Stay with me, I'm afraid of my soul [ft Klaus & Mallo]
Sujet: Stay with me, I'm afraid of my soul [ft Klaus & Mallo] Dim 4 Juil - 16:16
Lincoln Murphy
Fantôme hantant le forum - Ouuuuh....
J'habite à Londres depuis le : 27/03/2021 où j'ai posté : 2083 messages et accumulé : 498 points d'expérience. On dit que je ressemble à : Andy Biersack j'ai : 28 ans et ma situation sentimentale est : En couple avec la plus merveilleuse des chaussures ♥ J'incarne également : Le tonton de ma petite soeur, en quelque sorte, mon beau frère aussi aimable qu'une porte de prison, le frère de mon patron qui a l'air de sortir de bisounoursland, et l'adjoint de ma meilleure amie
Stats du Perso : Mon pouvoir / Ma compétence est: Memotransformation et mon niveau est de: 3 Malus: Oubli, mélange des souvenirs Artefact(s): 1 Copper Corn Ma 2eme compétence est: Investigation et mon niveau est: 3 Ma 3eme compétence est: rien et mon niveau est :: 0 Par rapport au rhume des pouvoirs :: Forme aggravée
Les heures qui avaient suivi la sortie de la convention s’étaient apparentées à un très long cauchemar éveillé. Ma mémoire avait volontairement laissé une bonne partie de la soirée de côté -ou alors j’avais enfin découvert comment utiliser mon pouvoir sur moi-même ? Pas trop tôt !- me laissant dans une espèce de torpeur vaseuse. Quoiqu’il en fut, j’avais atterri chez Klaus, et c’était très bien comme ça. Pas certain qu’être seul aurait été l’idée du siècle après tous ces évènements. Alors un visage ami, un environnement familier… ouais, c’était tout ce qu’on pouvait se souhaiter. Et une bonne nuit de sommeil. Mais celle-ci avait été visiblement retirée du programme. Bah oui, excellent timing pour faire une insomnie ! Mais les faits étaient là : j’étais mort d’inquiétude pour Kennedy et Leslie qui ne répondaient pas à leurs foutus SMS, je n’arrêtais pas de me demander si T.K était bien restée chez elle comme elle était supposée le faire, j’avais la tête en vrac, et terriblement envie d’y remédier avec des médicaments que je n’avais plus, j’avais tous mes hématomes, cadeaux laissés par Leslie, qui se réveillaient… Bref. Disons juste que les raisons de ne pas dormir étaient multiples. Et à chaque fois que je m’étais levé, j’avais vu Klaus scotché au canapé, signe qu’il ne dormait pas non plus. J’avais d’ailleurs fini par capituler et m’installer avec lui, parce que quite à subir l’abandon du sommeil, autant le faire à deux.
Alors nécessairement, le dimanche matin fut un peu violent. Klaus m’avait déjà vu plusieurs fois dans des états critiques, mais là, c’était d’un autre niveau. Et en même temps, lui-même avait été l’ombre de lui-même toute la soirée… Tout ce bordel avait pour sûr marqué tous les esprits, mais Klaus et moi avions été secoués au delà d’un simple attentat. Disons que ça avait remué chez moi des décombres bien enfouis et des traumatismes. Et chez lui... probablement quelque chose dans cette veine là aussi, vu sa réaction. Une bonne piqûre de rappel comme quoi on était bien cassés, au cas où on l’avait oublié.
Le réveil avait piqué. J’avais fini par recevoir un SMS de Kennedy, mais au lieu de m’en réjouir, je ne trouvais rien de mieux que de m’énerver. Résultat des courses, l’échange partit en dispute en moins de temps qu’il n’en fallait pour dire “sombre crétin”. Comme toujours, il s’en prenait à Klaus pour aucune raison valable, et si en général, son acharnement puéril me passait au dessus de la tête -et desfois m’amusait- là j’étais trop agacé pour ne pas lui rentrer dans le lard.
- Putain je vais l’encastrer dans un mur !
Et autres déclarations d’amour fusèrent pendant une bonne partie de la journée. Klaus participait aussi à la conversation, épiant les réponses de Kenny par dessus mon épaule, y allant de ses commentaires. Ca nous faisait au moins un semblant de normalité au milieu de ce bordel. Le “bro low cost” avait été la critique de trop, car il s’empara carrément de mon téléphone pour lui donner le fin fond de sa pensée -qui consistait à rappeler que son cul était quand même fantastique. Bon, s’il parlait de son cul, c’était qu’il n’allait pas si mal, hein ? Le déni, c’était tout un art chez moi. Et pas que me concernant. Les mots de T.K me revinrent en mémoire. Des mots qui dataient un peu maintenant, mais qui à l’époque m’avait un peu secoué mine de rien. Etais-je un mauvais ami pour Klaus ? Ou pour mes proches de manière générale ? Il était vrai que j’avais une certaine tendance à mettre un peu de ma propre misère sur leurs épaules. Peut être que je ne leur laissais pas assez de place pour s’exprimer à leur tour… Bon, l’ennui, avec Klaus, c’était que pour le pousser au delà des mensonges par omission, il fallait quand même s’accrocher. Il semblait foutrement décidé à faire comme si rien ne s’était passé la veille, même si j’avais déjà capté plusieurs fois dans la journée des moments où il ne se sentait pas observé et où le masque se fissurait un peu. Il n’allait pas du tout mieux que moi.
Mon téléphone atterrit à nouveau sur mes genoux repliés contre moi alors que Klaus avait fini d’exprimer ses objections à Kenny, me sortant de mes pensées. Je jetai un oeil au message, en envoyai un autre à mon président pour rectifier le tir, avant de reverrouiller mon téléphone dans un soupir. J’avais encore cette fichue migraine, et je rongeai mon frein pour ne pas juste aller toquer chez Mallory pour aller la supplier de me rendre ma plaquette de médicaments. Un peu plus tôt, j’avais bondi de mon fauteuil sans crier gare en lançant juste un ”OK je vais voir si Mallory est là !” à l’attention de Klaus, mais il m’avait répondu qu’il l’avait de toute façon invitée à passer le soir même, et qu’elle n’était normalement pas chez elle. J’avais fait demi-tour, et j’étais retourné muter en loque sur son canapé.
Finalement, l’après-midi passa relativement rapidement. C’était dingue comme le temps pouvait filer quand le cerveau était débranché. April, qui ne fonctionnait jamais comme personne, avait elle opté pour suremployer son cerveau en s’infligeant des mathématiques. Rien que de jeter un oeil à sa feuille avait intensifié mon mal de tête, c’était dire. Elle avait ensuite remis la bagarre avec Leslie sur la table, et comme je n’étais vraiment pas en état de creuser ou de me justifier, j’avais fini par admettre avoir ouvert les hostilités même si c'était faux. Elle m’avait forcément demandé pourquoi, et là j’avais un peu plus galéré à trouver une raison à mon non-acte. J’avais fini par balancer un “Il voulait pas que j’aille me faire tester, c’était la seule façon de me débarrasser de lui” pas si crédible que ça mais enfin… J’avais pas mieux en stock !
Le soir finit par arriver, et on n’avait pas franchement l’air beaucoup plus frais Klaus et moi. Mallory allait voir un sacré tableau lorsqu’elle arriverait. April avait fini par retourner dans sa chambre, et j’en profitais pour jeter un regard un peu perdu à Klaus.
- Rassure moi, parce que là j’ai vraiment peur de complètement perdre la tête… C’est pas moi qui ai sauté sur Leslie, si ?
Avec ces fichus pertes de mémoire que j’avais eues, je commençais à douter de mes propres souvenirs. Peut être que c’était vraiment moi qui m’étais jeté sur mon Twinou… Mais pourquoi ?! Je n’avais pas souvenir qu’il ait particulièrement déconné cette fois-ci. En général je le cognais quand même pour de bonnes raisons.
Levant mes yeux fatigués sur mon meilleur ami, j’esquissai un sourire un peu crispé. Toute la journée, il m’avait servi la comedia dell’arte, faisant comme si de rien n’était. Mais j’étais fatigué et décalqué, pas aveugle, je voyais bien qu’il ne tournait pas plus rond que moi. Et si j’avais décidé d’arrêter d’être un ami en carton, il allait falloir sortir de la voie de la facilité consistant à juste fermer les yeux sur ce que les autres cachaient plus ou moins bien.
- Ca va comment toi ? Tu m’as fait peur hier quand on était sous la table.
J’avais pas spécialement envie de le brusquer, ou de la forcer à parler, mais bon. Ouvrir au moins un peu la porte, ça ne pouvait pas être une mauvaise idée, si ? Je l’avais rarement vu dans un tel état. Il avait eu l’air tétanisé. En fait, il avait l’air dans un pire état que moi, ce qui n’était vraiment pas peu dire vu le mien... Mais Klaus devait être un sacré veinard de l'esquive, car ce fut ce moment qu'on entendit des coups sur la porte. Ah. Sauvé par le gong. Enfin le toc.
Vanka
Sujet: Re: Stay with me, I'm afraid of my soul [ft Klaus & Mallo] Jeu 5 Aoû - 8:01
Klaus Morgan
Infirmier
J'habite à Londres depuis le : 01/05/2021 où j'ai posté : 1214 messages et accumulé : 399 points d'expérience. On dit que je ressemble à : Lee Jong Suk j'ai : 28 ans et ma situation sentimentale est : je sors avec le mec le plus sexy de l'univers, deal with it :D J'incarne également : Un machin bouché, un cœur guimauve, un fusil de précision, le futur roi du monde et une pile électrique
Stats du Perso : Mon pouvoir / Ma compétence est: Animisme et mon niveau est de: 3 Malus: Incapacité à s'exprimer Artefact(s): Aucun Ma 2eme compétence est: Pickpocket et mon niveau est: 3 Ma 3eme compétence est: rien et mon niveau est :: 0 Par rapport au rhume des pouvoirs :: Epargné(e) / Non concerné(e)
Stay with me, I'm afraid of my soul
Klaus & Link & Mallory
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De manière générale, Klaus n’aime pas vraiment la nuit. C’est toujours ce moment de la journée où toutes les choses désagréables en profitent pour te revenir à la gueule sans que tu puisses rien faire. Ce moment où y’a plus rien qui t’empêche de faire face à ces voix accusatrices et aux mauvais souvenirs. Il les déteste, ces voix. Et les souvenirs, n’en parlons pas ! Heureusement que la plupart sont noyés dans le brouillard, c’est plus facile à ignorer. Enfin, quoi qu’il en soit, il préfère pas trop s’y attarder - c’est comme la vaisselle sale, si tu fais genre que tu la vois pas, tu peux prétendre qu’elle existe pas. Tout ça pour dire que d’habitude, les soirs, c’est pas trop ce qu’il attend avec beaucoup d’impatience, mais alors là… ça a battu des records.
Il est rentré chez lui la veille, il sait pas trop comment. Entre l’instant où Alec les a sortis de là et celui où ils se sont retrouvés dans son salon, il nageait dans un genre d’hébétude silencieuse. Il se rappelle des blessés alors qu’il passait devant des collègues en baissant la tête. Il aime son métier, hein ! Il se sent un peu utile, quand il y pense. Mais hier soir… Ouais, hier soir il aurait été incapable de travailler, donc il valait mieux pas qu’il s’arrête. Puis ses collègues se débrouillaient très bien, donc personne aurait eu besoin de lui. Alors il a juste ignoré les tentes des secours, pourquoi il s’y serait arrêté, après tout ? Il était pas de service, c’est pas grave. Rien d’important. Lui, tout ce à quoi il pensait, c’était rentrer. Rentrer. Une fois chez lui, il s’est senti beaucoup mieux. Ouais, beaucoup mieux. D’accord, il aurait voulu retenir Alec. C’est qu’il croyait qu’il resterait. Qu’il le garderait contre lui et qu’il continuerait à lui assurer que tout irait bien - parce que tout allait bien, c’est un fait. Sauf qu’Alec a une vie et d’autres choses à faire. Alors forcément, il est parti. Et oui, sur le coup, Klaus a eu l’impression qu’on l’arrachait à ses bras pour le jeter à poil sur la banquise au point d’avoir presque envie de le supplier de rester, mais après, c’est passé ! Et Linc était là, et il aurait pu en pleurer de soulagement de pas être tout seul et d’avoir la présence rassurante de son ami avec lui. Donc il avait toutes les raisons du monde de sourire et d’oublier ces attentats. Après tout, ils allaient tous bien, juste un peu de fatigue. Une bonne nuit de sommeil et hop, ça irait parfaitement.
