Homesick [ft Blondie]

Journée ordinaire, opération ordinaire. En théorie. Rien de bien folichon. Il suffisait juste de choper une livraison pour convoi militaire. Toujours remonter le problème à la base. Si l'équipe d'en face n'a plus assez d'armes ni de munitions, tout de suite, ça facilite la partie ! Ça faisait donc quelques mois que certains groupes faisaient au mieux pour couper l'approvisionnement. Kill aurait jugé plus efficace de faire sauter l'usine, mais ses camarades avaient préféré l'option pillage. Ça se défendait, mais ça nécessitait de multiplier les opérations, et donc les risques. Jouable mais répétitif.

Ce soir, l'Irlandais avait donc rejoint un groupe composé de divers groupes d'activistes, pour s'attaquer à un de ces convois. Techniquement, il faisait même partie de ceux partis en avance : il avait un pont à faire sauter. Enfin, plus précisément, l'idée c'était de le faire sauter juste au moment où le convoi militaire devait pointer le bout de son museau histoire de semer la confusion et de pouvoir profiter de l'effet de surprise. On parlait quand même de militaires, ce serait une terrible stratégique de prendre ces types pour des troufions de premier étage. Et l'Irlandais n'était pas vraiment du genre à faire ce type d'erreur. Il avait prévenu Kylie qu'il travaillait hors de Londres pour la journée et une bonne partie de la nuit. Comme toujours il était pas rentré dans les détails. Au cas où. C'était toujours mieux. Si les choses dégénéraient, important que ses proches puissent dire qu'ils n'avaient absolument aucune idée de ce qu'il trafiquait dans son coin.

La journée s'était bien passée. Lui et deux autres collègues artificiers avaient chargé la zone. Avec ça normalement, ils allaient pouvoir gérer le terrain sans trop de soucis. Les camarades les avaient rejoint au fur et à mesure, prenant leur position et sécurisant la zone. Le soir venu, l'équipe terroriste au complet était donc prête à accueillir le convoi militaire comme il se devait.

Dans un premier temps, l'opération se passa pour le mieux. Killian déclencha ses charges et le pont partit en fumée, semant une panique générale sur le convoi militaire, provoquant une collision entre les différents véhicules. Moment que choisirent les collègues pour déclencher leurs propres charges. Restaient alors à passer à l'attaque pour supprimer tous les mecs présents avant qu'ils aient le temps de prévenir qui que ce soit. Les coups de feu fusèrent alors de tous les côtés. L'équipe terroriste finit par l'emporter. En tout cas dans un premier temps. Apparemment, le type en charge de couper les télécommunications s'était dit que ce n'était peut-être pas nécessaire si on butait tout le monde. Évidemment, il en fallait toujours un pour se croire plus malin que le plan. Ça valait bien la peine de se casser le cul à envisager tous les scénarios si y en avait un pour foutre leurs efforts à l'eau ! L'un des soldats, agonisant certes, avait donc réussi à envoyer un message de détresse avant de crever, sans qu'ils s'en rendent compte. Résultat, alors que l'équipe commençait son pillage, ils furent cueillis par trois véhicules de l'armée venus en renfort, et bien déterminé à rattraper leurs conneries. Cette fois, ils eurent plus de mal à tenir leur position.

S'ils réussirent à se tirer de ce merdier, en bonne partie parce que Killian et un collègue avaient décidé d'en rajouter une couche niveau minage de la zone, ce ne fût pas sans des accros plus ou moins graves de leur côté. L'Irlandais, entre autre, se retrouva quelque peu amoché : une balle dans le bide. Ça faisait un mal de chien et ça pissait le sang... Il avait galéré à venir à bout de la mission jusqu'à ce qu'il puisse être évacué avec ses camarades. Quelques premiers soins rudimentaires à l'arrière d'un camion en attendant d'atteindre un toubib à Londres. Killian insulta copieusement le collègue qu'avait voulu le rassurer. Blanc bec de merde... Franchement y avait des moments pour fermer sa gueule ! D'autant qu'il commençait à tourner de l'oeil, alors s'énerver contre un abruti ça le maintenait éveillé au moins. Ça faisait longtemps qu'il avait pas eu à voir leur toubib, et franchement ça lui avait pas manqué ! Cela dit, le médecin avait l'habitude de la mauvaise humeur de l'Irlandais au point d'y être immunisé. Toute façon, d'ici quelques jours, ils iraient boire un verre ensemble et tout irait mieux. Comme d'habitude.

"La bonne nouvelle c'est que la balle est ressorti sans toucher d'organe. La mauvaise, c'est que du coup ça saigne beaucoup.
_Putain dis moi un truc que je sais pas..."

Les perfusions c'était pas vraiment une option chez les médecins de la pègre... Il faudrait se contenter de suturer le tout et de beaucoup beaucoup de repos... Vers 5h du mat Stefan l'avait ramené chez lui et Killian avait pu s'écrouler dans son lit sans demander son reste. Un bruit dans le couloir l'avait réveillé vers 9h. L'Irlandais avait émergé tant bien que mal, les yeux collés... Il avait grogné, d'abord pour la forme et ensuite parce qu'il avait bougé trop vite en essayant d'attraper son portable pour voir l'heure... Heureusement la suite il pouvait la faire en pilotage automatique. Écrire à Devon pour le prévenir qu'il était malade et en arrêt pour la semaine. Prévenir Sinead d'à peu près la même chose, sauf qu'elle saurait décrypter. Nouveauté en revanche, prévenir Kylie qu'il était pas vraiment en état de faire grand chose et qu'ils se verraient d'ici la semaine prochaine, le temps qu'il règle ça. Profitant d'être éveillé, Kill s'était fait violence pour se lever, virer ses fringues imbibées de sang qu'il abandonna à l'arrache dans un coin de la chambre, contrairement à ses habitudes, au profit d'un pantalon de lin et d'un tshirt en coton. Fibres naturelles pour que les plaies respirent et limiter les infections... Avant d'à nouveau s'écrouler sur son lit, épuisé par ce peu d'efforts... et la nuit qui avait précédé !

Cette fois, il est réveillé par des coups à la porte. Il met un petit moment à émerger et comprendre que c'est bien à sa porte qu'on frappe. Et qu'il va falloir qu'il agisse là dessus. Bordel... Il grogne encore, comme si ça pouvait convaincre impressionner la personne de l'autre côté de la porte d'entrée. Voyant que ça ne résout rien, Killian se décide à se lever, sans avoir aucune idée de l'heure qu'il est. Alors qu'il traverse l'appartement, il se dit que justement, cet appartement est sacrément immense. Vraiment au quotidien on ne s'en rendait pas compte ! Mais là que chaque pas le fait grimacer de douleur, d'autant plus que maintenant son corps n'est plus anesthésié par l'adrénaline et que les muscles ont bien eu le temps de refroidir, le salon lui paraît terriblement immense.

