elle pouvait avoir. Je lui répondais en vitesse, avant de ranger l’appareil électronique et de reprendre mes signatures et mes divers selfies. C’était sans doute la partie la plus agréable de tout ça : être adulé. Bon, j’étais un peu l’attraction du moment étant donné que j’étais l’une des seules arrivées dans ce stand, mais ça n’enlevait rien à mon star-power. N’en déplaise à cette idiote de Happy.

L’aigle était en place, alors les petits pigeons faisaient leurs arrivées. Le lieu se remplissait peu à peu, permettant d’y voir autre chose que des fans presque hystériques. J’étais né pour ça, faite pour ça. Il le fallait bien : en tant que première gagnante de ‘’The Power’’, j’étais un personnage public, beaucoup plus que certains autres héros. On connaissait mon identité de superhéroïne, mais aussi mon identité qui se voulait secrète. De ce fait, j’appartenais pleinement au monde, aux fans. La plupart étaient gentils, plutôt timides à réclamer une photo pour les réseaux sociaux. Mon visage à côté des leurs, ça n’aidait clairement pas à les rendre plus agréable esthétiquement parlant, mais c’était leur problème. Le mien désormais était de repérer Hayley dans la foule. Impossible, j’étais presque encerclé. C’est plutôt elle qui me trouva et qui m’agrippa presque le bras avec ses vieux ongles à peine vernis. Une photo ou deux avaient dû capturer cette grimace que j’avais fait en la sentant s’accrocher à moi de la sorte, puis je me rappelai ce qu’elle m’avait dit par sms : elle n’était pas à l’aise. Alors ça s’expliquait un peu. Mon but n’était pas de la lâcher dans la fosse aux lions. Elle avait l’air d’avoir besoin de moi, et c’était plutôt rafraichissant venant d’elle. Je lui prenais la main, tandis que les flashs crépitaient autour de nous. J’affichais mon plus beau sourire, tout en gardant un œil sur Kat Eyes qui avait l’air de faire de même si elle ne paraissait vraiment pas à l’aise. Après quelques secondes, les fans se calmèrent. Je reculais d’un pas ou deux pour regarder Hayley de haut en bas. Elle était superbe, malgré encore et toujours cette couleur de cheveux qui s’apparentait à de l’urine de chien. Ou peut-être de chat. Enfin d’un truc marchant à quatre pattes. Une couleur, Hayley. Un passage chez le coiffeur. J’aurais tant voulu m’occuper de sa tignasse ; mais je ne faisais pas de miracle non plus.
J’allais répondre à Hayley, mais Ariès vint jusqu’à nous à ce moment-là. Je lui décrochai un sourire, avant qu’il ne m’adresse la parole. Je levais les yeux au ciel, avant de le pousser légèrement en riant. Bon ok, j’en faisais peut-être un peu trop. Mais je ne pouvais pas me mettre à dos ce génie du style. Il suffisait de voir cette sublime robe que, certes je ne portais pas encore, mais qui était tout simplement magnifique.

« Premièrement : je suis toujours éblouissante, peu importe ma tenue. Et deuxièmement : Je compte bien me changer pendant la journée. Sérieusement, vu la robe, il était hors de question que je la porte pour aller à la rencontre du bas peuple. Il suffit que l’un d’eux bave dessus et paf, un désastre arrive. Et pas un désastre genre la coupe de Hayley. Non, un véritable désastre ! » Je faisais les gros yeux pour renforcer mon idée, même si je venais d’imager un peu trop mes propos comme à mon habitude. Isaac nous rejoignait, je lui adressais un sourire poli. Au fond, j’étais contente de le voir celui-là, même si j’espérais que ça ne dérape pas. Selon moi, il était l’un des plus incontrôlables. Il ne devait surtout pas aller au stand du pouvoir, c’était la catastrophe assurée et j’avais autre chose à faire que de gérer le Gemini. J’attrapais le bras de Hayley. « Allez Kat Eyes, on s’éloigne un peu. On laisse un peu de lumière à ce petit Gemini qui en a bien besoin. »