Sa petite souris est allée au lit sans faire d’histoire, mais Klaus sait bien qu’elle était chamboulée - sans blague, même les génies, ça a peur des boum. Elle ne dit rien, mais il sait. Une journée pareille, faut dire, ça claque ! Et lui, il a pas du tout honte. Combien de fois il s’est retrouvé à pleurer devant elle ? Non, pas tellement, si ? Bon O.K., pour être honnête, il se déteste de lui infliger ça. Il lui a encore offert une image pitoyable de lui et bientôt il aura un trophée du père de l’année. Il l’a laissée parce qu’il paniquait… c’est dégueulasse. Comme si ça pouvait effacer son comportement, il a passé presque une heure avec elle, dans son lit, à la bercer contre lui en racontant tout et n’importe quoi - surtout n’importe quoi, il s’est perdu lui-même en évoquant le petit cœur fragile des équations du troisième degré. En espérant que ça suffise à repousser les cauchemars… Mais ça suffirait, ouais. Hein que ça suffirait ? Et ça faisait pas de lui un si mauvais père, si ? Bah non. Elle va pas si mal, sa petite souris. Si elle arrive à dormir, c’est que ça va. Ouais, ça va.
Après, il est retourné sur le canapé parce que penser à son lit tout vide… non, bof, merci. Alors il s’est persuadé qu’il n’était pas si tard et a allumé la télé en errant sur son portable - c’est fou toutes ces vidéos de chat qu’on trouve sur SHic Toc. En plus, Linc a fini par s’installer avec lui et c’était cool. Il s’est senti un peu plus au chaud. Comme il ne dit jamais rien, évidemment, il ne lui a pas fait savoir, mais il l’a pensé très fort, ce “merci”. Oui, clairement, il imagine bien que si son meilleur ami s’est retrouvé là, c’est moins pour lui tenir compagnie que parce qu’il arrivait pas à dormir lui-même, mais c’est pas tant pour ça qu’il lui en est reconnaissant. Non, à ce moment, il était juste… content qu’il existe et qu’il veuille bien de lui dans sa vie. Avec lui à ses côtés, Klaus trouve ça plus facile de se répéter “tout va bien”. Parce que c’est vrai. Tout va bien quand il est pas tout seul.
Et le lendemain, il a préparé le petit dej - oui, sortir des céréales, c’est préparer - le sourire aux lèvres en raconter des bêtises. Bah oui, c’est simple, de débiter ses conneries habituelles. C’est que ça lui sort naturellement, alors forcément, quand en plus on lui tend des perches… Et Kenny en fait une très bonne, de perche. Surtout quand Linc s’énerve contre lui. Klaus a toujours adoré les disputes, il trouve ça fascinant, comme spectacle, de voir les gens s’énerver. Et plus ils se foutent sur la gueule, plus il trouve ça drôle - sérieusement, est-ce que les gens qui hurlent se sont déjà regardé dans une glace ? ça donne des expressions hilarantes. Des fois, il s’amuse même à foutre la merde juste pour le plaisir de voir les autres s’étriper - bon, il évite avec ses amis, mais par contre, il se fait pas prier pour Kennedy, c’est tellement facile que ça en devient comique. Fatalement, il ne peut pas s’empêcher de suivre l’échange de SMS entre les deux - ce serait dommage de pas en profiter. Pour un peu, il arriverait presque à s’auto-convaincre qu’il n’a pas les mains qui tremblent quand il ne fait pas gaffe et que son mobilier n’est pas du tout sur les nerfs - même sa chaise a manqué de faire un bond quand il s’est assis dessus, ce qui n’est pas très pratique, admettons-le. Mais au final, il est plutôt fier de se dire que cette journée aurait presque pu passer pour un dimanche normal. Presque. April a été encore plus absorbée par ses maths que d’habitude - est-ce qu’il devrait s’inquiéter qu’elle pique sa technique de “je me concentre sur autre chose pour oublier qu’un truc va mal” ? Bon, il s’interrogera plus tard - Linc ressemblait vaguement à une épave qu’on aurait zombifiée et lui-même… ouais il préfère pas y penser, mais… ça aurait pu être pire, non ? Lui, il trouve qu’il a vachement bien assuré. Il a même réussi à contenir son ami quand il a tenu à aller squatter chez Mallory pour récupérer ses médicaments. Et - ça mérite une médaille - il a brillamment repoussé la vague de malaise que ces fameux médocs font naître. Bravo lui. Finalement, peut-être bien qu’il aura mérité son trophée !
Maintenant, il lui reste plus qu’à continuer sur sa lancée. Avec Mallory qui arrive, ça sera facile ! Ils vont passer une chouette soirée. April est sage dans sa chambre, Linc est… Bon probablement pas au top de sa forme, mais Klaus est pas sûr de pouvoir y faire grand-chose. Déjà, il lui a filé un crème super efficace pour les hématomes, parce que ça, il sait gérer. Le reste… ouais, le reste, c’est plus compliqué. Un Tupperware de kimchi sur les genoux, avachi sur le canapé, il se tourne vers Linc quand celui-ci prend la parole. Ah oui. C’est vrai qu’il y a eu ça, aussi, aujourd’hui. Logique, elle est têtue, April.
- Hm… Non, tu perds pas encore la boule, et si tu dois la perdre un jour, sois sympa, la perd pas chez moi, y’a assez de bordel comme ça, hein, répond-il nonchalamment. Mais ouais, non, c’est bien Leslie qui t’a sauté dessus. Je serais presque jaloux !
Et il préfère éviter de penser à pourquoi April est persuadé du contraire. On va dire que c’est parce qu’elle a cinq ans. Et qu’elle a souvent tort. Que c’est pas du tout une enfant précoce qualifiée de génie. Elle s’est trompée, voilà voilà. Grosse journée, la fatigue, tout ça… Il se fige l’espace d’une seconde. Hier. La table. Pourquoi est-ce que Linc lui parle de ça ? C’était y’a longtemps. C’est passé. C’était… tout le monde avait peur. Sa réaction semblait pas si disproportionnée vis-à-vis des événements, si ? Une nausée lui amène un goût amer dans la bouche alors que ses doigts se crispent sur son Tupperware. Son sourire, lui, s’agrandit. Klaus ne tient pas du tout à ce que quelqu’un voie ce qu’il y a derrière son masque. Il y a déjà trop de personnes qui en ont eu un aperçu. Major. Alec. Dee. C’est trop. C’est beaucoup, beaucoup trop. Donc non, il préfère pas en rajouter une autre sur la liste. Surtout pas Linc. Il est pas con. Même s’il se persuade que tout va bien, au fond, il voit bien que son ami va mal. Faudrait être aveugle. Et il se sent impuissant. Nul. La moindre des choses qu’il peut faire pour lui, c’est pas lui rajouter sa merde par-dessus ça.
Non. C’est même pas le souci. Ce serait beaucoup trop altruiste. La vérité est beaucoup moins sympa. Il flippe, c’est tout. Il veut pas que Linc le sache parce qu’il veut pas qu’il se barre. Il a besoin de lui comme il a besoin de chacun des membres de sa famille. Il crève de trouille et il crève de honte. Ouais. Il a honte de s’être laissé aller devant lui la veille. Et s’il savait, maintenant ? Si Linc avait compris ? S’il avait remarqué quelle personne il est vraiment ? Cette idée lui retourne l’estomac. Et ça le déchire. Son regard fixe un morceau de kimchi alors qu’il met toute son énergie à ignorer les coussins du canapé qui se tassent sur eux-mêmes. Pourquoi ? Pourquoi faut toujours que ça ressorte ? Pourquoi il a fallu qu’il parle de ça ?! Toutes les angoisses qu’il avait réussi à ignorer menacent de lui revenir à la gueule. Il a pas de nouvelles de Leslie, même s’il sait qu’il est avec Sequo. Linc va mal. Y’a cette histoire de medocs qui le tue. April a encore trinqué à cause de lui. Il a peur. Putain, il a peur.
Il faut qu’il réponde un truc. Après tout, son ami a peut-être juste lancé ça comme ça. Ouais, voilà. Et même si c’est pas le cas, il a qu’à continuer à sourire, ça arrange tout. Fort heureusement pour lui, il n’a même pas besoin de déblatérer des bêtises parce que Mallory le sauve. En l’entendant frapper à la porte, il s’empresse - autant qu’il puisse être empressé, faut pas abuser - de poser son kimchi et de se lever pour aller la rejoindre. Bon, il aurait peut-être dû rester sur son canapé, c’est pas comme s’il bougeait, d’habitude… Elle a les clés, après tout. Enfin, maintenant qu’il est debout… autant en profiter pour aller chercher une bouteille de limonade au frigo.
- Salut Mallory ! claironne-t-il joyeusement depuis la cuisine en la voyant arriver dans le salon.
Il s’encombre pas d’autres formules de politesse, parce que bon, c’est pas qu’elle est chez elle ici, mais un peu quand même. Sa bouteille à la main, il retourne prendre la place qu’il a quittée juste avant sur le canapé et s’installe confortablement en attendant que la rousse fasse de même - enfin sur le fauteuil, pour elle, elle prend toujours le fauteuil.
- Alors, t’as fait quoi, c’t aprem ? Nous on a insulté Kenny, c’était cool. Il a dit que j’étais low cost, je suis profondément vexé, là !
En réalité, il lui en faut largement plus que ça pour être vexé, mais ça fait un bon prétexte pour exagérer et détourner la conversation, alors ça lui va.
:copyright: Aelyne
Sujet: Re: Stay with me, I'm afraid of my soul [ft Klaus & Mallo] Ven 6 Aoû - 13:36
Mallory Crowley
Directrice du Bien Être (SHinc)
J'habite à Londres depuis le : 17/04/2021 où j'ai posté : 3342 messages et accumulé : 715 points d'expérience. On dit que je ressemble à : Katherine McNamara j'ai : 27 ans et ma situation sentimentale est : en couple avec Ezra ♥ J'incarne également : Alec, Kylie, Benoît et Gabriel
Stats du Perso : Mon pouvoir / Ma compétence est: vision hors du commun et mon niveau est de: 3 Malus: Artefact(s): T-shirt SHinc officiel, 1 jolie tuture rose Ma 2eme compétence est: Optimisme et mon niveau est: 1 Ma 3eme compétence est: rien et mon niveau est :: 0 Par rapport au rhume des pouvoirs :: Epargné(e) / Non concerné(e)
Stay with me, i'm afraid of my soul
La journée a été éprouvante, le week-end même, puisque hier a même été pire… Jamais je n’aurais cru que les SHincDayZ se solderaient par l’explosion de Big Ben… J’imagine que personne ne l’avait vu venir, sinon le SHinc aurait empêcher ça. Sauf que maintenant, il va falloir apprendre à vivre avec et s’habituer à l’absence de notre grosse horloge favorite dans le paysage de Londres. Ça me fait tout drôle de pas la voir entre les bâtiments alors que je quitte les locaux de Pandora Investigation. Même si ça fait plusieurs mois que je suis pas venue, je me souviens qu’on la voyait à plusieurs endroits sur le trajet. Pourtant, alors que je me mets en route pour rentrer chez moi, c’est pas vraiment l’absence de Big Ben qui me préoccupe mais plutôt Ezra et le moment que je viens de passer avec lui. Je suis soulagée qu’il ait accepté de faire analyser les médicaments de Linc, parce que cette histoire m’inquiète aussi. Soulagée aussi de pas avoir à mentir à Krokmou si jamais il me pose des questions sur ses cachets. Et troublée, aussi, de ce temps passé avec Ezra… Me retrouver là, avec lui, c’était comme si je l’avais quitté hier tout en étant totalement différent. Disons que le cadre était familier, mais l’atmosphère non… J’ai comme l’impression qu’on marchait tous les deux sur des œufs et c’est pas forcément l’idéal. En plus, au final, je sais toujours pas ce qu’il pense de mon inquiétude d’hier qui s’est transformée en attaque sauvage de câlin au beau milieu de l’apocalypse…
D’ailleurs, ça aussi, ça me trotte dans la tête. Avec le recul, je peux pas m’empêcher de me demander ce qui m’a pris de planter Klaus, Linc et April comme je l’ai fait pour me jeter dans la foule à la recherche d’Ezra sans aucune certitude de le trouver. Je ne savais même pas s’il était toujours à la convention ou non. Je me suis comportée comme une idiote et j’ai eu une chance incroyable de tomber sur lui… Mais quand même, je m’en veux d’avoir agi comme ça. Surtout vu comment Linc et Klaus étaient inquiets ! Ils ne m’ont rien dit hier soir, quand j’étais avec eux, mais ça m’empêche pas de culpabiliser. April, par contre, m’a demandé pourquoi j’étais partie comme ça et je me suis retrouvée bête à pas savoir quoi lui répondre. C’est sérieusement ce genre d’amie que je suis ? Je compte bien me rattraper, surtout que je m’inquiète énormément pour Linc et pour Klaus… Ils avaient tellement pas l’air en forme quand je les ai quittés hier soir… J’aurais peut-être dû passer la nuit avec eux mais… je sais pas, j’ai eu envie d’être seule, paradoxalement. Comme s’il avait attendu que je pense à lui pour se manifester, je reçois un SMS de Klaus me demandant si je passe ce soir. Il essaie de m’appâter à coup de pizzas surgelées et ça me tire un sourire. Je crois qu’il a surtout la flemme de cuisiner et je peux le comprendre ! Du coup, je lui propose de ramener des vraies pizzas, quitte à être dehors, autant en faire profiter mes amis.