Quand il ouvre, Killian s'attend à trouver un démarcheur en porte à porte qu'il aurait pu envoyer chier pour le plaisir, ou éventuellement une voisine, quelque chose comme ça. Certainement pas une Blondie visiblement pas de bonne humeur. Pourtant il l'a prévenue non ? Tant bien que mal, l'Irlandais tâche de faire bonne figure. Il se redresse et affiche son habituel sourire. Bon le tout ne fonctionne pas complètement. Sans doute parce qu'il est en partie appuyé sur la porte pour maintenir son équilibre, qu'il est pâle comme un linge et que ses cheveux encore collés de la sueur de la veille. Ça ne l'empêche pas d'accueillir la jeune femme avec la gouaille habituelle.

"Tiens, Blondie. Toujours un plaisir de te voir... Qu'est-ce qui t'amène ?"

Là encore, ça ne fonctionne qu'à moitié. Peut-être parce qu'il a la bouche un peu pâteuse, alors si le ton amusé est bien présent, la voix a quand même un peu de mal à suivre.

"Je peux faire quelque chose pour toi ?"

Homesick

Assise à la table du petit déjeuner, Kylie prépare ses tartines en discutant avec Adèle qui sirote son café. Si leur conversation a plutôt commencé normalement, elle a vite dévié vers la soirée de la veille et la pièce de théâtre qu’ils ont vu. Ça faisait quelque temps qu’ils ne s’étaient pas fait une soirée comme ça et ça lui a fait du bien. Kylie est contente que leur relation redevienne à peu près normale, parce que ce n’était pas gagné. Ces derniers temps, elle a beaucoup cogité, avant d’arriver à la conclusion qu’elle avait envie de pardonner à Adèle pour le meurtre de Loïc. Si cette décision l’a soulagée, ça n’a pas magiquement arrangé les choses en un claquement de doigts, mais ils y travaillent, ensemble, et cette soirée en est un parfait exemple. Tout n’est pas encore parfait, ses cauchemars n’ont malheureusement pas disparu même s’ils sont plus espacés, mais Kylie peut avancer plus sereinement, sans que ses émotions ne partent dans tous les sens.

Alors qu’ils sont en train de discuter des costumes et des décors de la pièce de la veille, ils se font interrompre par l’arrivée d’un message sur le téléphone de Kylie. En temps normal, elle aurait attendu la fin du petit-déjeuner pour voir de quoi il s’agit, mais en reconnaissant la sonnerie attribuée aux messages de Belle Gueule, elle se saisit de son portable. Même s’il n’est pas rentré dans les détails, elle sait qu’il était en intervention la veille, alors savoir qu’il est en état de lui envoyer un message ce matin calme un peu l’inquiétude qu’elle essayait de mettre en sourdine depuis la veille. C’est idiot, elle le sait, de s’inquiéter pour ce qui s’apparente à de la routine pour Killian, ou même pour Adèle, mais elle n’arrive pas à s’en empêcher. Quand bien même c’est plus ou moins son quotidien depuis 14 ans, il y a toujours une part d’elle qui s’inquiète de ne pas voir Adèle revenir. Apparemment, il en va de même pour Killian, ce qui est plutôt logique en fin de compte.

Sauf qu’au lieu de disparaître, son inquiétude se fait au contraire bien plus forte quand elle lit le message que lui a envoyé l’irlandais : « Rien de grave mais je suis pas en état on se voit la semaine prochaine ». Bizarrement, elle doute que ce soit vraiment “rien de grave”, sinon il ne lui dirait pas qu’ils se verront la semaine prochaine. En général, ils se voient deux à trois fois par semaine, alors ce changement de plan ne lui dit rien qui vaille. Plutôt que de se ronger les sangs à essayer de deviner de quoi il en retourne exactement, elle décide de se rendre directement sur place pour en avoir le cœur net. Elle termine donc son petit-déjeuner un peu plus rapidement qu’elle ne l’a commencé, prévient Adèle que Killian est malade et file se préparer. Une fois sortie de la douche, elle est prise d’un nouveau doute, elle ne sait pas ce qui s’est passé, donc elle n’a aucune idée de l’état dans lequel se trouve Killian et elle ne sait pas non plus s’il a ce qu’il faut pour se soigner et s’il est en état pour renflouer les stocks dans le cas contraire. Dans le doute, elle préfère partir avec sa trousse de soin et quelques médicaments, mieux vaut être trop prudente que pas assez.

Un peu moins d’une heure après avoir reçu le sms de Killian, Kylie sort du taxi qui l’a déposée dans sa rue. Vu son état d’inquiétude, elle a jugé plus sage de ne pas conduire. Tant qu’à faire, elle préfère éviter d’avoir un accident ! Arrivée devant l’immeuble, elle croise Valérie qui lui tient gentiment la porte et avec qui elle échange quelques banalités. Si en général, Kylie apprécie de parler avec la voisine de Killian, là, elle ne s’attarde pas trop. Heureusement pour elle, la voisine ne s’en formalise pas et lui souhaite une bonne journée avec un sourire entendu. Quelque chose lui dit que ce qui l’attend n’a rien à voir avec le programme que Valérie imagine !

D’ailleurs, elle va bientôt le découvrir puisqu’elle arrive justement devant la porte de son irlandais. En fouillant dans son sac, elle réalise que puisqu’elle a pris un taxi pour venir, elle n’a pas pris ses clefs de voiture et n’a donc pas la clef pour ouvrir la porte. Quelle idiote ! C’est bien la peine que Killian lui ait donné un double de ses clefs pour qu’elle les oublie quand elle en a besoin ! Il ne lui reste plus qu’à frapper à la porte en espérant que Killian soit là et surtout en état de venir lui ouvrir. Pendant qu’elle attend dans le couloir, elle répertorie mentalement les personnes qu’elle pourrait contacter si jamais il n’ouvre pas : Sinead, sa sœur ; Devon, son associé ou encore ses parents. Sauf qu’elle n’a le numéro d’aucune de ces personnes. Alors qu’elle réfléchit à comment contacter ces gens, la porte finit par s’ouvrir sur Killian lui-même, mais le soulagement n’est que de courte durée vu son état. Blanc comme un linge, en sueur, les cheveux collés à ses tempes et incapables de tenir debout sans s’appuyer au chambranle de la porte. Rien de grave hein ! Elle était sûre qu’il mentait ce crétin !! Et en plus, il a le culot d’essayer de faire comme si de rien n’était ! Pendant une seconde, elle est tentée de l’engueuler directement mais vu son état, elle décide d’avoir pitié de lui et d’entrer dans son jeu. Les remontrances peuvent attendre.

- Bonjour mon chéri, moi aussi je suis contente de te voir, déclare-t-elle donc sur un ton mielleux très exagéré. Il faut une raison maintenant que je vienne te voir ?

Pour peu, ça lui rappelle presque leur première rencontre, au détail près que l’insolence de Killian est moins convaincante quand il est dans cet état. Il doit s’en rendre compte puisqu’il cesse son petit jeu - quoique - pour lui demander ce qu’il peut faire pour elle.