Sans attendre, je m’enfonçais dans la foule de fan en tenant fermement la main de Hayley pour la forcer à me suivre. Mon but était simple, l’éloigner un peu de toute cette effervescence, de ce qui la stressait un peu. Et puis accessoirement d’éviter de voir la Happy qui allait sûrement se pointer dans les prochaines minutes. Avec ses oreilles de souris à la noix. Une fois éloigné, et à bonne distance de la plupart des fanatiques, je lâchais la main de Hayley. « Fiou, ça se remplit à vitesse grand V, ça fait du bien de s’éloigner un peu. Tout le monde n’est pas encore arrivé, alors je tiens à te prévenir : dès que la souris se pointe, je pars montrer ma supériorité au stand de pouvoirs. Ça vaut mieux : personne n’a envie d’assister à un meurtre, ça ferait mauvaise presse en plus. » Je levais les yeux au ciel. Je n’oubliais pas la raison du ShincDayz. C’était marketing avant tout. Et on était tous comme des mannequins faisant partie de la vitrine : on était là pour vendre la marque, le produit, le système. Ce système qui faisait souffrir Kyle, qui interdisait à beaucoup d’utiliser leurs pouvoirs et qui permettait certains héros comme nous de s’en sortir en commettant des crimes. Je n’avais pas prévu de faire la potiche toute la journée, mais je ne voulais pas mêler Hayley à tout ça. Alors… Giuseppa serait mon excuse. Après tout ça n’en était pas vraiment une : elle pouvait bien aller se faire voir l’Italienne.

Hayley était toujours devant moi, et je n’avais pas caché mes intentions : aller directement au stand de pouvoir à la minute où cette traitresse de Giuseppa pointerait le bout de son nez. Bon, c’était aussi peut-être une excuse. Bien sûr, je comptais faire une apparition au stand et sans doute même démontrer qui était la plus forte de cette bande d’incompétents sans cervelles juste bon à impressionner deux-trois fans idiots. Mais mon but lors de cet événement était tout autre : aller fouiner par-ci par-là pour trouver des choses compromettantes sur la compagnie. Encore plus que ce que je savais déjà. En vérité, et malgré le plan que j’avais pu mettre en place avec Kyle, j’avais un peu perdu la foi en notre capacité à retourner ce système. Étions-nous simplement assez forts pour ça ? J’en savais rien, et ça compromettait pas mal notre plan. Le fait de ne plus y croire me mettait dans une situation délicate, et ce malgré ce que je savais déjà sur le SHinc. Le simple fait de m’utiliser tel un objet, m’obligeant à utiliser mon pouvoir et ses effets dévastateurs sur ma santé en m’envoyant en mission, sans n’avoir aucune solution pour me sauver la vie.. Ça avait suffi, fût un temps, à me rendre plus rebelle. Désormais je… j’avais l’impression de m’être fait à cette drôle de réalité : celle où l’on te tue par profit. J’avais accepté d’être un objet après tout, et ça m’avait bien aidé à devenir toujours plus populaire. La plupart trouverait que je n’ai aucune raison de me plaindre. La plupart auraient sans doute raisons. Mais je devais tout de même faire quelque chose. Pas tant pour moi que pour Kyle : lui qui m’avait tendu la main et avait été le seul à me voir comme un être humain, et pas simplement comme une espèce de peste méchante et ingrate, je me voyais mal lui annoncer que j’arrêtais tout. Alors j’allais faire de mon mieux pour y croire à nouveau.

Je tournais la tête pour voir des oreilles de souris au loin. Elle venait d’arriver l’autre greluche. Je levais les yeux au ciel : évidemment qu’elle était là. Cette hypocrite de service ne pouvait s’empêcher de venir saluer ses fans malgré ce qu’elle savait très probablement sur le SHinc. Elle savait pertinemment que l’une de ses personnes qu’elle serrait dans ses bras pouvait mourir du jour au lendemain des mains d’un superhéros homologués lors d’une mission, et alors personne ne serait puni. Elle n’ignorait rien, c’était une loi connue de tous. Comment pouvait-elle seulement jouer son rôle sans même se soucier de tout ça ? En affichant toujours cette bonne humeur totalement simulée ? Arg, elle m’exaspérait tout simplement. J’étais peut-être une garce sans cœur comme elle aimait si bien le dire, mais je ne jouais pas la comédie. Et je préférais sans doute. Hors de question de ressembler à Giuseppa, même un minimum. « Tiens, voilà la version féminine de Stuart Little. Quand on parle du loup… Du coup, je file. Respirer le même air qu’elle m’est impossible, ça me donne des boutons et j’ai pas envie de lui ressembler. On se voit plus tard Hayley ! » Je n’attendais pas spécialement une réponse de cette dernière et m’éloigna de ma coéquipière. Alors qu’on aurait pu croire que j’aurais tenté de m’éclipser discrètement, je décidais d’aller directement vers Happy. Elle se faisait photographier de partout, c’était l’occasion parfaite pour lui faire perdre son joli sourire. Sans attendre, je me mis à côté d’elle pour passer mon bras autour de ses hanches afin de poser pour les fans. Happy & FeelinGirl réunies, il s’agissait là d’une photo en or. J’affichais mon plus beau sourire, avant de lui murmurer doucement à l’oreille.