J’échange quelques messages avec lui en attendant le bus. Sans surprise, il est emballé pour les pizzas chaudes livrées chez lui et il me passe commande dans la foulée. Sauf que là, il y a comme quelque chose qui cloche. Autant la commande est Klaus est très...Klaus - poulet, curry avec poivrons, du classique pour lui - autant la pizzas anchois/ananas pour Linc et celle aux légumes pour April, ça me laisse sceptique. Je décrète donc arbitrairement que la petite puce aura droit à une calzone et j’envoie un message à Krokmou pour lui demander directement ce qu’il veut - et la réponse n’est pas un mélange d’anchois et d’ananas. Le bus finit par arriver et je range mon portable avant de m’installer sur un siège, au fond du véhicule. C’est dingue comme il est vide, même pour un dimanche. Je crois que le pire, c’est le silence qu’il y a, j’ai pas vraiment l’habitude. Généralement, on entend toujours quelque chose, des chuchotements, un peu de musique ou les babillements d’un enfant, mais là rien, comme si personne n’osait faire de bruit, ce qui est sûrement le cas d’ailleurs, parce que moi non plus, j’oserais pas dans ces conditions.
Heureusement, je n’ai pas à attendre longtemps avant d’arriver. Je descends, un arrêt avant celui où je m’arrête d’habitude, et je remercie le chauffeur. J’ai pu profiter du trajet pour vérifier sur internet les pizzerias qui sont ouvertes aujourd’hui autour de chez moi. L’habituelle est fermée, comme tous les dimanches, mais j’ai réussi à en trouver une, à même pas cinq minutes, ce qui m’a fait quitter le bus plus tôt. Quand j’arrive dans le restaurant, là encore, c’est le calme plat. Bon ok, il est un peu tôt, même pas sept heures, mais quand même, il y a de l’activité en général à cette heure-là ! Enfin au moins, je n’ai pas à attendre avant de passer commande : une indienne pour Klaus, avec supplément poivrons, une quatre fromages pour Krokmou, une grande calzone pour April et moi. En discutant avec le pizzaïolo, qui m’a informé que j’aurais une petite quinzaine de minutes d’attente, j’obtiens même deux œufs dans notre pizza quand il apprend que c’est pour la partager. C’est bien la première fois que ça m’arrive, mais je vais pas m’en plaindre. Je finis par repartir avec mes trois pizzas, après lui avoir laissé un généreux pourboire - après tout, il était super sympa ce vieux monsieur - et je me mets en route pour rentrer.
En moins de cinq minutes, je me retrouve devant la porte de Klaus à laquelle je frappe, en espérant qu’il vienne m’ouvrir. Bon, j’y crois pas trop, mais on s’est jamais… Des fois April se précipite pour ouvrir, c’est mignon. Sauf qu’en effet, personne ne m’ouvre - April ne doit pas savoir que j’apporte des pizzas - et je me retrouve à jouer les équilibristes avec mes boîtes de pizzas pour extraire mon trousseau de clés de mon sac. J’arrive je sais pas trop comment à les récupérer et à ouvrir la porte sans créer de catastrophe ! Je referme derrière moi et m’avance vers le salon où je tombe sur Klaus armé d’une bouteille de limonade. Ah, je comprends mieux pourquoi j’ai dû me débrouiller, il était parti chercher à boire. Bon au moins, il est pas juste avachi sur son canapé - comme je m’attendais à le trouver - mais par contre, il a vraiment une sale tête… Le pauvre, ça a pas l’air d’aller très fort depuis hier. Remarque, je suis pas sûre d’être mieux, sans maquillage, à peine brossée et avec un simple t-shirt - on est loin de mon style habituel quoi.
- Salut Klaus, salut Krokmou !
Je me tourne vers la tête brune que je vois dépasser du dossier du canapé en saluant Linc puis je me dépêche d’aller vers la table pour poser mes cartons de pizzas. C’est pas tant que ça pèse lourd, mais je commence à avoir chaud à les porter depuis cinq minutes. Déchargée de mon fardeau, j’enlève mes chaussures puis je vais m’installer près d’eux, sur le fauteuil, ma place habituelle. Aussitôt, le plaid violet glisse du dossier pour venir se lover sur mes jambes. C’est trop mignon, on dirait un gros chat tout doux. Une fois confortablement installée, je jette un coup d'œil à Linc et je retiens une grimace. Lui aussi, il a une sale tête… C’est comme s’ils avaient passé une nuit blanche, ce qui est probablement le cas en réalité. J’ai un petit temps d’arrêt en entendant la question de Klaus. Ah d’accord… Donc le plan, c’est de faire comme si rien ne s’était passé ? Bon bah parfait. Sauf qu’il m’embête légèrement à sa question et comme je suis une très mauvaise menteuse, j’opte pour la vérité, ce qui me fait un peu rosir et regarder ailleurs.
- J’étais avec Ezra…
Et là, c’est le moment de noyer le poisson, donc je me dépêche d’enchaîner, sur un ton plus habituel, en reportant mon attention sur eux.
- Pourquoi vous avez insulté Kenny ? Il s’est trouvé un nouveau mec…? Et l’écoute pas Klaus, bien sûr que t’es pas low cost !
Même s’il n’a pas l’air vraiment vexé, je préfère le défendre, on sait jamais avec lui. Il est tellement flegmatique que ça se voit pas à tous les coups quand il est blessé par quelque chose. Bon, dans le cas présent, je doute que Kennedy ait pu le vexé parce qu’on a déjà plus ou moins statué tous les trois qu’il a des goûts terribles ! Sinon, pourquoi est-ce qu’il ne sortirait avec Linc au lieu d’enchaîner les mecs bidons ? Non parce que Krokmou est quand même beaucoup mieux !
Sujet: Re: Stay with me, I'm afraid of my soul [ft Klaus & Mallo] Mer 18 Aoû - 19:23
Lincoln Murphy
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J'habite à Londres depuis le : 27/03/2021 où j'ai posté : 2083 messages et accumulé : 498 points d'expérience. On dit que je ressemble à : Andy Biersack j'ai : 28 ans et ma situation sentimentale est : En couple avec la plus merveilleuse des chaussures ♥ J'incarne également : Le tonton de ma petite soeur, en quelque sorte, mon beau frère aussi aimable qu'une porte de prison, le frère de mon patron qui a l'air de sortir de bisounoursland, et l'adjoint de ma meilleure amie
Stats du Perso : Mon pouvoir / Ma compétence est: Memotransformation et mon niveau est de: 3 Malus: Oubli, mélange des souvenirs Artefact(s): 1 Copper Corn Ma 2eme compétence est: Investigation et mon niveau est: 3 Ma 3eme compétence est: rien et mon niveau est :: 0 Par rapport au rhume des pouvoirs :: Forme aggravée
On était tous les deux en train de fusionner avec le canapé en attendant l’arrivée de Mallory -qui jouait visiblement les livreuses de pizza à en croire ses SMS- lorsque je décidai de poser directement à Klaus la question qui me travaillait depuis la veille. Et sans grande surprise… mon imbécile de meilleur ami tourna la question à la rigolade. Rien de neuf sous le soleil.
- Hey, tu devrais être honoré que ma tête aille rouler bouler dans ton bordel !
Répliquai-je dans un haussement d’épaule. Raconter des conneries. Se faire charrier. Le charrier. Ca donnait un sentiment de normalité. Factice, certes. Comme si le monde ne s’était pas écroulé autour de nous. Ou sur nous, plus probablement. La beauté de la politique de l’autruche, c’était qu’elle était totalement pratiquable à plusieurs. Il suffisait d’avoir plusieurs trous, histoire d’être certain de ne pas croiser le regard des autres une fois la tête bien enfoncée sous terre.
Bon, au moins, au milieu des conneries, Klaus me confirmait bien que ce n’était pas moi qui avais sauté à la gorge de Leslie. Chose que je savais déjà, mais l’assertivité d’April m’avait déconcerté. Y avait des gamins qui adoraient raconter des histoires, des conneries, des petits mensonges, mais pas April. De quoi se poser pas mal de questions. Entre ça et mes trous de mémoire… Mais non, là je n’avais pas la force d’essayer de faire sens de tout ce bordel. En revanche il y avait une question me taraudait plus que les autres, et que je ne comptais pas garder pour moi. Je repensai soudainement à ce que T.K m’avait dit. Peut être que je ne laissais pas assez de portes ouvertes à Klaus pour qu’il s’exprime. Peut être qu’à force de me plaindre, je prenais toute la place. Alors je pris mon courage à deux mains, parce que je me doutais bien que la question n’allait pas franchement lui plaire, et je me jetai à l’eau, les yeux fixés sur lui, dans l’expectative. Le silence me répondit le premier. Puis le sourire de Klaus qui s’étira, sans raison, mais un sourire tout seul accompagné d’un long silence, c’était plus flippant qu’autre chose en fait. Klaus n’était jamais silencieux. Je sursautai en sentant un truc sur ma cuisse, baissant les yeux pour voir le coussin se… recroqueviller. Oui. Bon. Ca c’était la nouvelle normalité chez Klaus. Mais ce n’était probablement pas dénué de sens. Je relevai mes yeux vers Klaus, prêt à l’encourager à se confier s’il y avait quoique ce soit à confier, mais Mallory décida de mettre fin malgré elle aux non-confidences. Je le vis bondir du canapé (enfin bondir au ralenti, comme le paresseux de zootopia) pour aller lui ouvrir, alors qu’il savait autant que moi qu’elle avait les clefs. Ok. Donc il y avait bien quelque chose. Peut être pas grand chose, mais quelque chose quand même.
Je rangeai cette information dans un coin de ma tête sans trop savoir ce que j’allais en faire alors que mon meilleur ami bifurquait dans la cuisine l’air de rien, et que Mallory arrivait les bras chargés de victuailles. Elle a l’air moins en forme que d’habitude, elle aussi… Mais c’est peut être juste qu’elle s’est moins apprétée que d’ordinaire. Ceci étant dit, elle n’avait jamais eu besoin d’artifices pour être mignone.
- Salut Mallo.
La saluai-je à mon tour, forçant un peu sur la voix pour ne pas sonner plus fatigué que je ne l’étais vraiment. Bon je l’étais tellement que c’était pas bien difficile. J’initiai un mouvement pour l’aider avec sa pile de cartons mais elle était plus vive que moi et en moins de deux, elle se retrouva déchaussée et confortablement installée sur le fauteuil où elle prenait toujours place.