- Oui, tu peux commencer par retourner te coucher. Désolée, j’ai oublié tes clefs chez moi, mais comme tu m’as dit que c’était “rien de grave” je me suis dit que tu pourrais m’ouvrir, explique-t-elle sur un ton moqueur.

Alors qu’en réalité, elle s’en veut quand même un peu de l’avoir fait se lever alors qu’il n’est clairement pas en état. Elle aurait dû penser à prendre les clefs, mais elle était tellement concentrée sur l’état de Killian que ça lui a totalement échappé. Une fois que ce dernier se décide à bouger, elle le suit à l’intérieur de l’appartement, referme la porte et retire ses chaussures, son manteau et son écharpe. Elle pose son sac à dos, contenant notamment la trousse de soin, dans le salon au cas où elle en aurait besoin. Ensuite seulement, elle se tourne vers l’irlandais, les bras croisés, pour demander des explications.

- Il s’est passé quoi ? T’es rentré quand ? C’est quoi ce “rien de grave” qui te met dans cet état ? T’as de quoi te soigner ? T’as mangé quelque chose ? T’as vu quelqu’un ? Il a dit quoi ?

Dans sa voix se mêle agacement et inquiétude. Elle n’arrive toujours pas à croire qu’il ait osé lui dire qu’il n’avait “rien de grave” alors que c’est clairement pire qu’il le laissait entendre ! C’était quoi son plan au juste ? Lui cacher son état et faire comme si rien ne s’était passé quand ils se reverraient ? Pour le coup, elle ne sait pas trop si elle a envie de l’étrangler pour ses cachotteries ou le serrer contre elle parce qu’il est toujours vivant. Elle décide donc de ne rien faire pour l’instant et de rester à bonne distance. Elle n’est même pas sûre, de toute façon, de pouvoir le toucher sans lui faire mal.

Codage par Libella sur Graphiorum

La nuit s'était pas vraiment passée comme prévu. Faut dire qu'on prévoyait rarement de se faire trouer le bide... Certes, ça faisait partie des risques du métier, ce qui était plus ou moins un acquis pour l'Irlandais. Mais ça voulait pas dire qu'il allait le prendre avec un grand sourire non plus ! En général, c'était bien pour ça qu'il préférait qu'on lui foute la paix le temps de sa convalescence. La douleur le mettait de mauvaise humeur. À ça s'ajoutait la sensation que ça ne servait absolument à rien pour couronner le tout, que ce qui avait été entrepris était voué à l'échec. C'était donc déprimant en plus, et ça lui donnait envie de bousiller la terre entière pour le simple plaisir de pouvoir passer ses nerfs sur quelque chose. C'est donc bien pour ça qu'il avait prévenu ses proches. Histoire qu'on lui foute la paix sans avoir à inquiéter qui que ce soit, c'était pas non plus le but. Non. Dans une semaine le gros de la plaie aurait guéri, et il aurait renvoyé loin loin loin ces idées noires, parce qu'il n'était pas vraiment du genre à rester à terre trop longtemps. Si tant est qu'on lui foutait la paix pendant ce temps.

C'était sans compter sur Kylie. Il aurait dû s'y attendre. En même temps, elle était une nouvelle donnée dans ce genre de situation, alors Killian pouvait pas vraiment prévoir. Encore moins après une nuit sur le pont et une hémorragie ! Il avait pensé à la prévenir, et c'était à peu près le maximum que son cerveau avait pensé à anticiper avant de sombrer à nouveau dans le soleil. Ce qui dans le fond était plutôt bienvenu parce que pendant qu'il dormait, au moins il ruminait pas.

Sommeil qui ne dura absolument pas assez longtemps à son goût puisqu'il est réveillé par des coups à la porte. Insistants les coups. Il a aucune idée de combien de temps il a dormi depuis qu'il a sombré, mais selon ses estimations, c'est clairement pas assez ! Traverser l'appartement lui prend un temps qui lui paraît infini. Faut dire qu'il est obligé de faire des tout petits pas pour éviter que les vibrations se répercutent dans la plaie. Bordel, les tripes ça fait toujours mal ! L'autre con pouvait pas lui toucher le bras ou un jambe ??? Merde à la fin ! Franchement le gars qui lui a fait ça, quelle branque. Il lui tire dans le bide et il touche pas un seul organe ??? Vraiment faut se poser des questions à un moment ! Et changer de carrière. Enfin non parce que depuis quelqu'un lui avait mis une balle dans la tête. Bien fait.

En attendant, fallait qu'il ouvre la porte et qu'il donne un minimum le change, puisque face à lui, une Blondie. Visiblement en grande forme. Enfin en meilleure forme que lui, mais c'est sans doute le cas de la plupart des gens de l'immeuble aujourd'hui vu son état... sauf que du coup, s'il peut à peu près tenter de donner le change, avec un taux de succès tout à fait relatif, réussir à suivre la Française pour le deuxième tour de cette plaisanterie. Là pour le moment tout ce qu'il vient c'est que non elle a pas besoin de raison mais que s'il lui dit de pas venir, c'est qu'il a peut-être une raison. À travers le brouillard, il se dit que c'est ptet pas malin d'ouvrir les hostilités tout de suite. Autant voir ce qu'elle veut et il avisera. Sauf qu'en attendant, Blondie n'a pas l'air décidé à lâcher quoi que ce soit. Du coup, dans un premier temps, tout ce qu'il trouve à répondre d'une voix fatiguée c'est :

"C'était bien le programme..."

À un autre moment, il aurait eu la présence d'esprit de répondre plus complètement que si elle n'avait pas frappé, si elle n'était pas venue comme il lui avait dit, il n'aurait effectivement pas eu à se lever. Mais ça ferait une phrase beaucoup trop longue alors qu'elle va terriblement vite. Donc pour le moment, il se raccroche aux branches en tâchant de maintenir un sourire, certes un peu las.

"Mais comme tu vois je peux effectivement venir t'ouvrir la porte."

C'est bon il avait pas viré gâteux non plus ! Ni cul de jatte ! Mais sur ce coup-là, il sent bien que ça sert à rien qu'il argumente. D'autant qu'il a déjà assez de mal à la suivre, alors inutile d'aller au conflit. Même si pour le coup, il n'est vraiment sûr de ce que sa présence va apporter et qu'il aurait préféré qu'elle le laisse ruminer en paix dans le fond de son lit... Pour le moment donc, il lui fait signe de rentrer, parce que dans tous les cas, il est pas question d'avoir le reste de cette conversation sur le pas de la porte ! Ne pas l'avoir du tout l'arrangerait mais s'il faut en passer par là, autant limiter les dégâts.

