Dee - Derrière la facade il y a un cœur qui bat

Deirdre & Kennedy

Flashback du 18 juin 2035

Une fois n’est pas coutume, Deirdre travaillait sur une véritable affaire. Une sans-abris avait été retrouvé poignardé dans une ruelle de Soho au petit matin par les éboueurs, une triste histoire qui, manquant de clinquant, n’avait pas intéressé le SHinc lorsqu’elle leur avait soumi l’affaire. Pauvre femme. Sur son bureau, un tupperware dans lequel elle piochait des gâteaux que Milka lui avait ramenés la veille, attentive au dossier elle prenait des notes entre deux bouchées, faisant passer le tout avec un café américain. Bien, elle avait vu tout ce qu’elle pouvait lire sur la victime sur les bases de données de Scotland Yard, et le temps que le légiste finisse son rapport elle avait largement le temps de refaire un tour du voisinage. Butler, tu prends monsieur en charge ? La voix de son supérieur lui cassa son élan, elle était un peu occupée là… mais il le savait très bien, s’il lui demandait de repousser ses investigations c’était qu’il y avait plus grave à traiter. Elle se rassit à son bureau et sortit son ordinateur de sa veille, lorsqu’elle vit l’homme dont elle devait s’occuper.

Oh non. Elle connaissait sa famille de réputation et, fatalement, lui avec. Les rares fois où elle avait eu affaire à lui physiquement, elle avait déguerpi, agacée au bout de deux syllabes par son débit et cette façon inconcevable de s’exprimer. Pourquoi moi ? Pensa t-elle, déjà fatiguée de perdre du temps pour lui, qu’est-ce qu’il était épuisant… et idiot. Il ne disait rien, l’observant, regardant le PC, de nouveau elle. Ainsi il ne se rappelait pas d’elle, pourtant ils s’étaient croisé lorsqu’il s’invitait auprès de Lincoln mais c’était pas plus mal, elle préférait éviter d’avoir à justifier qu’elle puisse connaître cet énergumène. Silence, elle attend toujours. Il n’aime pas le silence… c’est dommage, elle n’a pas l’intention de raconter sa vie à sa place, allez on déballe ses problèmes. Il n’avait pas l’air blessé, plutôt énervé. Nerveux, il regardait partout et, quand elle l’invita à parler en regardant son écran d’ordinateur - elle n’était pas un monstre même s’il l’aimait pas, elle allait l’écouter - il le fit d’un ton autoritaire.

- J’viens d’mander une ordonnance restrictive !! J’veux plus qu’un mec m’approche ! Lui ordonna Kennedy Carrington en croisant les bras.
- On peut faire une demande au juge qui statuera. Je vais vous demander de décliner votre identité ainsi que les raisons, et qui s’en prend à vous. commença Deirdre en se disant que c’était finalement assez grave.
- Nan mais ca va tu sais qui j’suis ! Lincoln Murphy, j’veux plus qu’il me parle, qu’il s’approche de moi ! J’veux plus l’voir.
- Non je ne connais pas votre date de naissance et votre adresse. Qu’à fait monsieur Murphy ?
- Il… il… est chiant putain j’ai pas à m’jutifier bordel, vous l’éloignez d’moi, point barre ! Gueula t-il en mâchouillant ses mots.

Deirdre se retint de masser ses tempes de dépit. Link était un mec bien, elle le voyait mal s’en prendre à Kennedy, par contre elle voyait très bien ce dernier s’en prendre à Lincoln. Son instinct lui soufflait un alignement mauvais qui collait bien à son ton autoritaire. Elle ne tolérait ni son ton, ni son attitude ! Par contre il cachait quelque chose, ça se voyait, mais là tout de suite - victime ou pas - elle n’avait pas envie de s’encombrer alors qu’il y avait une vraie victime qui demandait justice. Qu’il aille voir un collègue ou qu’il cesse son cirque ! Glaciale, elle lâcha son clavier et sa souris pour s’enfoncer dans son fauteuil, s’amusant à le faire un peu tourner de droite à gauche pour que l'agacer, tout en envoyant discrètement un message rapide à Link pour l’informer de la situation.