Klaus n’attendit pas 20 secondes avant d’embrayer sur des banalités, une de ses grandes spécialités. Et si je n’avais rien contre un peu de small talk -surtout que bon, c’était effectivement intéressant de savoir ce que notre rousse préférée avait fait de son après-midi, sans doute un peu moins de savoir qu’on s’était fritté avec Kennedy pour des broutilles- je ne perdais pas non plus de vue mon objectif consistant à demander à Mallory mes médicaments. J’avais déjà rongé mon frein tout l’après-midi parce que Klaus m’avait promis qu’elle passerait ce soir, mais je n’allais pas tenir bien longtemps. Déjà parce que ce sujet passait en boucle dans ma tête à m’en filer la migraine. Je fis néanmoins un effort pour ne pas juste me murer dans mon palais mental rempli de cachetons dansants et pour essayer de me concentrer sur la discussion de mes deux amis. Tiens ! Spillmaeker. J’aurais pas spécialement parié sur lui comme compagnon d’après-attentat mais enfin… Les attentats nous faisaient faire de drôles de choses, pour sûr.
- Ca va… mieux avec lui ?
Demandai-je, la formulation la plus neutre possible pour ne pas trop fermer la discussion ou l’orienter. Mon avis sur Ezra était… disons… en demie-teinte. Forcément, en sachant l’état dans lequel il avait mis Mallory, c’était compliqué de ne pas un peu lui en vouloir. Même si elle s’acharnait à nous dire que c’était elle qui avait mal compris, parce qu’elle était comme ça notre Mallo, un vrai coeur d’artichaut. Moi je maintenais que y avait pas de fumée sans feu et qu’il devait être au moins un minimum fautif. Mais comme fustiger les gens n’était pas dans les loisirs et que je savais que le gus avait aussi quelques qualités bien cachées, je m’abstenais généralement de jugement de valeur. De toute façon, ce n’était pas comme si ça lui faisait du bien qu’on casse du sucre sur son dos, donc bon.
Sauf que visiblement le chapitre Ezra était vraiment très court, et la discussion dériva rapidement sur Kennedy. La question de Mallory me tira un sourire amer.
- Alors oui, il s’est trouvé un nouveau mec, mais c’est pas pour ça qu’on s’est pris le chou. Je me suis énervé parce que cette andouille s’est endormi sans même m’envoyer un SMS pour me dire qu’il allait bien et j’ai passé une nuit blanche à me faire un sang d’encre parce que je savais pas s’il était vivant. C’était pas comme si on sortait tout juste d’un attentat quoi…
Même si la dispute s’était dissipée, ma voix était encore tendue comme un fil rien qu’en repensant à tout ça. Il fallait aussi dire que c’était trop récent pour en parler avec du recul. Autant l’attentat que la dispute, d’ailleurs. Même s’il fallait admettre que depuis quelques temps, les disputes avec Kenny se multipliaient un peu. Depuis que j’avais récupéré ses souvenirs de l’agression en fait. Ca avait creusé un espèce de fossé entre nous et comme on était tous les deux des gens d’handicapés de la communication, nécessairement, ça compliquait tout.
- Enfin bref. J’ai essayé de lui expliquer pourquoi ça m’énervait, et il m’a directement tapé une nouvelle crise de jalousie vis à vis de Klaus, autant te dire que c’est pas trop passé de mon côté… Et ça a fini en Klaus qui lui a envoyé un SMS pour lui dire que son cul était pas low cost.
Je ponctuai ma phrase d’un sourire un peu forcé. Bon. Pendant que je racontais tout ça, au moins, je me prenais pas le chou avec les cachets hein. Mais c’était quand même pas exactement un sujet de conversation agréable. Quelque chose me disait qu’on allait probablement sortir les rames pour en trouver étant donné les évènements récents…
- Comme tu peux le voir, on ne s’est pas ennuyés !
conclus-je, crispant un peu mes doigts sur mes genoux que je venais de ramener en tailleurs devant moi. La clôture de ce chapitre là avait mis un peu plus de temps, mais avait réveillé un malaise en moi. Est-ce que c’était le bon moment pour aborder le sujet que j’avais au bord des lèvres ? C’était quand même pas très sympa de lui sauter dessus à peine arrivée. J’avais pas non plus envie de lui donner l’impression que ma seule motivation à la voir, c’était ce bins là. Parce que c’était faux. Même si là, je devais bien admettre avoir du mal à penser à autre chose. En fait c’était même littéralement mission impossible. Pinçant les lèvres, déçu de mon propre aveu de faiblesse que je m’apprétais à faire, je me résignai à mettre les pieds dans le plat. De toute façon, faire autre chose aurait était de la pure hypocrisie.
- Mallo, je suis désolé de te demander ça de but en blanc mais… est-ce que je peux récupérer la boîte de médicaments que tu as prise pendant les… hier ? J’me sens pas super bien, et ça m’aiderait.
Voilà, c’était dit. Tout n’était pas dit, mais j’avais au moins été honnête. J’avais omis de détailler l’état de manque et la nature des médicaments et tout le reste, mais bon. C’était pas facile d’en parler en même temps. De manière générale, parler de ses problèmes, ce n’était jamais facile. Alors quand la honte venait se mêler au reste… Pourtant j’avais vraiment rarement honte avec Klaus et Mallory. Ils connaissaient tous les détails peu glorieux -parfois pathétiques- de mon histoire avec Kenny. Mais là, c’était autre chose.
Vanka
Sujet: Re: Stay with me, I'm afraid of my soul [ft Klaus & Mallo] Dim 12 Sep - 17:49
Klaus Morgan
Infirmier
J'habite à Londres depuis le : 01/05/2021 où j'ai posté : 1214 messages et accumulé : 399 points d'expérience. On dit que je ressemble à : Lee Jong Suk j'ai : 28 ans et ma situation sentimentale est : je sors avec le mec le plus sexy de l'univers, deal with it :D J'incarne également : Un machin bouché, un cœur guimauve, un fusil de précision, le futur roi du monde et une pile électrique
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Stay with me, I'm afraid of my soul
Klaus & Link & Mallory
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Ce qui est bien, avec Mallory, c’est qu’on peut toujours compter sur elle pour aider, même quand elle est pas au courant qu’un truc cloche. Klaus lui en aurait collé un gros poutou bruyant sur la joue, s’il avait pas été en train de se servir un grand verre de limonade - et ça, c’est juste parce qu’il y a des témoins et qu’il essaie de paraître un minimum civilisé, sinon il aurait bu direct au goulot. Bon, il a échappé à la question piège ! Non parce qu’il a pas mis autant d’énergie à se convaincre que tout allait bien pour qu’on vienne lui agiter ses soucis sous le nez. Les SHincDayZ, c’est passé, il a laissé cette soirée de l’enfer derrière lui… qu’est-ce qui pourrait arriver de pas bien, maintenant, hein ? O.K., certes, il est partisan du “on peut toujours faire pire” mais juste… pas aujourd’hui. Ouais, voilà, aujourd’hui c’est dimanche, et le dimanche c’est jour de repos, même pour les problèmes. En plus, ils ont droit à des pizzas, c’est bien, les pizzas ! Que demander de plus ? Un strip-teaseur sexy, peut-être. M’enfin faut pas trop pousser, non plus. Depuis le comptoir, il jette un coup d'œil aux cartons comme s’il pouvait regarder par transparence à l’intérieur. Il doute fortement que Mallory ait réellement pris une pizza anchois-ananas à Linc - si c’est le cas, il plaint vraiment son ami d’avance, berk - mais il aura pas la confirmation tout de suite. Bah, au moins ça l’a fait rire ! Il descend son verre en déblatérant des futilités - c’est bien, ça, les futilités, c’est sûr et rassurant - alors que la rousse s’installe à sa place fétiche.
Y’a pas à dire, ils offrent un tableau magnifique ! Trois zombies dans un salon. Hé, ça fait le début d’une mauvaise blague. Il devrait réfléchir à une suite, tiens. Mais plus tard, la flemme, là. Il a bien le droit, il est crevé. En tout cas, il s’attarde pas plus que ça sur la tenue simple de sa cousine, même si c’est inhabituel qu’elle sorte comme ça - d’habitude, il la voit dans cette tenue quand il squatte chez elle ou qu’elle débarque dans la soirée. Étouffant un bâillement, il traîne ses pantoufles et sa carcasse jusqu’au canapé où il se trouvait avant sa pause-prétexte limonade. Ah ouais, au fait, il aurait pu en proposer… Bah, tant pis. Il est à deux doigts de signaler à son amie qu’elle peut virer le plaid envahissant qui vient réclamer des câlins - sérieux, comment elle fait ? il crève déjà de chaud, lui, avec ses manches longues, alors un PLAID, doux ou pas, il le dégagerait à sa place ! - mais celle-ci le prend de vitesse en répondant à sa question, lui faisant relever la tête, très intéressé. Malheureusement, elle n’a pas l’air très disposée à en parler plus en détails et la conversation s’éloigne vite de Spillmaeker numéro deux - le premier étant le plus sexy, évidemment - même si Linc fait une tentative en douce pour ramener le sujet sur le tapis. ça, c’est un vrai bro qui sait y faire !
- Ah bah non, j’suis même de première qualité, moi, madame ! se sent-il obligé de préciser en bombant fièrement le torse, la main sur la poitrine, dans une parodie de fierté.
Bien sûr, ce serait plus exact de parler de produit de seconde main, mais ça, il le garde pour lui. Pourquoi son cerveau se fait un devoir de lui rappeler ça ? Sadique. Maintenant en plus d’être vaguement mal à l’aise pour des raisons qu’il prend soin d’éviter, il a encore un goût amer dans la bouche. Et c’est pas la limonade, hein. Maiiiiis c’est pas grave parce que tout va bien et qu’ils sont tous les trois à papoter, et ça c’est cool. Klaus se renfonce confortablement contre le dossier du sofa en se vautrant, son Tupperware de kimchi à portée de main, écoutant Linc raconter leur après-midi un sourire réjoui aux lèvres. Bon, c’est sûr, dit comme ça, ça fait pas très sympa… Mais lui, il est plutôt ravi quand Kenny merde. Un Kenny qui boude est un Kenny absent, et un Kenny absent, ça signifie un Linc tout pour lui. Alors oui… une part de lui est désolée pour son ami. Non seulement c’est triste de se friter avec le gars qu’on aime juste parce qu’on est inquiet, mais en plus, il hérite d’un pote égoïste et trou du cul pour se consoler. Heureusement que Mallory est là. Il avait dit quoi, lui déjà ? Pensées positives ? Ah ouais. Go positif. Ne pas s’attarder sur ce qu’il vaut comme soutien, ce genre de choses… Son cul, voilà, très bien, ça. Il remercie mentalement Linc pour cette conclusion qui le fait pouffer comme un gamin fier de sa blague de Toto qui va aux toilettes.
- Et April a fait des maths. C’est étonnant, hein ? plaisante-t-il avec légèreté.
Elle a aussi fait passer un interrogatoire à son grand frère auto-déclaré. Détail. C’est pas si grave, si c’est le seul choc qu’elle garde des attentats, c’est qu’elle s’en tire pas trop mal… Et le fait qu’elle ait commencé à soutenir mordicus qu’elle avait raison et que Linc avait ouvert les hostilités avant l’explosion c’était… bah… pfff. Rien, voilà voilà. Juste une enfant de cinq ans, ça arrive à cet âge de divaguer, même à elle et au pire, ça va pas bouleverser sa vie. Tant que ça se reproduit pas… Il en a marre de ce malaise persistant. Pourquoi il peut juste pas se changer les idées ? Il va penser aux pizzas. Ce serait bête de les manger froides ! Autant proposer de les entamer. En plus, ça va rameuter sa souris et voir sa trogne, ça lui fera penser à autre chose. Pis ça lui évitera de zyeuter son ami du coin de l'œil toutes les deux secondes.