Il part devant, parce que bon de toute façon, à la vitesse où il va, elle a bien le temps de rentrer, fermer la porte et faire il sait pas trop quoi dans son dos. Lui pour le moment il est concentré à viser le canapé sur lequel il s'écroule à peine atteint. C'était que la moitié d'une bonne idée, parce que pour le coup la blessure n'apprécie pas trop le choc du canapé, mais bon il avait pas l'énergie de prendre le temps de s'assoir... déjà que bon, il est plus affalé qu'assis et qu'il lui faut quelques essais pour trouver la position la moins douloureuse possible. Et à peine installé, voilà que Blondie le bombarde de questions. Killian lui jette alors un regard torve l'air de dire "sérieusement ?????". Il a juste l'intelligence de ne pas le dire à haute voix parce qu'il voit bien qu'elle est sérieuse. Vraiment elle va rien lui épargner !!!! De mauvaise grâce et visiblement de mauvaise humeur, il soupire et se lance dans les réponses.

"Il se passe qu'un abruti de jeune blanc bec a pas fait sa part en pensant que y avait pas besoin, ce qui est rarement une bonne idée quand tu vas contre des militaires. Donc on s'est fait prendre à revers. Rien de bien imprévisible quand on peut connecter deux neurones ensemble et qu'on se dit pas qu'une opération contre l'armée c'est le bon moment pour résoudre son complexe d'infériorité de merde."

Vraiment quand il serait en état il comptait bien vérifier que cet abruti se serait fait remonter les cloches parce que là vraiment... on avait pas idée de mettre la vie des gars avec qui tu pars en mission en danger parce que tu sais mieux !!! Fallait bien que quelqu'un paie et là maintenant tout de suite Killian trouvait que ça ferait un très bon bouc émissaire. Nouveau soupir mais plus remonté celui-là.

"Moi ça va, j'ai juste pris une balle dans le bide. Selon le médecin..."

et là il affiche un air salement moqueur

"... la bonne nouvelle c'est que la balle est ressortie sans toucher d'organe, la mauvaise nouvelle c'est que ça fait deux trous, donc forcément tu perds plus de sang."

Évidemment que c'était une bonne nouvelle. C'était déjà galère de devoir faire sans transfusion, mais alors s'il lui avait fallu une chirurgie plus poussée les risques étaient pas les mêmes ! Juste que bon, pour le terroriste ça relevait de l'évidence et qu'il avait eu la flemme de ce discours alors qu'il avait mal.

"Et je sais pas, mon pote m'a ramené au ptit matin je sais même pas quelle heure il est là."

Il se frotte les yeux de fatigue et pour les questions il s'arrête là pour le moment. Surtout que les autres se sont déjà perdues dans le brouillard. Elle a les grandes lignes de la nuit ça devrait lui suffire non ? Le reste devait pas être bien important...

Homesick

Rien de grave. Si “rien de grave” le met dans cet état, elle ne veut même pas savoir ce que c’est quand il lui arrive quelque chose de grave !! Si Kylie arrive à juguler son inquiétude le temps de répondre à la provocation de Killian. Puisqu’il a le culot de faire comme si tout allait bien alors qu’il a une tête de déterré, elle peut bien faire l’effort de rentrer dans son jeu. De toute façon, ça ne dure pas, sans surprise. Il n’a pas l’énergie pour ça, c’est évident. La preuve, même quand elle se montre plus incisive, il répond à peine, ce qui a le mérite de calmer sa hargne mais renforce son inquiétude. Au moins, il avait prévu de rester au lit, ce qui est déjà pas mal, elle n’aura pas à batailler pour qu’il retourne se coucher. Par contre, quand il ose lui répondre qu’il peut effectivement venir lui ouvrir la porte, puisqu’il l’a fait, elle lui décoche un regard noir qui ne dure pas très longtemps. Son agacement laisse vite place à la culpabilité, elle ne sait pas trop si c’est dû à son teint cireux ou à son sourire fatigué, mais les faits sont là. Elle s’en veut, elle aurait dû penser à prendre les clefs de l’irlandais avant de venir, ça aurait éviter qu’elle le fasse se lever pour rien.

- Désolée de t’avoir fait te lever, répète-t-elle beaucoup plus sincèrement que la première fois.

Puisqu’ils sont tous les deux d’accord pour qu’il retourne se coucher - et le plus vite sera le mieux - ils finissent par se détacher de la porte d’entrée sans même se concerter. Au moins, Kylie n’a pas à le pousser pour qu’il capitule, il a l’air assez conscient de ses limites et ça la rassure, un tout petit peu, de savoir qu’il ne va pas abuser pendant sa convalescence. Elle le suit du regard alors qu’il avance laborieusement vers le salon. C’est donc pour ça qu’il a mis autant de temps à ouvrir, elle comprend mieux. Comme elle a l’impression que l’aider à avancer jusqu’au canapé ne serait pas très bien reçu, elle s’occupe comme elle peut pour se retenir, non sans lui jeter des coups d'œil réguliers. Enlever son manteau, son écharpe et ses chaussures lui prend beaucoup plus de temps que d’habitude volontairement mais même comme ça, elle termine avant qu’il n’ait atteint sa destination. Et il voudrait qu’elle ne s’inquiète pas ?! Elle se retient de justesse de le sermonner, parce que ça ne mènerait à rien, et se contente de le suivre dans le salon où elle abandonne son sac. De ce fait, elle est aux premières loges pour le voir se laisser tomber sur le canapé puis grimacer. Merde. C’est peut-être même encore plus grave qu’elle ne le pensait. L’inquiétude reprend le pas sur ses émotions et ça se traduit en une flopée de questions posées à la suite sans forcément de lien apparent. Pourtant, il y en a bien un : elle veut savoir ce qu’il lui ait arrivé et ce qu’elle peut faire pour l’aider.

Au regard qu’il lui lance, elle devine que Killian ne se réjouit pas de cet interrogatoire mais elle ne se laisse pas démonter. Elle attend ses réponses, les bras croisés, non pas pour faire preuve de sévérité mais pour éviter de mordre son pouce, ce qu’elle fait quand elle est inquiète et qui la démange en ce moment. Elle s’autorisera à s’inquiéter vraiment quand elle saura exactement de quoi souffre son…petit ami. A ce stade, ça ne sert plus vraiment à rien de le nier de toute façon. Heureusement pour sa santé mentale, Killian ne se fait pas prier pour répondre. Certes, il le fait de mauvaise grâce et avec mauvaise humeur, mais au moins, il parle et pour lui donner plus de détails que “rien de grave”. Même si la réponse n’est pas limpide, elle comprend sans mal qu’un membre du groupe de l’irlandais a merdé et que ça s’est retourné contre eux. Ce qui lui glace le sang, en revanche, c’est d’apprendre que c’est à l’armée qu’ils s’en sont pris. Elle le sait pourtant, qu’il vit dangereusement et que c’est son travail mais les militaires putain ! Non, non, ce n’est pas le moment de s’énerver, encore, donc elle s’efforce de garder son calme et surtout de ne rien dire. Elle est à peu près sûre qu’il n’apprécierait pas d’entendre qu’il devrait mieux choisir ses équipiers. D’autant qu’il doit déjà le penser vu son état. Donc elle se tait, en enfonçant un peu plus ses doigts dans son biceps et attend la suite.