- T'appelles pas l’juge ? P’tain mais ramène moi ton chef, il va s’bouger lui ! P’tain les meufs du Yard c’est pas des flèches, grinça t-il avec un mépris qu’il ne l’atteignait pas. Il râle, il râle, mais en attendant il se passe pas grand chose. Bon, ça suffit. Deirdre se tourna de nouveau sur son ordinateur, fit une recherche rapide et, trouvant ce qu’elle voulait le nota sur un papier, avant de se lever. Il la suivit du regard, interloqué. Sans rien dire, elle prit son blouson, son calepin et son casque puis, passant à côté de son bureau, plaqua la note d’un geste brusque sur son bureau, devant Carrington. L’ordonnance. Pas envie de continuer à le supporter, elle quitta le commissariat d’un pas vif alors que Kennedy fronçait les sourcils en lisant le mot qu’elle lui avait laissé 105,15 pounds l’aller pour Paris ce soir. C’est assez loin de Lincoln ?

Playlist

Quel personnage pour quelle chanson

100% Deirdre
† Heroes - Mika
† Héros du quotidien - Soprano
† Take it or Leave it - James Arthur
† Soleil Brûlant - Rebelle
† Pas beau - Vitaa et Slimane
† Girls like us - Zoe Wees
† Pic et Pic - 1789, les amants de la Bastille
† Penser l’impossible - Mozart l’opéra rock
† Parler - Aladin
† We don’t have to dance - Andy Black
† Le sang des soldats - Don Juan
† Happy loner - Marina

Devon & Deirdre
† Aimer à mort - Louane
† Remember us with way - A star is born
† Je te le donne - Vitaa et Slimane
† Encore un soir - Céline Dion
† D'amour ou d'amitié - Céline Dion
† S'il suffisait d'aimer - Céline Dion
† Perfect - Ed Sheeran
† Je suis grande - Lynda Lemay
† There’s Nothing Holdin’ Me Back - Taron Egerton & Tori Kelly version

Ezra & Deirdre
† Shallow - A star is born
† Contre ceux d’en haut - Le roi soleil
† Nous ne sommes - 1789, les amants de la Bastille

Tica & Deirdre
† Origami - Gims
† Pourvu qu’on s’aime - Slimane et Vitaa


Klaus & Deirdre
† Tout le bonheur du monde - Sinsemilia
† (I’m gonna) love me again - Elton John ft Taron Egerton
† Hey brother - Avicci

Amber & Deirdre
† Tempête - Louane

Killian & Deirdre
† These boots are made for walking - Nancy Sinatra

Samson & Deirdre
† Sauvons les rôlistes - Naheulband

Alec & Deirdre
† Mon beau-frère - Black M

Mère de Devon & Deirdre
† Hold me like you used to - Zoe Wees

C O D E (c) A L K A S E L T Z E R

Arbre généalogique

Les Butler-Morgan-Spillmaeker

C O D E (c) A L K A S E L T Z E R

Le nom de famille

Je vais prendre le nom de famille de Klaus, un temps avant qu’elle ne décide de préciser le fameux nom au cas où il l’aurait oublié, Morgan, petit pique qui n’apporte rien sinon le plaisir de formuler son vrai nom.