Sauf que non. L’intéressé a pas l’air très décidé à parler pizzas, lui. Quand il ouvre la bouche, Klaus sait d’avance ce qui va se passer. Pourquoi il le devine ? Peut-être l’habitude. L’expérience. La crispation de Linc. Son ton. Est-ce que ça a de l’importance ? Non. Non, non, aucune, là, il s’en fout. Il se fige juste, une main glacée se refermant sur son cœur avec violence. Il a l’impression qu’on vient de lui geler son sang. C’est malaisant, comme sensation. Le malaise qu’il ressent depuis la veille augmente encore comme si quelqu’un avait appuyé sur un bouton pour ouvrir des vannes invisibles. Il s’était pourtant efforcé de rien voir. De faire semblant de pas comprendre. D’oublier tous les signes qu’il connait un peu trop bien. L’irritation, les muscles crispés, l’agitation, aussi. Les insomnies. ça signifie rien, hein ? ça peut arriver pour plein de raisons. Mais cette question… Cette question, elle lui reste en travers de la gorge. Elle lui donne la nausée. Il ramène ses genoux contre lui et pose sa tête dessus, enroulant ses bras autour pour empêcher ses mains de trembler. Il s’en serait rendu compte, non ? Il peut pas avoir… Non. Il peut pas être passé à côté de ça. Pas lui. Pas avec ses antécédents. Il peut pas être à ce point à côté de la plaque. Il le sait, que c’est pas toujours évident à repérer. Sans blague. Bien sûr qu’il le sait. Mais c’est précisément pour ça qu’il l’aurait réalisé si y’avait eu un truc. Donc c’est pas possible. C’est pas possible.
La télé s’allume brusquement avant de s’éteindre, puis de se rallumer dans un ballet sonore et visuel aussi chaotique que nerveux. Merde. Klaus maudit son pouvoir qui fait déteindre son humeur partout. Son stress et son trouble montent d’un cran. Le sang lui monte plus au visage, c’est sûr, il se sent tout engourdi. Engourdi par un marasme nauséeux et anxiogène. Non. Non, non. Passer à autre chose. Pas s’attarder sur ça. Il saute sur ses jambes et en deux enjambées, rejoint la télé qu’il débranche brusquement. Et si sa chaine hi-fi se met à faire pareil, elle va subir le même traitement. Mais ce serait flag. Ce serait trop flag. Faut qu’il se calme. Qu’il ait l’air naturel.
- Oh bah t’aurais dû m’le dire ! J’en ai des médocs, moi, claironne-t-il.
C’est pas totalement faux, il a des dolipranes légers pour April et… peut-être des vieux trucs de quand elle était malade. Rien d’adapté aux adultes. C’est con pour un infirmier, mais Klaus évite d’en avoir chez lui. ça le fout mal, l’idée d’avoir des médicaments sous la main. On y pense pas, mais ouais, lui il oublie pas. Un médocs, ça peut rendre accro. T’en prends un, puis un autre et un autre et ça l’angoisse. Avoir des trucs qui pourraient le faire replonger, ça l’angoisse. C’est pour ça qu’il a qu’une seule et unique bouteille d’alcool chez lui, sa liqueur de prune, qui fait à peine un demi-litre et qu’il boit avec une parcimonie qui frise la paranoïa. Qu’il achète jamais de médicaments pour lui et surtout pas des somnifères, peu importe à quel point il dort mal. A une époque, il envisageait même d’arrêter la glace par peur de développer une addiction. Il a qu’une seule exception à sa chasse aux produits addictifs et là, il en a besoin. Il sait que c’est mal, qu’il devrait pas, mais il faut qu’il se calme.
Il profite d’être debout pour contourner le canapé et ouvrir un tiroir de sa vieille commode. Derrière les sachets d’élastiques, les paquets de factures, ses portables volés et ses stylos, tout au fond, il attrape le paquet rose bonbon de cigarettes goût cerise. ça, c’est autant son filet de sécurité que son épée de Damoclès. Il en fume une de temps en temps, très rarement, quand tout dérape, que son cœur s’emballe sans qu’il arrive à le calmer, que le monde tourne trop vite, que la peur lui mange l’estomac ou que la solitude de la nuit l’écrase trop violemment. Quand il sait qu’il pourrait faire un truc qu’il regretterait, aussi. Il se sort une cigarette, aussi fuschia que la petite boîte de carton les contenant, prend un briquet et va se poster à la fenêtre ouverte pour l’allumer avant de la porter à ses lèvres. Il essaie de pas faire gaffe à ses doigts qui tremblent. Il se concentre sur la sensation de la fumée qui tourne dans sa bouche. Sur le goût à la fois sucré et âcre. Sur la chaleur. Putain qu’il a chaud. C’est le seul et unique inconvénient à la présence de Linc et Mallo chez lui : pas pouvoir se mettre torse nu ou en manches courtes.
Voilà. Une taffe après l’autre, tranquillement. Penser à rien. Se détendre. Après une petite minute, il arrive enfin à reposer les yeux sur ses amis. Il aurait préféré pas fumer devant eux. Il est pas sûr de l’avoir déjà fait… m’enfin il a bien le droit. Puis il est pas question de ça, pour l’instant. Juste de médicaments. Et Klaus doit se monter la tête. Il se fait paniquer tout seul pour rien. Linc est simplement crevé, mal, c’est tout. Y’a pas mort d’homme.
- C’était quoi au juste, comme médocs ? demande-t-il l’air de rien. Je peux te trouver l’équivalent. C’est quoi, le principe actif ? Du paracétamol ?
C’est innocent, le paracétamol. Bon, sauf pour le foie, mais pour ça, faut vraiment en prendre des tonnes… Et il a jamais vu Linc en consommer, si ? Enfin ça lui dit rien.
:copyright: Aelyne
Sujet: Re: Stay with me, I'm afraid of my soul [ft Klaus & Mallo] Jeu 16 Sep - 22:24
Mallory Crowley
Directrice du Bien Être (SHinc)
J'habite à Londres depuis le : 17/04/2021 où j'ai posté : 3342 messages et accumulé : 715 points d'expérience. On dit que je ressemble à : Katherine McNamara j'ai : 27 ans et ma situation sentimentale est : en couple avec Ezra ♥ J'incarne également : Alec, Kylie, Benoît et Gabriel
Stats du Perso : Mon pouvoir / Ma compétence est: vision hors du commun et mon niveau est de: 3 Malus: Artefact(s): T-shirt SHinc officiel, 1 jolie tuture rose Ma 2eme compétence est: Optimisme et mon niveau est: 1 Ma 3eme compétence est: rien et mon niveau est :: 0 Par rapport au rhume des pouvoirs :: Epargné(e) / Non concerné(e)
Stay with me, i'm afraid of my soul
On va pas se mentir, en arrivant chez Klaus, je m’attendais pas à tomber sur mes deux amis pétant la forme, mais c’était pas pour autant que je pensais trouver deux zombies. Est-ce qu’ils ont dormi cette nuit ? J’ai de sérieux doutes… D’un autre côté, je peux pas leur en vouloir, c’est compliqué de dormir après un traumatisme et ce qu’on a vécu hier tous les trois - et des centaines d’autres personnes - c’était pas rien. Si j’ai réussi à me sortir à peu près tout ça de la tête cette après-midi, je suis pas sûre que ce soit leur cas. Surtout que j’ai pensé à autre chose parce que je m’inquiétais pour une des deux andouilles que j’ai en face de moi. Et parce que Ezra, aussi, c’est quand même non négligeable. Genre, pas du tout, en fait, parce que quand il est là, ou que je pense - trop souvent - à lui, il occulte tout le reste, ou presque, et je me focalise que sur lui. C’est à la fois salvateur, comme cette après-midi, et toxique, parce que c’est pas comme ça que je vais passer à autre chose. Même si je commence sérieusement à douter d’en avoir ne serait-ce qu’envie mais là c’est une autre question. Et pas le moment. J’ai pas envie de penser à Ezra, là, ou de me prendre la tête sur notre non-relation indéfinie, je suis là pour profiter de deux de mes meilleurs amis, c’est tout. Sauf que comme mon cœur et mon cerveau ont pas l’air de vouloir être d’accord avec moi, je finis par lâcher le nom que je voulais éviter quand on me demande ce que j’ai fait cet aprem. Génial… Le pire, c’est que j’ai même pas réfléchi avant de le faire ! Si ça c’est pas un signe que je suis un cas désespéré… Du coup, fatalement, l’évocation de son prénom fait venir les questions, et encore, je m’en sors bien, vu que j’en ai qu’une seule de Krokmou, ça aurait pu être pire. Quoique...je suis pas sûre que Klaus soit en état de harceler quelqu’un pour avoir des infos alors j’imagine que ça aide… Je finis quand même par répondre à la question de Linc, en restant évasive.
- Je crois…
En même temps, qu’est-ce que je pourrais lui dire d’autre ? Qu’on est dans une espèce de trêve de je-sais-même-quoi parce que je m’inquiète pour lui à cause de ces putains de médicaments sortis de nulle part au milieu de l’enfer qu’était la journée d’hier ? Oui, très bonne idée, Mallo, vraiment ! Non, autant rester vague et passer à autre chose. En plus, c’est pas comme si j’avais beaucoup d’efforts à faire pour que la conversation dévie, et c’est très bien ! Je préfère écouter Krokmou me raconter pourquoi il s’est disputé avec Kenny que de parler du détective qui hante mes pensées depuis dix mois. Oui, j’ai compté, et oui, je sais, c’est pitoyable, mais je me préoccuperais de ça un autre jour. Je fronce les sourcils en apprenant que Kennedy s’est trouvé un nouveau mec - sérieux, il les enchaîne quoi ! - mais que ce n’est pas le sujet de la dispute. Ah ? Ah oui, je comprends mieux avec l’explication de Linc et je lui adresse une grimace compatissante. C’est pas cool qu’il ait passé la nuit à s’inquiéter pour lui… Mais du coup, je comprends un peu mieux sa tête de zombie pas frais quoi. Je l’écoute terminer son histoire et j’esquisse un sourire amusé, même s’il est pas aussi grand que d’habitude - la faute à la fatigue ça. - Du grand Klaus quoi !
En parlant de lui, il se sent obligé de ramener sa fraise et d’avoir le dernier, m’arrachant un petit rire au passage. Il dure pas longtemps, mais au moins, il fait du bien. Je souris de nouveau quand il parle d’April. C’est beau de voir que certaines choses ne changent pas, même le lendemain de l’apocalypse. Merci à cette petite puce d’être notre repère fixe dans ce monde de fou.
- Et du grand April ! Au moins, elle s’est pas ennuyée !
Et ça veut dire qu’elle va bien et qu’elle est pas trop marquée par les évènements de la veille. Ce qui, franchement, me rassure énormément ! J’avais un peu peur de l’état dans lequel on allait la retrouver, après tout, elle n’a que cinq ans, mais ça a l’air d’aller alors c’est le principal. Surtout que rien ne va, au final, ici. Si la conversation peut paraître banale, le ton est loin de celui de d’habitude et les visages fatigués de Klaus et Linc m’inquiètent plus que je ne le voudrais, surtout Linc. Je le vois se mettre en tailleur, tout crispé, puis pincer les lèvres, ce qui n’augure rien de bon. Et finalement, il finit par me demander les médicaments que j’ai confisqué la veille et moi, j’ai l’impression qu’une enclume vient de me tomber dans l’estomac. Parce qu’il vient de tuer une partie de mes espoirs, ceux qui pensaient encore naïvement que c’était juste des anti-douleurs ou quelque chose comme ça. Parce que ça peut pas être le cas. Il vit à mi-temps avec un infirmier ! S’il avait voulu des médicaments, il aurait pu lui en demander ! Mais non, c’est ceux du SHinc qu’il veut… Et je suis sûre que ça a rien à voir avec le vide qu’est l’armoire à pharmacie de Klaus, parce qu’en cas de besoin, j’ai ce qu’il faut moi.
Il dit qu’il se sent pas super bien, et je le crois sur parole, c’est écrit sur son visage ça, mais ça me dit pas non plus ce qu’il a ! Je l’observe, le dévisage, comme si ça pouvait m’aider à comprendre, comme si les réponses allaient apparaître d’elle-même, mais non. A la place, on a juste la télé de Klaus qui s’allume toute seule et qui me fait sursauter et lâcher un petit cri - ce qui effraie le plaid qui se roule en boule dans un coin du fauteuil. Ok, c’est courant ce genre de trucs chez mon voisin depuis quelques semaines, mais je m’y attendais pas quand même et avec hier… Apparemment, je suis plus à cran que ce que je voulais bien admettre. Génial… Klaus, qui avait ramené ses genoux contre lui jusqu’à former une boule, comme un cocon protecteur, bondit sur ses pieds et rejoint la télé en deux pas, sous mes yeux ébahis. Je l’ai rarement vu aussi vif ! Et au lieu de retourner s’asseoir comme il l’aurait fait dans 90% des cas, il contourne le canapé. Pendant une seconde, je pense que c’est pour attraper les pizzas, pour changer grossièrement de sujet, mais non. A la place, il ouvre le tiroir d’une commode et farfouille à l’intérieur jusqu’à en sortir un paquet rose que je n’arrive pas à identifier de là où je suis. Une nouvelle merde qui s’apprête à nous tomber dessus ou juste un truc inoffensif ? Il continue sur sa lancée d’hyperactivité - enfin pour Klaus, quoi - et rejoint la fenêtre. Ce n’est que là que je comprends ce qu’est la fameuse boîte rose, parce qu’il sort une cigarette - tout aussi rose, c’est bizarre - du paquet et il embrase le bout à l’aide d’un briquet.