Quand il lui annonce qu’il s’est “juste” pris une balle dans le ventre, elle doit faire appel à tout son self-control pour ne pas aller l’étrangler. Juste ?! Il se fout d’elle ?! Et il a eu le culot de lui dire que c’était “rien de grave” ?! Il a de la chance d’être déjà mal en point et qu’elle n’ait pas envie d’aggraver son état. Enfin non, elle refuse de parler de “chance”, elle aurait clairement préféré qu’il soit en état de recevoir les coups qu’elle rêve de lui asséner en cet instant plutôt que d’apprendre qu’il s’était fait trouer le bide ! Au moins, aucun organe n’a été touché, il avait évité le pire mais tout de même ! Elle n’ose pas imaginer quelle quantité de sang il a perdu au cours de la nuit. Elle est suffisamment familière avec les blessures par balle pour savoir que la réponse est beaucoup trop. Normalement, si les choses ont été bien faites - et elle espérait que oui puisqu’il avait vu un médecin - sa vie n’est plus en danger. Il a juste besoin de repos pour se remettre, ce qui explique le “on se voit la semaine prochaine” dans le message qu’il lui a envoyé. Refusant de penser au fait qu’elle aurait pu le perdre cette nuit, Kylie décide de se concentrer sur l’instant présent et dresse mentalement une liste de ce qu’elle peut faire pour l’aider à se rétablir. C’est à son tour de pousser un soupir avant de prendre la parole.

- Il est presque onze heures, l’informe-t-elle beaucoup plus calme que jusqu’à présent. Allonge toi, tu as besoin de dormir.

Décroisant les bras, elle s’approche du canapé et s’arrête une fois arrivée à sa hauteur. Comme elle n’ose toujours pas le toucher, non plus par peur de l’étrangler mais par crainte de lui faire mal, elle se contente de déposer un chaste baiser sur sa tempe humide.

- Merci d’avoir répondu à mes questions, souffle-t-elle d’une voix plus douce en se redressant.

Après s’être assurée qu’il est correctement allongé sur le canapé, elle disparaît dans le couloir jusqu’à sa chambre pour récupérer sa couette. Hors de question de le faire retourner jusqu’à son lit dans cet état, elle préfère donc lui apporter de quoi se couvrir. Sans surprise, Killian ne tarde pas à s’endormir, et tant mieux, ce qui laisse à Kylie le loisir de digérer tout ça. Elle n’arrive toujours pas à croire qu’il ait failli mourir cette nuit et que cet abruti n’ait rien trouvé de mieux à lui dire que “rien de grave” ! Sauf que s’énerver ne servirait à rien alors, à la place, elle décide de s’occuper plutôt que de ruminer dans son coin. Elle commence par récupérer les clefs de l’irlandais puis quitter l’appartement pour faire quelques courses. Ce n’est pas la première fois qu’elle se retrouve à veiller sur quelqu’un qui a été blessé par balle et qui a perdu beaucoup de sang, elle sait donc quoi faire. Comme, par exemple, qu’il faut privilégier des aliments riches en fer pour un bon rétablissement ou éviter de prendre de l’aspirine pour calmer la douleur parce que ça fluidifie le sang.

Quand Killian se réveille de nouveau, Kylie est installée au comptoir de la cuisine et griffonne sur un carnet. Elle a eu le temps de préparer un repas facile à manger, de faire la vaisselle et un brin de ménage pour s’occuper avant de finalement se retrouver à court d’option de décider de rester dans la pièce principale pour ne pas rater le réveil de l’irlandais. En le voyant s’agiter, elle quitte donc son perchoir pour s’approcher de lui et constater qu’il a ouvert les yeux. Avec un peu de chance, dormir lui a fait du bien.

- Coucou, le salue-t-elle à voix basse. T'as faim ? J’ai préparé de quoi manger, et j’ai été chercher des antalgiques aussi, si tu veux.

Si elle est prête à batailler pour lui faire avaler quelque chose, pour les médicaments, elle préfère lui laisser le choix. Il est suffisamment grand pour savoir gérer la douleur comme il l’entend mais, au moins maintenant, il sait qu’il y a cette option s’il veut.

Codage par Libella sur Graphiorum

Il est pas sûr d'être super convaincant. Pas évident avec tout le brouillard dans sa tête. Mais au moins Kylie ne l'invective pas plus sur le pas de la porte. Pas qu'il ait spécialement envie de poursuivre cette conversation, mais l'Irlandais se doute bien que la Française ne va pas s'en retourner comme ça. Quelque part, ça l'embête qu'elle s'excuse encore, même si bon, c''était pas pour rien qu'il lui avait dit de pas venir... Nier la réalité effective, c'est pas tellement son genre, alors il se contente de lui faire signe d'entrer. À nouveau, il faut traverser l'immeeeeeeeeeeeense salon pas si immense en réalité, mais comme il est condamné à marcher par tout petits pas pour le moment sous peine de faire résonner la blessure, ça rallonge les distances. Ceci dit cette fois, Killian se contente de viser le canapé. Ça fait déjà moins loin. Pas sûr qu'il sauve beaucoup mieux les meubles mais bon. S'il s'écroule en cours de route ce sera pire, alors autant faire au plus court.

Il espérait qu'une fois posé, les choses se calmeraient, mais finalement, il est à peine installé, non sans grimacer, que Blondie le bombarde d'une série de questions. Oh bordel... Il se serait bien passé de l'interrogatoire en bonne et dûe forme... Ça valait bien le coup d'échapper aux flics (ou en l'occurrence aux militaires) pour quand même y avoir le droit à la maison. Enfin maintenant qu'elle est là... d'autant qu'il est trop fatigué pour les négociations. Tant bien que mal donc, Killian lui partage les grandes lignes de cette nuit. Il arrive quand même à percevoir qu'elle n'est guère enthousiaste et n'approuve pas vraiment. Mais ça pour le coup, il y peut pas grand chose. Ce qui est fait est fait. Toujours est-il qu'il arrive donc à la fin du récit, non sans cacher sa mauvaise humeur latente.

11h donc. Il avait un peu de mal à reconstituer le fil du temps. Vers quelle heure il avait émergé la dernière fois déjà ? 9h ? Un truc comme ça... donc il avait dû dormir quelque chose comme deux heures avant que Blondie débarque. Bon ça lui apporte pas forcément grand chose comme information mais ça fait toujours un point de repère. Dormir donc, il allait pouvoir en revenir au planning initial... Il en est vaguement à se dire qu'il faudrait qu'il retourne au lit pour dormir plus confortablement, mais ça voudrait dire se lever à nouveau pour marcher et... ouai non. C'est loin. Quand Kylie se penche pour lui déposer un baiser sur le front, Killian lui attrape la main au passage, plus par pur réflexe qu'autre chose, comme pour la retenir un instant. Il faut croire qu'il est encore un peu confus. Une part de lui aurait voulu l'embrasser, mais celle qui veut retourner dormir l'emporte sans qu'il y ait grande lutte. Relâchant la jeune femme, il s'allonge dans la foulée et se laisse sombrer sans trop avoir conscience du reste.