La nouvelle jeta un froid dans la salle à manger des Butlers. Moon regarda sa fille, son mari, son doux regard auburn allant de l’un à l’autre sans savoir comment aborder le sujet. Leur fille était têtue, quand elle avait pris une décision il était impossible de la faire changer d’avis et ce n’était pas les centaines d’heures à essayer de parler à Deirdre qui allait dire le contraire. Il y a une dizaine d’années, lorsqu’ils avaient appris la liaison de son époux, découvrant dans la foulée cet enfant rejeté, elle avait eu le cœur meurtri mais il lui avait juré que cela ne changerait rien entre eux. La période fut sombre, il y eut beaucoup de disputes, de pleurs qu’elle avait vainement essayé de cacher, mais ils avaient surmonté tout ça. Ils étaient restés une famille malgré tout et il est vrai qu’elle sait que l’homme avec qui elle partage sa vie ne sera jamais le mari qu’elle avait imaginé le jour où ils ont échangé leurs voeux. Elle sait. Elle sait les nuits où le lit reste froid car il l’a passé auprès d’une autre ; elle connaît les lignes de compte qui ne sont pas pour elle quand elle fait la comptabilité. Elle devine ses sourires tendres à la lecture de messages qu’elle n’a pas envoyés. Elle sait, et alors ? Ce n’était pas la vie qu’elle avait fantasmé mais c’est la vie qu’elle a choisi, elle est heureuse à ses côtés et n’est-ce pas tout ce qui compte ? Être heureuse. Aussi, pour garder cet équilibre elle a été égoïste, elle n’a jamais contacté cet enfant, a tout fait pour étouffer les fois où Deirdre avait le malheur de l’évoquer. Rare furent les fois où elles se sont disputées mais toujours quand il apparaissait dans la conversation. Moon l’a nié, allant jusqu’à rendre tabou son prénom. C’est une erreur de parcours, une triste erreur, mais c’est à une autre qu’elle de s’occuper de… oui, de cette erreur.

Moon entrouvre la bouche pour dire quelque chose mais rien ne vient. Cela lui fait mal au coeur, comme une petite pointe que l’on enfonce lentement. Que dire ? Deirdre a pris sa décision. Elle regarde sa fille, y voit ses yeux, ses cheveux ; retrouve le pli sévère de sa bouche qui lui évoque celle de Llyod. Elle la revoit petite, adolescente puis femme… et c’est le sentiment déchirant que Deirdre ne reviendra plus les voir. Quand elle avait cessé de l’appeler “maman” cela avait été dur mais sa fille restait sa fille, là elle savait qu’elle l’avait définitivement perdue. Son regard tombe sur sa purée qu’elle remue sans y faire attention. Elle aura donc échoué dans son rôle de mère. Pourtant elle avait tellement d’espoirs, tellement de joie, en élevant cette adorable petite fille ! Elle les voyait complices, Deirdre qui lui racontait ses premiers émois, ses premières colères… ses premières fois, toutes ces choses que la vie vous fait découvrir, elle en aurait été sa confidente. Mais il n’y eu jamais tout ça, sa fille fut et reste une femme au caractère difficile. A chaque fois que Moon essayait de se lier, prenant tous les sujets qui lui venaient en espérant qu’un fonctionne, elle se faisait repousser comme si la moindre approche était perçue comme une menace. Incapacité à se comprendre, elles n’ont jamais su se mettre dans les chaussures de l’autre et voilà le résultat. Moon a les larmes au coin des yeux, Deirdre la regarde se lever pour aller en cuisine sans un mouvement.

Llyod jeta un regard à son épouse tout en plantant sa fourchette dans sa viande afin d’en couper un morceau. Tu vas faire pleurer ta mère, ton calme dénué d’expression, un temps pour terminer sa découpe et noyer le morceau dans la sauce aux poivres, va la consoler, tu lui brise le coeur-là. Nouveau silence pour ajouter la purée au mélange, qu’est-ce que ça t’apporte de lui faire ça ?. Son regard appuya sa question, puis il se détourna d’elle pour déjeuner. Le silence se fit plus pesant, cinq minutes passent, il entend le raclement de sa chaise et le bruit de ses pas feutrés sur la moquette. Llyod resta dans le silence de la salle à manger, semblant perdu dans ses pensées alors qu’il tend l’oreille pour capter des mots étouffés par les murs.