Bordel… La situation est clairement pire que ce que je pensais. Je suis tombée dans une nouvelle dimension ou quoi ? Parce que franchement, si April sortait de sa chambre avec deux couettes, une robe rose à nœuds, en chantonnant et en jouant à la poupée, je crois que ce serait le truc le moins choquant de cet appart ! Mes yeux font la navette entre Lincoln, qui a l’air au bord du gouffre, et Klaus, qui fume le plus naturellement du monde à sa fenêtre. Et moi… Moi, je sais pas quoi faire. Moi, j’ai la gorge nouée de les voir dans cet état. Moi, j’ai les yeux qui me picotent de larmes contenues que je retiens du mieux que je peux. Moi, je m’efforce de pas craquer, parce que c’est pas ce qu’il leur faut. Parce que j’ai envie de les aider et que je refuse de les abandonner. Même si j’ai envie de hurler. Même si j’ai envie de retourner d’où je viens, dans le bureau d’Ezra, où le monde était comme figé. J’ai l’impression de nager en plein cauchemar, le genre où des situations toutes plus merdiques les unes que les autres s’enchaînent, sans raison logique, et qu’on peut juste courir pour essayer de s’en sortir. Si j’étais dans un de ces rêves, c’est le moment que choisirait un tueur fou pour débarquer avec une hache, une tronçonneuse ou une petite cuillère. Mais là, c’est la réalité, et rien de tout ça n’arrive - heureusement - mais ça veut aussi dire que je ne peux pas me réveiller pour que tout aille mieux.
Je prends plusieurs longues inspirations, pour me calmer, pour refouler les sanglots qui me compriment la gorge. L’avantage, c’est que ça marche, je vais pas fondre en larmes au milieu du salon de Klaus, mais je sais toujours pas quoi faire. Le fumeur finit par ouvrir la bouche, avec sa nonchalance habituelle - sauf qu’elle est feinte là - pour demander à Linc ce que c’était comme médicament. A cette question, mon ventre se tord un peu plus, parce que je doute que la réponse soit du paracétamol ou de l’aspirine. Pourtant, qu’est-ce que j’aurais préféré ! Bon, allez, bouge toi, Mallo ! Tu peux pas faire la carpe toute la soirée ! Après une nouvelle inspiration, plus tremblante que les précédentes, je finis par sortir de mon mutisme, en détachant mon regard de Klaus pour le poser sur Linc. Une chose à la fois, c’est comme ça qu’on s’en sort, c’est ce que j’ai appris dans mon boulot. Les problèmes semblent moins importants quand ils sont pris importants et le tout semble plus surmontable. Là, clairement, j’ai l’impression de devoir escalader plusieurs montagnes en tong et bikini mais c’est une autre histoire. - Je suis désolée Linc mais… je les ai plus…
J’évite de lui dire que je les ai confiés à Ezra. Peut-être qu’il insistera pas, qu’il pensera que je les ai perdu dans la cohue d’hier et que tout va s’arranger miraculeusement. J’ai de gros doutes, mais espérer, ça n’a jamais fait de mal à personne, si ? La réponse me revient comme un boomerang en pleine figure : bien sûr que si. Je le sais même très bien puisque je me suis pris un retour de bâton violent il y a quelques mois à cause d’un espoir infondé… Génial, c’est bien le moment de penser à ça ! Merci petit cerveau inutile et sadique… Je chasse tout ça de mon esprit, du mieux que je peux, et je tourne la tête vers Klaus. Un problème à la fois, j’ai dit ! Et Ezra ne fait absolument pas partie des urgences à traiter !
- Depuis quand tu fumes, toi ?
Ma question a un peu l’air d’une accusation et je m’en veux aussitôt. C’était pas ce que je voulais dire. Enfin si, mais pas comme ça ! Merde quoi ! Klaus a déjà l’air au fond du trou - un peu au-dessus de Linc quand même - j’ai pas envie de l’enfoncer avec ma maladresse !! Payes ton amie en carton quoi… Du coup, je m’empresse de continuer de parler, comme si ça pouvait noyer le poisson et faire oublier ma question à l’infirmier. Pitié, faites qu’il ne m’en veuille pas trop quand même…
- Je crois pas que tu trouveras l’équivalent… C’était des médicaments fournis par le SHinc, non ? A quoi ils servent ?
En parlant, je tourne la tête vers Linc, dans l’espoir d’avoir une réponse construite - et rassurante. J’ai conscience que Klaus vient de lui poser la question et que ça fait redite mais tant pis, j’essaie de faire au mieux là, et franchement, c’est pas évident avec ces signes annonciateurs d’un monde qui va s’écrouler bientôt…
Sujet: Re: Stay with me, I'm afraid of my soul [ft Klaus & Mallo] Dim 14 Nov - 16:16
Lincoln Murphy
Fantôme hantant le forum - Ouuuuh....
J'habite à Londres depuis le : 27/03/2021 où j'ai posté : 2083 messages et accumulé : 498 points d'expérience. On dit que je ressemble à : Andy Biersack j'ai : 28 ans et ma situation sentimentale est : En couple avec la plus merveilleuse des chaussures ♥ J'incarne également : Le tonton de ma petite soeur, en quelque sorte, mon beau frère aussi aimable qu'une porte de prison, le frère de mon patron qui a l'air de sortir de bisounoursland, et l'adjoint de ma meilleure amie
Stats du Perso : Mon pouvoir / Ma compétence est: Memotransformation et mon niveau est de: 3 Malus: Oubli, mélange des souvenirs Artefact(s): 1 Copper Corn Ma 2eme compétence est: Investigation et mon niveau est: 3 Ma 3eme compétence est: rien et mon niveau est :: 0 Par rapport au rhume des pouvoirs :: Forme aggravée
I’m a afraid of my soul, blackened and left in control
J’adorais Mallory, vraiment, mais pour le coup, on pouvait dire que la miss avait eu le pire timing sur terre. Bon. Si elle n’avait pas toqué pile au moment où Klaus avait dû me répondre, j’étais sûr à 200% que mon meilleur ami aurait trouvé une autre pirouette pour éviter le sujet, alors dans le fond… L’issue aurait sans doute était la même. Je ravalai mon inquiétude, la rangeant dans un coin de ma tête, avec beaucoup d’autres choses étiquetées “il faudra bien s’en occuper à un moment”.
Sans trop de surprise, la conversation s’orienta rapidement sur du chitchat à peu près léger et pas trop prise de tête. Enfin c’était tout relatif, parce que parler d’Ezra, c’était un peu à double tranchant. Ca pouvait occasionnellement être léger, mais de temps à autre, c’était aussi un peu un remue-tout pour la jolie rouquine. A tout hasard, je me permis quand même de creuser un peu la question. Si elle voulait en parler, comme ça elle avait la perche. Et si elle préférait ne pas le faire, Mallo savait qu’on ne se formaliserait pas d’un détournement de conversation pas subtile. Son “je crois” voulait d’ailleurs tout dire. Elle répondait, pour être polie, mais elle ne voulait pas s’éterniser sur le sujet. J’hochai doucement la tête, pour signaler que le message était passé, et on enchaîna sur autre chose. En l’occurence, notre après-midi, à Klaus et moi. Qui était vraiment loin d’être passionnante, mais enfin… Après les évènements récents, on n’avait pas besoin de trucs passionnants, juste de trucs calmes et réconfortants. Et oui, bitcher sur le comportement égoïste de Kennedy, c’était réconfortant, par exemple. Enfin moi, ça m’agaçait d’y repenser, mais Klaus avait son sourire de sale gosse sur les lèvres, signe que ça l’amusait particulièrement. Et je n’avais pas envie de gâcher son amusement, alors je mis de côté mon irritation encore un peu trop vive. De toute façon je n’étais pas dans mon état normal, alors je savais que je n’étais pas l’objectivité incarnée sur le sujet.
Sujet que Klaus balaya en complétant mon superbe récit avec les aventures d’April au pays des maths. Je lui jetai un regard en coin, me demandant s’il allait mentionner l’AUTRE sujet concernant April. Mais non. Potentiel sujet à problème, donc sujet évité, sans trop de surprise. On en avait un peu parlé tous les deux, mais Klaus s’était contenté de le noyer sous une couche d’humour. Il n’empêchait que moi, ça m’inquiétait un peu. Parce que si moi je perdais pas la boule, c’était qu’April la perdait, et ce n’était pas franchement une meilleure nouvelle.
- Oui si elle n’avait pas fait de maths, on se serait tous inquiétés...
Répondis-je dans un sourire pas 100% convaincant. Bah oui parce que bon, maths ou pas, moi ça m’inquiétait cette affaire. Et quelque chose me disait que je ne devais pas être le seul, c’était juste que personne n’avait envie de pointer du doigt l’éléphant au milieu du salon. En d’autres circonstances, j’aurais pu le faire, mais là, on était tous épuisés, et pas que physiquement, alors je n’avais pas envie d’être celui qui enlevait le bout de bois en trop dans la tour de Jenga.
Ca… et le fait que j’avais clairement autre chose qui tournait en boucle dans ma tête, là tout de suite. Bon sang ça m’écoeurait de ramener ça sur le tapis, comme ça, comme un pauvre type obnubilé par ses médicaments. Mais c’était plus fort que moi. Dès que j’essayais de reporter mon attention sur quelque chose, ça revenait, plus fort, plus insistant. Comme une petite voix qui me répétait “Oui, oui, fascinant… et les médocs, sinon ?”. Insupportable. Il fallait que je fasse sortir ça de ma tête, sinon ça allait me rendre dingue, je le sentais bien.
Ce fut donc avec un air piteux au possible que je mis les deux pieds dans le plat, demandant directement à Mallory de me rendre mes cachets. Je n’en étais pas fier, mais je connaissais suffisamment mes limites pour savoir quand je pouvais les repousser encore un peu et quand il fallait se rendre à l’évidence, et capituler. De toute façon, mon expression devait parler pour moi. J’étais juste à bout. Et le fait de le vocaliser de la sorte, de l’admettre, avait dévoré mes dernières forces pour continuer à prétendre. Mallory et Klaus, je les connais depuis un moment, maintenant. Ce sont des amis précieux, des gens de confiance, des gens à qui j’aime me dire que je n’ai rien à cacher, avec qui je peux être moi-même, dans les bons comme les mauvais moments. Mais là… là même devant eux j’ai honte. J’ai l’impression d’être vraiment misérable, vraiment indigne. Vraiment égoïste de n’avoir que ces fichus cachetons en tête alors que rien ne va dans le monde. Je gardais le dos bien droit malgré l’envie de me recroqueviller sur moi-même. Non Lincoln, ais au moins le courage de garder la tête haute, de ne pas te ratatiner dans l’espoir que ça minimisera ce que tu viens de demander.
A côté de moi, je sentis Klaus qui remuait, mais mes yeux restaient dardés sur Mallory, guettant sa réaction avec un mélange d’espoir et d’appréhension. Espoir qu’elle ait ramené ces fichus médocs, me les rendent, et que ce cauchemar tout juste commencé ne s’achève avant d’avoir fait trop de dégats. Appréhension de ce que j’allais lire dans son regard lorsqu’elle réaliserait l’ampleur du problème. Mallory était une femme intelligente. Nul doute qu’elle ne comprendrait ce que ma demande dissimulait à peine. Idem pour Klaus. J’étais allé trop loin pour prétendre qu’il n’y avait rien, je le savais bien. Ses yeux me semblaient particulièrement perçant, particulièrement clairvoyants, alors qu’elle m’observait sans rien dire.