Cette fois, Killian émerge naturellement sans que quoi que ce soit l'ait réveillé. Un progrès franchement. C'est dire s'il part de bas dans cette journée de merde ! Premier constat : la couverture s'est mystérieusement retrouvée là. Bon d'accord pas si mystérieusement maintenant qu'il se rappelle que Blondie avait pointé le bout de son nez malgré son message demandant l'inverse. Ce qui mène d'ailleurs à un autre constat : Blondie est toujours là, installée au comptoir de la cuisine. Alors qu'il se redresse pour s'assoir, quelque peu fastidieusement, Kylie le salue.

"Hey..."

Répond-il en marmonnant un peu, pas trop sûr de ce qu'elle attend, ni de ce qu'il est censé faire. D'habitude, à part Sinead pour débarquer ponctuellement, il est tout seul. Alors là, il est complètement en terrain inconnu. Il pose ses pieds au sol, et frotte ses yeux, les coudes sur les genoux. La blessure est toujours douloureuse, mais y a peut-être un peu moins de brouillard dans sa tête, et ça aide. Vite fait. Là-dessus, il ne peut qu'être d'accord avec Kylie : manger serait pas une mauvaise idée...

"Manger ouai... ça semble un bon début..."

D'autant que ça va faire 24 heures qu'il a rien avalé, alors si on ajoute la perte de sang cette nuit... Il verra après pour les médocs. D'autant que le doc lui a aussi filé des antibio pour éviter les possibles infections... Mais ce serait certainement mieux avec quelque chose dans le bide, quelque chose qui ne soit pas une balle ! Tout ça c'est la partie facile, celle à laquelle il est habitué. Mais le reste...

"T'étais pas obligée de rester tu sais... tu vas trouver le temps long... t'as sans doute mieux à faire..."

Il aime pas qu'elle soit coincée là alors que bon, à part comater et être de mauvaise humeur, il va pas servir à grand chose. Surtout qu'il sait que Blondie a plutôt une vie bien remplie normalement, donc il a pas non plus envie de la coincer là, ni envie de faire semblant pour donner le change d'ailleurs...

Homesick

Maintenant qu’elle sait ce qu’il s’est passé cette nuit, Kylie est moins inquiète qu’en arrivant dans l’appartement. Moins inquiète ne veut pas dire “plus du tout”, mais elle s’en contente pour l’instant, elle sait pertinemment que tant que Killian ne sera pas rétabli complètement, elle ne sera pas vraiment tranquille. Quant au fait qu’il aurait pu mourir cette nuit… Elle aurait préféré ne pas y penser mais c’est apparemment trop demander. Une fois qu’elle se retrouve à cours d’occupation, que le repas et le ménage sont faits, et qu’elle s’installe sur le comptoir de la cuisine pour dessiner, cette réalité s’impose à elle et ne veut plus s’en aller.

Killian aurait pu mourir cette nuit putain ! Cette simple constatation suffit à l’horrifier mais surtout, à avoir un nouveau regard sur la relation qu’ils ont. Contrairement à ce qu’elle a essayé de faire croire à tout le monde, avec plus ou moins de succès, jusqu’à maintenant, elle est bien plus attachée à lui qu’elle ne voulait bien l’admettre. Elle sait que si Killian meurt - et putain, il n’a pas intérêt à le faire - il laissera un vide derrière lui, quand bien même ils ne se connaissent que depuis quelques semaines. Dans ces conditions, elle est bien obligée de se rendre à l’évidence, il se pourrait que Tivan ait raison et qu’elle soit bel et bien amoureuse de Belle Gueule. Bizarrement, ça ne lui semble plus aussi précipité ou impensable que quand elle en parlait avec son meilleur ami. Au contraire même, ça lui paraît presque…naturel. Bordel, voir Killian dans cet état l’a beaucoup plus remuée qu’elle ne l’aurait cru si elle se met à penser comme ça !!

Histoire de s’occuper les mains et l’esprit, Kylie sort un carnet et un crayon de son sac pour se mettre à dessiner, en se forçant à se concentrer sur autre chose que l’état de Killian et les sentiments qu’elle a (probablement) pour lui. Comme souvent quand elle se met à dessiner sans d'idées précises en tête, c’est un dragon qui prend forme sur son carnet, elle en a des dizaines comme ça, qui sont le reflet de ce qu’elle ressent au moment où elle les dessine. Résultat, celui qu’elle dessine aujourd’hui est un dragon en plein vol, qui déverse sa colère sur un édifice en crachant des flammes sur ce dernier. L’édifice en question n’a pas encore de forme définie, contrairement au dragon, quand elle se fait distraire par un mouvement sur le canapé. Supposant que Killian est en train de se réveiller, elle pose son crayon pour se tourner ouvertement vers lui. En voyant se redresser pour s’asseoir, elle quitte son perchoir pour le rejoindre. Même si ce n’est pas encore la grande forme, il a l’air dans un meilleur état que quand elle est arrivée. Peut-être qu’avec un bon repas, ça ira encore un peu mieux, en tout cas, Killian a l’air d’approuver l’idée.

- Oui, je trouve aussi, ça te fera du bien, approuve-t-elle avec un sourire en s’éloignant vers le coin cuisine. Je t’apporte un bol de soupe et si ça passe bien, je te servirais autre chose, si tu as encore faim.

Comme elle ne sait pas trop de quand date le dernier repas qu’il a pris, ni s’il est en état de manger solide, elle préfère commencer en douceur. De toute façon, préparer une soupe et un plat l’a occupée et, au pire, elle pourra toujours se garder le plat pour plus tard. Pour l’instant, elle part à la recherche d’un bol, qu’elle trouve rapidement dans les placards, et entreprend de le remplir de soupe, quand Killian reprend la parole. En l’entendant dire qu’elle n’était pas obligée de rester, elle lève les yeux au ciel et repose sa louche, ayant fini de servir la soupe. Dans quel monde a-t-il cru qu’elle le laisserait tout seul dans cet état ? C’est vraiment mal la connaître, ou se voiler la face, au choix. Avant de lui répondre, elle met le bol au micro-ondes pour réchauffer la soupe et ensuite, elle se tourne vers lui.

- Oui, je sais que j’étais pas obligée, mais si je l’ai fait, c’est parce que j’en ai envie, répond-elle simplement en haussant les épaules.