Deirdre. Sa fille est… il ne saurait trouver un mot qui résume ce qu’il pense d’elle. Compliqué, peut-être. Intense, sûrement. Il aimait leur dynamique avant que l’enfant caché soit découvert, sans être proche il y avait une certaine cohésion au sein du foyer. Peu de mots étaient dit, il n’avait jamais eu de longue conversation, pas le souvenir de lui avoir donné les élans d’affections si à la mode mais ils étaient bien. Il savait tacitement que c’était ce qu’elle attendait, une présence, et que c’était ce qui la rendait heureuse. Il le savait car c’était pour ça qu’elle le détestait maintenant, pour ça qu’il a perdu le rôle de père en décevant ses attentes. Il a préféré sa mère à cette histoire qui n’en n’était qu’une parmi d’autres. Il y aura toujours les autres pour lui apporter un grain de folie, pour lui insuffler de la jeunesse qu’il n’a pas dans son foyer. Et cela lui va très bien, le confort, la douceur, le ronron de leur vie épicé d’imprévue le rend heureux, mais Deirdre n’a jamais pu l’accepter. Bloquée sur ce fils dont il tait le nom, elle n’a jamais pu accepter qu’il ignore les conséquences de ses actes. Dix ans qu’elle le lui reproche, qu’elle lui envoie des piques, elle n’est pas belliqueuse mais il sent qu’elle a envie de le faire réagir. Dix années à essayer de percer sa coquille à lui mais il n’entrera pas dans son jeu, il ne va pas revenir sur sa décision qui blesserait Moon - et il n’en a pas envie - et surtout il ne fuira pas. Il ne va pas abandonner sa fille car elle ne l’aime pas, il restera là pour l’aider si elle le lui demandait; il continuera d’être là pour toutes les étapes de sa vie. Et il éprouvera de la fierté quand elle les franchira, comme ce fut le cas dans le passé ; et malgré tout ça, il reste fier de ce qu’elle devient. Une femme de conviction, il est triste que ce soit justement ce tempérament qui la fasse se braquer contre eux, il l’aimerait plus tolérante, mais elle a la force de ses opinions et c’est une bonne chose. Qu’elle l’appelle par son prénom, qu’elle change de nom, elle était vraiment déterminée à réparer “l’erreur” que fut cet enfant ; un léger sourire passe sur son visage, elle est sacrément butée. Llyod se sert un verre d’eau, il le dira à Moon, il la réconfortera car c’est elle des deux qui vit le plus mal leur étrange situation familiale.

Lorsque Dee claqua la porte d’entrée de son appartement, elle eut un temps pour intégrer ce qui venait de se passer, avant d’aller caresser Fafnir qui somnolait sur le canapé. Comme à l’accoutumé son père n’avait rien dit, visiblement il ne se sentait pas concerné par la question, cela ne lui avait fait ni chaud, ni froid. Tant mieux, elle n’aurait pas aimé ce justifier. Quant à sa mère, elles étaient tombées dans le sentimental au point qu’elle avait du la rassurer sur le fait que changer de nom ne signifiait pas ne plus jamais les voir. Elle n’avait pas envie de s’expliquer, de lui dire qu’elle faisait ça car elle était encore en colère que Klaus ne soit pas reconnu comme étant un vrai membre de sa famille. Qu’elle le faisait aussi pour qu’il comprenne, comprenne vraiment, qu’elle sera toujours sa soeur. Toujours là pour lui et ce peu importe ce qui leur arrive. C’est sa manière de lui dire “je t’aime” sans avoir à prononcer ces mots qui la mettent mal à l’aise. Cela avait calmé Moon et le déjeuner avait pu reprendre, gênant comme à son habitude avec Moon qui lui avait posé des questions indiscrètes sur sa vie comme si une femme se résumait à un couple et une famille à fonder. Agacée, elle s’était emmurée dans le silence et les tintements des couverts avaient fait la conversation à leur place.