Le silence et le malaise ambiant que je venais clairement de jeter étaient tels que lorsque la télévision s’alluma brusquement, elle me fit sursauter. Et je n’étais d’ailleurs pas le seul, la rouquine en lâcha même un petit cri. Par réflexe, je tournai mon regard vers Klaus. Il était prostré et crispé autant que moi, si ce n’était plus. Mes yeux sur lui avaient du peser trop lourd, car je le vis bondir comme un beau diable en direction de la télévision, comme pour y échapper, le regardant arracher le câble d’alimentation, la gorge serrée. Quelque chose clochait chez Klaus. Et sa façon de me tourner le dos quelle que soit sa position pour échapper à mes yeux me disait que j’y étais sûrement pour beaucoup.
J’esquissai néanmoins un sourire aussi maladroit que peu convaincant à son commentaire qui se voulait sans doute léger.
- Pas vraiment non...
Commentai-je, me rappelant encore la croix et la bannière la fois où je m’étais foulé le gros orteil et où la douleur m’avait maintenu éveillé toute la nuit, et pas un fichu anti douleur digne de ce nom pour me soulager dans la trousse de secours de Klaus. Je continuai de le suivre des yeux, d’une part parce que ça m’évitait de continuer de soutenir le regard lucide de mon amie, et aussi parce que j’étais un peu curieux de voir ce qui parvenait à réveiller une énergie si rare chez mon colocataire, pour le voir sortir un paquet de cigarettes d’un fourre-tout absolu et aller s’en griller une à la fenêtre. Je restai un moment muet comme une carpe, les yeux un peu arrondis sans qu’ils ne soient franchement écarquillés. Depuis quand est-ce que Klaus fumait ? Je vivais avec lui, quand même, et pourtant j’étais certain de ne l’avoir jamais vu fumer. Et cette découverte éveilla un grand malaise en moi. Parce que ce n’était pas anodin, quand même, le tabac. On n’était pas des adolescents qui s’y essayaient pour le style, pour le défi, pour l’interdit. C’était nécessairement autre chose. Et pas quelque chose qui allait me plaire. Nous plaire. Je jetai un regard en coin à Mallory, comme pour vérifier si elle pensait la même chose que moi. Et ce que je lis sur son visage me fila un coup dans l’estomac. Comme je le craignais, trop, c’était trop. J’ouvris la bouche, cherchant mes mots, mais ne trouvant rien de pertinent pour essayer de la réconforter.
Comme si elle l’avait comprit, elle prit les devants et la parole au passage… Et je sentis une enclume tomber dans mon estomac. Mon visage jusque là paré d’un certain espoir s’assombrit au moment même où je compris que le calvaire n’allait pas prendre fin. Pas du tout. Ma prise sur mes genoux se rafermit, mes ongles s’enfonçant dans l’épaisseur du pantalon alors que je déglutissais difficilement.
- Ils… T’en as fait quoi Mallo ?
Finis-je par articuler, un peu difficilement, comme si chaque mot me coûtait. Je la dévisageai, drapé d’un faux calme, le regard intense. Ne me fais pas te supplier de me les rendre, voilà ce que j’avais envie de lui dire, sans oser prononcer ces mots là à voix haute. J’avais pas l’aplomb pour ça. J’avais l’aplomb pour rien, en fait. L’attention de ma meilleure amie dériva brutalement sur Klaus qu’elle interpela au sujet de ses cigarettes. Je ne pouvais pas dire exactement que je n’étais pas aussi surpris qu’elle, mais le saut d’un sujet à l’autre me laissa un peu pantois. L’agressivité dans sa voix, pas vraiment. Elle était clairement submergée par tout ce qui était en train de s’effriter, à défaut de s’effondrer, autour d’elle. De nous. Personne ne pouvait lui en vouloir. Egoïstement, je pris ce répit là pour essayer de me calmer, de relativiser. D’inspirer un bon coup. De me dire que ce n’était pas si grave. Que ce n’était pas non plus une question de vie et de mort, ces médicaments.
Sauf que c’était sans compter le talent naturel de Klaus pour détourner l’attention de lui. Le tout d’un ton très détaché, comme s’il me demandait l’air de rien si je préférais le ketchup ou la mayonnaise avec mes frites. La réponse était la mayonnaise, par ailleurs.
- Je sais à peine ce qu’est un principe actif, Klaus. Mais je doute que ce soit du paracétamol...
Mon ton s’était fait un peu plus dur bien malgré moi. En temps normal, je lui aurais sans doute répondu avec humour, mais là, je n’avais pas la tête aux traits d’esprit, ou à la légèreté. J’encaissais. Je réfléchissais déjà à ce que je pouvais faire pour récupérer ces fichus cachetons. Kyle n’en avait plus, il m’avait donné ceux qui lui restaient et que Mallory avait fait disparaître telle une magicienne. Mes options étaient vraiment limitées maintenant qu’on savait que Tarrow avait eu le sort qu’il méritait sûrement. Je me sentais piégé, comme emprisonné dans un labyrinthe avec mille chemins partant dans tous les sens, mais aucun ne menant à une sortie.
Et voilà que Mallory en remettait une couche, visiblement peu satisfaite de ma première réponse. Qui n’en était pas vraiment une, il fallait bien l’admettre. Aucun enquêteur digne de ce nom ne se serait contenté de telles informations, et Mallory étant mordue d’un beau représentant de cette espèce là, je n’aurais pas dû m’étonner de la voir creuser. Je l’observai un instant en silence, le regard sombre, la mâchoire serrée. Pourquoi est-ce que c’était aussi douloureux de le dire ? Pourquoi est-ce que j’avais l’impression qu’on essayait de m’arracher quelque chose de profondément enfoui en moi ? C’était parfaitement irrationnelle comme sensation. Mais dès que je pensais trouver l’élan pour le dire, je sentais une bouffée d’angoisse monter. Je secouai doucement la tête, comme pour essayer de nier l’évidence alors que les mots se détachaient de ma bouche avec tellement de réticente qu’on aurait cru que chacun d’eux me brûlait la langue.
- Oui c’est mon psy au SHinc qui me les prescrit. Prescrivait. Ce sont des genre de calmants. Mais pour les pouvoirs. Ca atténue les effets pendant un certain temps.
Je m’étais efforcé de rester le plus factuel et le plus détaché possible, mais je savais que mon attitude me trahissait. C’était épidermique, je n’arrivais plus à ravaler cette obsession maintenant qu’elle avait commencé à s’exprimer. C’était comme un bouchon de champagne : une fois qu’on a commencé à l’extraire, aucune chance de le remettre en place… Et mon bouchon menaçait à tout moment de sauter de son goulot, au risque de faire quelques dégats au passage. Espérant que mon honnêteté paierait et inciterait Mallory à récupérer mes médicaments ou à juste me dire où ils étaient, je décidai d’ajouter :
- Dans mon cas, ça fait taire les souvenirs que j’absorbe. Ce qui m’aide à dormir.
Conclus-je, la voix un peu plus grave.
(c) princessecapricieuse
Sujet: Re: Stay with me, I'm afraid of my soul [ft Klaus & Mallo] Sam 5 Mar - 12:09
Klaus Morgan
Infirmier
J'habite à Londres depuis le : 01/05/2021 où j'ai posté : 1214 messages et accumulé : 399 points d'expérience. On dit que je ressemble à : Lee Jong Suk j'ai : 28 ans et ma situation sentimentale est : je sors avec le mec le plus sexy de l'univers, deal with it :D J'incarne également : Un machin bouché, un cœur guimauve, un fusil de précision, le futur roi du monde et une pile électrique
Stats du Perso : Mon pouvoir / Ma compétence est: Animisme et mon niveau est de: 3 Malus: Incapacité à s'exprimer Artefact(s): Aucun Ma 2eme compétence est: Pickpocket et mon niveau est: 3 Ma 3eme compétence est: rien et mon niveau est :: 0 Par rapport au rhume des pouvoirs :: Epargné(e) / Non concerné(e)
Stay with me, I'm afraid of my soul
Klaus & Link & Mallory
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Comment est-ce qu’une situation peut s’embourber à ce point aussi vite ? Ouais, s’embourber, ça lui semble être un bon mot. C’est vraiment ça, en fait. Les gens qui ont inventé ce mot ont tout compris. Peut-être qu’eux aussi se sont retrouvés coincés entre deux amis au bout de leur vie, à essayer de leur cacher qu’ils allaient mal tout en faisant au mieux pour ignorer le malaise provoqué par le manque de l’un des deux amis en question… bon, d’accord, peu probable. N’empêche que Klaus a totalement l’impression que l’air prend une consistance de mélasse quand Linc décide de retirer brusquement les œillères qu’il s’était mis en demandant à Mallory ses médicaments. Non sérieux. Il est englué dans ce silence pesant et poisseux, à tenter de calmer les battements erratiques de son cœur. C’est horrible. Dire qu’il a tout fait pour éviter ce genre de cas. Pour virer tous les sujets qui se rapportent de près ou de loin à la drogue, pour dégager tous ses mauvais souvenirs liés à cette période et pour surtout, surtout, jamais attiser les soupçons de ses proches… Finalement ça le rattrape. Et de la pire des façons. Il aurait encore préféré faire une bourde. Balancer une connerie de trop qui les aurait aiguillés, ou alors montrer ses marques par inadvertance. ça aurait été plus facile que… ça. Linc. Il arrive même pas à le regarder en face. Il a peur de ce qu’il verrait. Parce qu’il est pas con, il le sait très bien. Mais il veut pas. Il veut pas se retrouver face à cette vision qui le renverrait des années en arrière, à un moment de sa vie qu’il a cherché si fort à éradiquer, à effacer, à renier par tous les moyens. Il a envie de vomir. ça remue dans son estomac. Ses doigts se crispent sur ses genoux. Il pourra pas ignorer les signes indéfiniment. Il le sait. Evidemment, y’a un moment où à force de regarder le lait monter dans la casserole sans rien faire, ça déborde. M’enfin tant que ça lui brûle pas les mains, il peut toujours prétendre avoir rien vu… non ? Et tant pis si ça finit par le cramer. D’abord, il se monte peut-être la tête. Après tout, c’est un sujet sensible, il est fatigué, tout le monde est sur les nerfs… alors ouais, il a pu se faire des films. Cette ambiance lourde, ça va passer. Et la chaleur étouffante aussi. Pis son pouls irrégulier avec. Et sa bouche pâteuse, cette sensation d’être coincé sous l’eau et… tout le reste.
Comme pour lui donner tort, la télé s’allume en faisant sursauter tout le monde. Mallory a même un petit cri qui fait fuir le plaid et l’atmosphère à couper au couteau a au moins le mérite de plus être écrasée par le silence. Klaus en profite pour lâcher une remarque légère, espérant dédramatiser cet imbroglio. En vrai, il s’en fout de savoir ce qu’il balance, du moment que ça sonne insouciant et que ça fait passer à autre chose. Alors ouais, le brun a raison, “pas vraiment” en effet. C’est un peu le désert dans ses médocs, m’enfin leur amie en a plein, elle. Et au pire, il aurait pu aller en chercher. Non ? Il a envie de se raccrocher à ça. Il a envie de se tourner vers lui et de lui demander de confirmer que n’importe quels cachets feraient l’affaire. De le supplier de pas continuer, de faire machine arrière, de rigoler en disant que c’était une blague, qu’il s’en fout de ces trucs. De le secouer pour lui faire oublier ces pillules de merde. Mais au fond il sait. On se détourne pas d’une obsession comme ça. Pas de ce genre. Il veut toujours pas y penser. Pas ça, pas ça. Klaus se prend à prier. Il croit en aucune religion, parce qu’aucun dieu a jamais cru en lui, mais il s’en fiche, là, il est près à demander à n’importe quoi à n’importe qui. Pas ça. Pas à Linc. Pas comme ça. Pas maintenant. Sa vie peut pas avoir un humour merdique à ce point, si ?