Ça lui paraît pourtant évident mais peut-être qu’il voit les choses différemment donc un rappel ne fera pas de mal. Jugeant que le reste peut attendre, elle sort une grosse cuillère et récupère le bol maintenant chaud dans le micro-ondes pour apporter le tout à Killian. Une fois que c’est fait, elle s'assoit sur la table basse, en face de lui, pour reprendre.

- C’est à moi de décider si j’ai mieux à faire ou pas, pas à toi, et j’estime que non, je n’ai pas mieux à faire. Je préfère rester là avec toi plutôt que de rentrer et de continuer à m’inquiéter, va falloir t’y faire. Quant à savoir si je vais trouver le temps long ou pas, c’est mon problème, tu crois pas ? En plus, je suis parfaitement autonome pour m’occuper et j’ai plein de trucs que je peux faire depuis ton salon.

C’est l’avantage d’être dessinatrice, elle peut faire ça n’importe où ! Il faudra juste qu’elle repasse par la villa pour récupérer quelques affaires et sa tablette graphique et elle aura de quoi s’occuper pendant toute une semaine si elle le souhaite. Enfin, à condition que l’Irlandais ne la foute pas dehors avant, ce qui pourrait arriver.

- Je suis là parce que je l’ai décidé et que j’en ai envie, alors laisse-moi prendre soin de toi Killian, s’il-te-plaît, conclut sur un ton beaucoup plus doux.

Elle n’est pas sûre qu’il la laisse faire, pas alors qu’il avait l’air de vouloir rester seul dans son message, mais ça ne lui coûte rien de demander. Et s’il refuse, elle a quelques arguments sous la main pour essayer de le faire changer d’avis mais ça attendra un peu. Il n’est pas en état de se lancer dans ce genre de débat maintenant, elle préfère le ménager et lui laisser le temps de manger.

- Comment tu te sens ? Vraiment, je veux dire. La douleur ça va ? T’as pas de fièvre ou de signe d’infection ? Pas d'envie de vomir ou de nausée ?

Des questions, elle en a d’autres mais pour l’instant, elle se limite à celles-ci. Tant qu’à faire, elle préfère ne pas lui donner trop de raisons de la mettre à la porte, et la soupe sera meilleure si Killian la mange chaude. Le reste peut attendre.

Codage par Libella sur Graphiorum

L'Irlandais émerge tant bien que mal. Ça va quand même mieux qu'à son dernier réveil, sans doute parce que cette fois il n'a pas été réveillé par le monde extérieur. Même si pour le moment il se sent encore un peu dans le pâté. Pas vraiment surprenant vu la nuit qu'il a passé. Il va sans doute falloir quelques jours pour retrouver un semblant d'état normal. En attendant, ça risquait d'être compliqué de réussir à donner le change à Blondie qui était restée là malgré tout. En tout cas sur ce coup-là elle avait raison, manger serait sans doute plus que bienvenue. Il hoche simplement la tête quand elle parle de soupe et qu'on verra plus tard pour le reste. Ça vaut sans doute mieux oui. Certes, aucun organe n'a été touché, par change, mais il préfère ne pas trop présumer de ce que son corps va accepter d'absorber ou non. La soupe dans un premier temps ça semble bien plus raisonnable.

Killian l'observe du coin de l'oeil tandis qu'elle farfouille dans la cuisine à la recherche de ce qu'il lui faut. Il a pas vraiment l'habitude que quelqu'un se serve comme ça chez lui, et encore moins pour s'occuper de lui. D'habitude dans cette configuration là c'est plutôt l'inverse qui se produit. Alors forcément, ça le rend d'autant plus ronchon, parce que ça lui rappelle à quel point la nuit a merdé, et la vitesse à laquelle les choses peuvent dégénérer, alors qu'il est encore très loin d'avoir atteint ses objectifs... il est relativement préparé et okay avec le fait de mourir au passage, après tout on se lance pas dans ce genre de "boulot" sans en avoir conscience, mais la perspective de crever en Angleterre, ça reste une pilule difficile à avaler. Mais tout ça, il préfère le garder pour lui pour le moment. Tout en disant à Kylie qu'elle n'était pas obligée de rester, il soulève rapidement son tshirt pour vérifier les pansements. Pas de saignement, pour le moment, tout se passe bien. Il verra pour changer le tout quand il aura un peu mangé.

En revanche, Blondie a l'air plus que déterminé à rester puisque non contente de lui rapporter un bol, voilà qu'elle s'installe sur la table basse pour lui faire la leçon. Ça lui rappelle vaguement leur première soirée tiens. Pour le coup, l'Irlandais a pas vraiment l'énergie de débattre là-dessus, et dans le fond c'est une grande fille oui. Qu'elle fasse donc ce qu'elle veut... Il a moins envie qu'on s'occupe de lui qu'on lui foute la paix et de mettre le feu à ce foutu pays de merde. Mais apparemment il aura ni l'un ni l'autre... Donc pour le moment, il se contente de baisser la tête avec un sourire las et de lever sa main libre en signe de reddition.

""Ok ok fais comme tu veux. Juste... t'as conscience que y a plus de raison de s'inquiéter maintenant non ? Tant que je fais pas le con cette semaine ça va cicatriser tranquille."

Et il allait biiiiien sagement prendre ses médocs en prévention, comme un gentil garçon. Mais ça pour le coup, ça peut bien attendre qu'il ait mangé. Killian veut bien qu'elle reste, mais pas utile qu'elle continue de s'inquiéter. Le pire est derrière à ce stade... Par contre la soupe est chaude et ça fait du bien. Fiou ! Il avait oublié, ou plutôt il s'en rendait pas compte à cause de l'adrénaline, puis de la douleur, mais il avait sacrément faim.

"Merci pour la soupe, elle est très bonne."

Le commentaire est sincère pour le coup. Sinead a sans doute pas eu le temps de passer encore, et il aurait sans doute galéré à se faire à manger. Oh il aurait réussi, pas la première fois, mais ça lui aurait pris un temps infini pour faire l'équivalent, et non sans grimacer. Alors même s'il peut pas vraiment dire qu'il soit content que Blondie reste alors qu'il est dans cet état, il apprécie l'attention...

Kylie reprend déjà les questions. Fallait s'y attendre ! Enfin celles-ci lui arrachent presque un sourire amusé. C'est pas tous les jours qu'on tombe sur une fille qui sait quels signes surveiller et quelles questions posées. À un autre moment, il aurait sans doute trollé les réponses pour le plaisir, mais Kill soupçonne qu'elle est toute aussi capable de lu mettre un coup dans sa blessure pour lui faire passer l'envie de la faire tourner en bourrique !

"Ça va. je suis juste explosé de fatigue et j'ai mal. Rien de surprenant. A priori pas de fièvre. J'ai vérifié l'une des plaies vite fait, pas de saignement. Je changerai les pansements tout à l'heure. Et apparemment je crève la dalle. Donc pour le moment tout va bien."