« J’ai appris pour ta demi-sœur, félicitations à toi. Major sera probablement content d’apprendre qu’il a une nouvelle belle-sœur, en même temps qu'il baise une superhéroïne… »

Je ne lui laissais pas non plus le temps de rétorquer, lui fit simplement un clin d’œil avant de m’éloigner d’elle et de son aura de menteuse et d’opportuniste. La bombe venait d’être lancée, j’avais eu cette information et je comptais bien m’en servir contre elle. Je la détestais cette pourriture, et je la tenais sur tellement de sujets. Qu’avait-elle réellement contre moi ? J’étais un putain de livre ouvert, tandis qu’elle mentait même à son propre mari. Visiblement, la tête d’affiche de la compagnie était peut-être la moins sincère et la pure d’entre-nous. Même ce bon Gemini serait un meilleur représentant qu’elle. Elle était juste douée pour manipuler la vérité. Je m’éloignais encore plus afin de quitter ce stand qui était devenu l’antre de Satan en personne. J’allais peut-être aller quand même faire un tour au stand S. Kyle devait y être, et j’avais besoin de voir un visage amical dans cette foule de débile profond. Je quittais le stand, plutôt fière de moi.

Je ne lançais même plus un regard à cette tentative d’être humain dont les origines étaient toujours aussi incertaines. Elle mentait sur tellement de sujets, était-elle réellement Italienne ? Était-elle réellement une femme ? Était-elle seulement un être humain ? Il fallait croire que non, au vu de la façon dont elle m’avait lâchement abandonné. Et dire qu’elle traînait désormais avec la rouquine du pôle évènementiel, sans aucun doute par profit encore, et avec cette pauvre Hayley qui devait être le faire-valoir du trio. Elle n’avait rien d’un être humain, cette fille était incapable de ressentir une once d’empathie. C’était justement ce qu’elle me reprochait : d’être une espèce de garce sans cœur. Je ne faisais que dire la vérité, même quand celle-ci était difficile à entendre. Après tout, tout le monde pensait que Gemini n’était qu’un fou se parlant à lui-même, mais j’étais la seule à avoir osé le dire en face. Aussi, j’étais persuadé que personne ne voulait de la couleur de cheveux de Hayley, mais j’étais la seule à oser lui dire que sa couleur n’était pas jolie. Aussi, il était fort probable que pas mal de personnes détestaient la bonne humeur constante et hypocrite de Giuseppa, et pourtant j’étais la seule à l’avouer publiquement. Si mon problème était d’être trop sincère, trop franche, trop transparente… alors je portais ma croix avec fierté. Elle ne pouvait pas en dire autant, elle ne savait que mentir. Je n’imaginais même pas ce qu’elle pouvait raconter à mon sujet. La seule chose dont je n’étais pas sûre, c’était qu’elle n’avait pas sucé que des sucettes pour en arriver là. Pour le reste, je ne faisais que dire la vérité. Qu’importe. Cette espèce d’idiote pouvait bien se pavaner pendant des heures dans son espace d’échange, ils auraient même pu le nommer à son nom puisqu’il n’y en avait que pour elle et ses oreilles ridicules. J’espérais simplement lui avoir un peu gâché la soirée. Je n’allais, pour sûr, rien révéler à la presse. Ce n’était pas dans mon intérêt que de déballer ça si rapidement. Je préférais partir au Stand S pour ne plus voir sa tête de vierge effarouchée. Enfin, ça c’était le plan. Avant que je ne sente un bras m’attraper. Je me retournais pour voir sa tête qui me provoqua instantanément un haut de cœur. Bon, pas vraiment, mais intérieurement elle me dégoutait. Et l’entendre parler, c’était encore pire. La pauvre idiote. ELLE avait décidé de m’avoir à dos, et maintenant elle craignait que je lui gâche sa misérable vie basée sur du vide ? On récolte ce que l’on sème, ma puce. Bien sûr que j’allais lui répondre. J’aurais même pu la tuer sur place rien qu’avec mes yeux si j’avais eu ce pouvoir. Mais sa dernière phrase me mit le doute. Ma famille bidon ? Je veux dire, sa queue de cheval était bidon. Mais ma famille ? Comme souvent, je ne comprenais absolument pas cette fille. Je la regardais s’éloigner, fulminant intérieurement. Je ne pouvais tout de même pas la laisser filer comme une fleur, satisfait d’avoir eu le dernier mot. Je la fusiller de mes magnifiques yeux, alors qu’elle venait de se faire rejoindre par Ariès. Hors de question de terminer ça comme ça, elle avait l’air encore beaucoup trop heureuse. Elle avait l’air d’être la gagnante de cette minuscule altercation. Et il était hors de question qu’elle ressorte gagnante de quoi que ce soit avec sa vieille tête. Je fis demi-tour, finalement bien décidée à rester sur ce stand. Si elle voulait la guerre, alors elle allait l’avoir et avec une gifle en plus. Après tout, je restais Pearl St. James, possible propriétaire du parc de la vi-