Il se sort une cigarette et va se poster à la fenêtre comme si tout était normal. Il a pas envie de penser que tout se casse la gueule. Il préfère se concentrer sur la fumée âcre qui envahit sa gorge. Il a tellement chaud, putain… il a l’impression de bouillir de l’intérieur et la fenêtre ouverte lui apporte aucun répit. Bon, O.K., peut-être que sa clope arrange rien. M’enfin avec ou sans, de toute façon, ça fait pas grande différence. Cette fournaise, elle vient de ce malaise dévorant et y’a rien à faire pour ça. Se foutre à poils, peut-être. Il étouffe un rire. Ouais, au moins ça aurait sûrement le mérite de dérider ses amis. Pas de chance, il préférerait se jeter sous les roues d’un camion que de leur dévoiler ses bras. Donc pas de strip-tease improvisé. En revanche, il retient, pour le coup, pas le rire nerveux qui sort de ses lèvres entrouvertes alors qu’il expire une fumée parfumée à la cerise. Mallory n’a pas les médicaments. Cette information… cette info, ça lui arrache les tripes. ça le remue et ça le bouscule. Haha. Y’a cette partie tellement soulagée qui s’affaisse sous la délivrance qu’il ressent. Pas de médics. Aucune chance pour Linc en reprenne pour le moment. Rien pour perpétuer le cycle de la dépendance. Ouais. Mais y’a autre chose. Cette sensation. Ce vide affreux, dévorant. La manque. Son seul souvenir le plonge en plein cauchemar alors ouais, cette nouvelle, c’est comme le jeter dans la lave en fusion. Il essuie par automatisme la sueur qui dégouline le long de ses tempes. Son tee-shirt à manches longues est trempé. Il imagine parfaitement les émotions de Linc. Trop parfaitement. Il les ressent, même. Il réalise qu’il le fixe, accroché à sa cigarette dont les cendres tombent sur l’embrasure de la fenêtre. Pour se donner bonne mesure, il prend une nouvelle taffe et s’attire l’attention de la rousse. Il hausse les épaules, indifférent à son ton accusateur. Il a appris à laisser glisser ce genre de choses sur lui et pis dans le fond, il la comprend un peu. “Fumer tue” comme dirait le joyeux message de ses paquets de clopes. Au moins, c’est une question facile, ça !
- Bah… depuis que j’ai quatorze ans, je crois, lâche-t-il comme si c’était une évidence. Ou quinze. Un truc comme ça.
Klaus agite sa main libre nonchalamment en espérant que ça suffira à clore ce chapitre. Pas qu’il apprécie pas l’attention de ses amis, hein, mais là… ouais, là, non. Il essaie d’inspirer discrètement pour prendre une bouffée d’air, espérant se rafraîchir. Putain, trop chaud. Et plus il essaie de chasser cette histoire de médicaments de sa tête, plus ça revient le hanter et accentuer sa nausée. Il finit par balancer le dernier truc qui pourrait miraculeusement tout faire basculer. Il suffirait que Linc dise que c’est un truc innocent, basique, inoffensif. Et voilà, magie, plus d’inquiétude, plus de chaleur, plus d’envie de vomir. Il réfléchit pas, il sort ça comme on jette une bouteille à la mer. En temps normal, il aurait pris un malin plaisir à fanfaronner et à faire son intéressant avec le peu de connaissances qu’il a. Il aurait expliqué ce qu’était un principe actif pour faire genre qu’il est intelligent et il aurait déblatéré des conneries, mais là, il fait rien de tout ça. C’est pas tant sa réponse. C’est que Klaus a croisé son regard. Il a pas fait exprès. C’est arrivé, c’est tout. Il se retrouve les yeux plongés dans les siens et ce qu’il y lit éteint les quelques restes d’espoir qui s’accrochaient encore à son esprit.
Il reconnaît très bien ce regard rempli de démons. S’il peut pas déchiffrer les émotions qui s’y bousculent, il les devine parfaitement. Il voit Linc galérer à répondre, se dépatouiller avec les mots coincés dans sa gorge. Mais y’a pas de paroles pour ça. Y’a rien pour l’expliquer, rien pour l’exprimer. Il le sait aussi, oui, parce qu’il a tenté, au début. Pendant. Après. Il a tenté de poser des pensées sur tout ça, sur ce cauchemar, ce besoin de se raccrocher à ce que le cerveau réclame désespérément. Ce manque impossible à combler autrement qui se change en obsession, qui balaie tout le reste. ça commence par des petites choses. Mais c’est comme ça, le dire, c’est… impossible. Parce que rien ne peut faire comprendre à quelqu’un à quel point le manque peut tuer de l’intérieur à petit feu. Au début, c’est les activités qui passent à la trappe. Sacrifier son temps libre, c’est pas bien grave. Pis les relations se font bouffer. La joie, les bons moments, tout se fait ronger par ce besoin. Et finalement, c’est la vie qui s’effrite petit à petit alors que l’obsession devient un monstre de plus en plus gros, de plus en plus avide, de plus en plus dévorant. Et Klaus sait ce que c’est que d’être bouffé, dévoré vivant de l’intérieur, emporté par une vague qui a englouti tout le reste. Mais Linc peut pas en arriver là. Alors qu’il le fixe en écoutant sans vraiment entendre ce qui se passe autour de lui, l’infirmier réalise que son meilleur ami est tombé dans la dépendance. Son meilleur ami est en manque, là, dans son salon, et il a rien vu venir. Rien. Absolument rien.
Ses doigts se crispent sur sa cigarette presque entièrement consumée qu’il écrase sur le rebord de la fenêtre. Sa main libre agrippe compulsivement son coude. Et serre. Fort. Encore plus fort. Si fort qu’il en tremble. Linc. En manque. Parce qu’il a voulu calmer son pouvoir. Non. Parce qu’il a voulu dormir. Juste dormir. C’est pas comme lui qui a fui. Qui a planté la seringue sans excuse, sans pression, sans personne pour lui souffler de mauvaises idées. C’est pas comme lui qui a été faible, qui a sauté dedans à pieds joints par trouille, par dégoût, parce qu’il avait enchaîné des choix merdiques encore et encore et encore. Klaus peut pas concevoir que Linc traverse ça. Qu’il vive cet enfer, là, en face de lui, sur le canapé qu’ils squattent tous les trois depuis tellement longtemps. Il y a cette voix qui hurle en lui. Cette voix qu’il étouffe. ça hurle à l’intérieur de lui. C’est un ouragan qu’il retient, la mâchoire serrée. Un vent de désespoir et de rage, de dégoût, d’injustice. Une tempête implacable qu’il ne peut juste pas laisser éclater. Sa commode se met à trembler en faisant un bruit sourd, les tiroirs s’entrechoquant entre eux. Klaus serre davantage son bras. Étouffe encore. Et l’étagère s’y met, frissonnant si fort qu’un des cadres photos glisse et se fracasse au sol. C’est le cliché de Dee qui le fixe de son regard blasé. Le bruit de l’explosion de verre agit comme un électrochoc et les meubles redeviennent silencieux.
Il s’arrache au regard de Linc, profitant de l’instant de flottement pour enterrer le cyclone bien profond, là où les rafales ne seront plus qu’une brise désagréable. Il s’en fout. Tout ce qu’il sait c’est qu’il peut pas laisser son meilleur ami vivre ce qu’il a vécu. C’est pas un choix ou une décision. C’est comme ça, c’est tout. Il faut l’éloigner du monstre du manque. Il faut l’arracher à ça. Il faut… l’aider. Il sait pas comment. L’enfermer dans la cave de Major, comme lui ? L’occuper. Le détourner. Lui lancer un truc au visage, balancer des conneries, manger les pizzas, le secouer, le coller devant l’intégrale de RuPaul, lui lancer des défis à la con, demander à April de lui préparer des exos de maths, tout, n’importe quoi, même le plaquer sur le canapé pour lui rouler des pelles s’il le faut, il s’en fout, là il est prêt à tout. Son esprit confus rejette la plupart des possibilités une par une. Haptophobie. Gang. Manque d’efficacité. Irréalisable.
- Boooooon et si on allait bouffer les pizzas ? s’exclame-t-il soudainement, incapable de rester avec ces pensées qui le noient. Nan parce qu’elles vont refroidir. Et ce serait con, parce que des pizzas froides, c’est vachement moins bon. Et au micro-ondes, ça se ramollit et au four… pfff faut attendre qu’il chauffe, et tout, c’est chiant, puis s’il est de mauvaise humeur il va mettre dix plombes à s’allumer…
Il blablate pour combler le vide en se dirigeant vers les cartons. Lui changer les idées. L’obliger à plus y penser. Comment il peut dégager de sa tête un truc qui parasite autant ? Il est pas sûr d’y arriver. April, peut-être. De toute façon, faut manger, elle va avoir faim. Personne pourra lui en vouloir de nourrir sa fille et si ça fait de lui un connard qui utilise une enfant pour parvenir à ses fins, tant pis.
- SOURIS ! appelle-t-il avant que quelqu’un puisse l’en empêcher. Souris ! Laisse tes maths, on passe à table.
Bon, voilà, maintenant il peut estimer qu’elle va débarquer… soit vite soit dans une demi-heure s’il insiste pas et qu’elle est prise dans ses calculs. Mais faut croire qu’il y a parfois des petits miracles, parce que sa tête brune ne tarde pas à déboucher à l’entrée du couloir où elle s’arrête, hésitante. Ah. ça c’est chelou, une April qui regarde ses pieds. Enfin, ça l’est pas quand elle a fait une bêtise… Il a la flemme de gérer une connerie, là. Pas de connerie, s’il vous plait… il sait pas trop à qui il demande ça, mais sa fille pourrait avoir tapissé le sol de calculs que là tout de suite, il passerait l’éponge. L’intéressée, les mains dans le dos, se tortille et finit par trottiner vers Linc avec un air coupable. Elle se stoppe devant lui et se met à fixer le canapé.
- Pardon d’avoir dit que t’étais nul… fait-elle d’une petite voix vacillante. T’es pas nul, c’est pas vrai…
Klaus a pas besoin de la voir pour deviner qu’elle retient sûrement quelques larmes. Elle va pas pleurer, elle aime pas ça, même si ça l’empêche pas de craquer régulièrement - et encore heureux à son âge - m’enfin ça parait évident. Sa souris tend à son interlocuteur timidement une feuille étonnamment pas remplie de formules de maths. A la place, y’a quatre affreux bonhommes - du moins, il devine que ce sont des bonhommes, et même certainement une représentation d’eux à en juger l’espèce de halo orange censé être les cheveux de Mallory - côte-à-côte. Ah oui. Quand même. Pour qu’elle en vienne à lui faire un dessin c’est qu’elle doit vraiment s’en vouloir…
- C’est pour toi… T'es toujours mon grand frère, hein...?
Il secoue la tête, un peu attendri. Bon bah, au moins, c’était pas une bêtise. Rassuré, il rejoint le frigo juste pour avoir une seconde de fraîcheur pendant qu’April rejoint la rousse pour lui faire un câlin de bonjour. Ses vêtements lui collent à la peau et lorsqu’il ouvre la porte du réfrigérateur, une bouffée de froid salvatrice lui tire un soupir. Il attrape le premier truc qui lui semble cohérent, à savoir la bouteille d’eau et, histoire de justifier son geste, se sert un verre d’eau. La première gorgée lui fait réaliser à quel point il avait la gorge sèche. Sûrement la cigarette. La seconde lui brûle l'œsophage tellement c’est froid. Mais ça occupe pas Linc, ça. Sans trop réfléchir, il repart vers le canapé, son verre à la main. Occuper Linc. Il jette un regard au verre. Ouais, ça lui semble bien. Sur cette magnifique conclusion, il le renverse sur la tête de son meilleur ami en s’écriant d’un ton joyeux.
- Fraicheuuuuur !
Et il éclate de rire, juste parce qu’il est certain que ni le brun, ni la rousse, n’avait anticipé ça et que ça va sans doute leur faire tirer une tronche bien drôle. Et même s’ils se mettent à gueuler, franchement, Klaus s’en fout. Qu’ils râlent, qu’ils pestent, qu’ils le maudissent s’ils veulent, au moins pendant ce temps, Linc pensera pas à ses médocs. Et cette idée, ça le réconforte. Ouais. Etrangement, ça l’apaise et ça le soulage. ça l’exalte même un peu. Qu’il se prenne ça dans la gueule, le monstre du manque. Parce que Klaus le laissera pas bouffer son meilleur ami.
:copyright: Aelyne
Sujet: Re: Stay with me, I'm afraid of my soul [ft Klaus & Mallo]