« FeelinGirl, FeelinGirl ! Un commentaire sur cet heureux évènement ? Qui est le père ! Nous voulons tout savoir ! » Je m’arrêtais net alors qu’un amas de journalistes venaient de se poster devant moi. C’était quoi leur problème encore ? Un heureux évènement ? Il y avait des soldes chez Chanel ? Le père de quoi ? Les paillettes, ça peut faire tourner la tête des pauvres ? « J’ignore de quoi vous voulez parler, et je dois aller rejoindre la toute juste passable Happy là. » Je m’avançais de nouveau d’un pas comme pour les inciter à dégager rapidement, mais ils formaient presque comme un mur devant moi. Une blague ou quoi ? « Justement, c’est Happy qui nous a donné l’exclu pour votre bébé ! Toutes nos félicitations ! Plus qu’à connaitre l’identité du papa.. » J’ouvrais très grands les yeux sur ce journaliste dont la coiffure ressemblait vaguement à un raton-laveur mort et posé sur sa tête. Un quoi ? Les bébés, ce sont ces choses qui pleurent et qui hurlent ? Et j’avais ça moi ? Soudainement, je comprenais : non satisfaite de continuer à avoir cette attitude de pauvre petite fille innocente, elle venait d’inventer un nouveau mensonge sur moi. Pathologique. Elle devait se faire soigner cette espèce de greluche. Je laissais un sourire se dessiner sur mon visage. C’était officiel : vous alliez assister à un meurtre, à défaut d’avoir une naissance en direct. « Veuillez m’excuser, je dois vraiment m’éclipser. »

Cette fois, je ne laissais pas le choix à ces vautours et fonçait droit devant pour aller à la rencontre de Giuseppa. D’un point de vue extérieur, la scène pouvait paraître risible : j’avais été la voir, elle était venue me voir et finalement je revenais la voir. Et ça pouvait durer des heures. Chacune de nous voulait le dernier mot, et aucune n’était prête à laisser l’autre l’avoir. Du coup… voilà. J’attrapais, à mon tour, son bras pour l’éloigner un peu en laissant le pauvre Ariès qui ne devait pas bien comprendre ce qui se passer. J’éloignais suffisamment Happy pour ne pas être entendu par qui que ce soit. J’avais au moins cette délicatesse. Je la lâchais alors que je pointais mon doigt vers elle. « Toi, tu ne perds rien pour attendre. Tu pensais vraiment que de raconter des conneries sur moi, ça allait m’empêcher de dire la vérité sur toi ? T’as le cerveau monté à l’envers ma parole, t’as fumé trop de fromage. » Je levais les yeux au ciel avant de soupirer. « C’est dingue l’énergie que tu mets à te faire passer pour une sainte et à mentir à tout le monde. Ça doit être fatiguant d’être une hypocrite sans cesse, c’est vrai, tu fais des pauses de temps en temps ? Oh non, tu es bien trop occupé à faire ta victime. Bouh bouh, pauvre petite Giuseppa, elle ment à son mari et elle a peur que ça se sache. Flash info : tu veux pas que l’on dévoile ton secret ? Alors n’ait pas de secret ! Tu es celle qui aime se faire plaindre alors qu’au fond, tu provoques ces situations. Et je parle en connaissance de cause : il n’a fallu qu’un peu de lumière pour tu t’éloignes de moi. C’est ce que tu es : une menteuse, hypocrite, traitresse, opportuniste et sans doute un peu salope. Et crois-moi, ma chérie, ton Major là… il l’apprendra un jour ou l’autre. Et ce jour-là, il te laissera tomber. Tu verras ce que ça fait d’être abandonné par la personne la plus importante à tes yeux. Spoiler alert : ça fait mal. » Et c’était justement parce que je n’ignorais rien de la douleur que ça pouvait infliger que cette révélation ne viendrait pas de moi. En tout cas pas aujourd’hui. Mais je me gardais bien de le dire à Giuseppa. Elle méritait tout ça : la culpabilité, la peur, l’angoisse. Elle méritait de ressentir ces émotions perturbantes, même si elle préférait cacher tout ça derrière ce sourire de façade. « Maintenant excuses-moi, je vais aller au stand de restauration : la rumeur dit que je mange pour deux. » Je lui envoyais un bisou, avant de lui tourner à nouveau le dos pour partir. J’espérais qu’elle me laisserait tranquille, au lieu de surenchérir sur la vérité. Mais rien n’était moins sûr, connaissant Giuseppa.