À part qu'il déteste cette journée, cette nuit, et tout ce pays, ça va finalement. Faut juste qu'il arrive à se rappeler que ça aurait pu être pire et qu'il s'en tire pas si mal. Juste que faire la conversation est un peu compliqué. Entre ce qu'il a vraiment envie de dire et ce qu'il peut laisser sortir devant Kylie, il y a potentiellement un monde...

"Et toi ? Comment tu vas sinon ?"

Pour le moment il manque d'idée, alors autant revenir aux bases tandis qu'il mange.

Homesick

La journée a pris un tour auquel Kylie ne s’était pas attendue. Certes, elle n’avait pas spécialement prévu grand chose, mais elle ne s’attendait pas pour autant à ce que Killian se soit pris une putain de balle dans le ventre pendant la nuit ! Ni qu’il aurait le culot de lui dire qu’il n’avait “rien de grave”. Au moins, maintenant qu’elle est chez lui, elle est rassurée quant à son état, c’est déjà ça. En prime, elle a même eu quelques réponses sur les événements de la nuit. Bon, elle n’est pas très sûre de savoir quoi faire avec ça, mais au moins, elle sait, ce qui est quand même mieux qu’un “rien de grave” qui a fait naître une boule d’angoisse dans son ventre. Kylie a beau savoir que Belle Gueule est sorti d’affaire, une part d’elle ne peut s’empêcher de s’inquiéter pendant qu’il dort sur le canapé. Même en se concentrant sur son dessin, dans un coin de son cerveau, elle imagine le pire.

Au moins, quand il se réveille, naturellement cette fois, certaines de ses angoisses se calment directement. Visuellement, il n’a pas l’air d’avoir de la fièvre. D’accord, elle n’est pas médecin - loin de là même - mais il y a quelques signes qui ne trompent pas en général, et Killian ne présente aucun d’entre eux. Autre point positif : il a l’air d’avoir de l'appétit, ce qui la rassure également, mais ne l’empêche pas de se montrer prudente. Elle ne sait pas depuis quand il n’a pas mangé - son dernier repas doit dater d’au moins la veille au soir d’après ses estimations - donc elle préfère y aller par étape. Killian a l’air d’accord avec ça d’ailleurs. Tant mieux, s’ils pouvaient éviter de batailler à chaque étape, c’est quand même mieux. Sauf qu’apparemment, Kylie en demande peut-être beaucoup puisque pendant qu’elle fait réchauffer la soupe, l’irlandais revient à la charge, lui rappelant qu’elle n’est pas obligée de rester. Soupir. Elle aurait dû s’y attendre. Sans se laisser démonter, elle termine de préparer la soupe qu'elle apporte au brun, avant de s’installer sur la table basse pour lui expliquer que si elle est restée, c’est parce qu’elle le veut justement.

La réaction de Killian lui laisse une impression mitigée. D’accord, il ne la contredit pas mais elle a presque l’impression qu’il capitule parce que l’idée d’argumenter le fatigue et… ça lui déplaît. Elle a vraiment envie de rester là pour prendre soin de lui et s’assurer qu’il va bien, mais elle n’a pas non plus envie de le faire aux dépens du brun. C’est pas le but. Non soupir, elle verra plus tard. De toute façon, Belle Gueule reprend la parole et Kylie se retrouve bien vite avec d’autres chats à fouetter. Ou plutôt, une affirmation qui lui fait lever les yeux au ciel.

- C’est justement parce que j’ai peur que tu fasses le con que je m’inquiète ! rétorque-t-elle sans hausser le ton.

Elle ne parle pas forcément de prendre des risques inconsidérés comme de se remettre au travail de manière beaucoup trop prématuré ou d’aller déclencher une bagarre dans un bar de camden. Elle sait que Killian n’est pas con à ce point, mais il pourrait déconner sur d’autres points. Comme se penser capable de cuisiner tout seul pour au final trop forcer sur ses points de sutures et rouvrir sa blessure ! Et ça, ce n’est que le premier exemple qui lui passe par la tête ! Elle préfère ne pas en chercher d’autres, ça ne mènerait à rien, si ce n’est l’inquiéter encore plus. Mieux vaut ne pas s’attarder là-dessus et plutôt se réjouir de voir Killian manger et apprécier sa soupe, un vrai plus ça !

- Contente qu’elle te plaise ! C’est parce qu’elle est faite par une française, ça rend tout meilleur ! lance-t-elle, par jeu, avec une fierté exagérée.

Elle est prête à parier que l’irlandais sait très bien que ça dépend de la personne qui cuisine et non de la nationalité de cette dernière, mais ça l’amuse trop de jouer avec ses origines pour qu’elle se prive de l’occasion. Et si ça peut faire sourire, au moins un peu, Killian, elle n’aura pas fait ça pour rien ! Comme elle n’a pas vraiment le cœur de faire la pitre - et ça se sent - elle redevient sérieuse pour demander à Belle Gueule comment il se sent. Comment il se sent vraiment, en posant des questions précises. Contre toute attente, sa sollicitude fait naître l’ombre d’un sourire sur le visage de Killian, preuve qu’il est plein de surprises. Ou qu’il ne va pas si mal que ça. Peut-être même les deux. Elle est quand même rassurée qu’il confirme oralement que ça va, mise à part la douleur, mais ça, c’est plutôt logique. Que la plaie ne saigne pas est aussi une bonne nouvelle, tout comme le retour de son appétit.

- C’est plutôt normal que tu sois fatigué, t’as pas beaucoup dormi… Mais tu vas pouvoir te reposer ! Je t’aiderais pour tes pansements, si tu veux, ça sera peut-être plus simple que de te contorsionner pour atteindre ton dos…

Elle se retient d’ajouter qu’elle a déjà aidé Adèle à changer ses pansements, elle n’est pas sûre qu’il soit d’humeur à entendre parler de son père. Elle pourrait ajouter qu’elle est formée aux premiers soins, mais elle n’a pas envie de donner l’impression de trop insister. Le but, ce n’est pas de le braquer, mais plutôt de prendre soin de lui.

- Tu veux manger autre chose ? J’ai préparé un pot-au-feu, c’est un plat français à base de bœuf et de légumes. Ça devrait te remplir l’estomac et tu pourras prendre des médicaments comme ça.

En espérant que les cachets calment efficacement la douleur mais comme elle ne sait pas ce que le médecin a refilé à Killian, impossible d’en être sûre. Malgré le bilan plutôt positif de l’état de l’irlandais, qui aurait pu être bien pire, elle n’irait pas jusqu’à dire que “tout va bien” mais elle s’abstient de revenir là-dessus. Ça lui semble plus sage et elle n’est pas là pour chipoter sur le moindre détail qui ne lui plaît pas. Si Killian gère mieux la situation en essayant de convaincre tout le monde que tout va bien, elle peut bien le laisser faire, même si elle n’est pas dupe. Par contre, quand il essaie de détourner la conversation sur elle en prenant de ses nouvelles, elle n’est pas sûre de vouloir le laisser faire. Pendant un instant, Kylie tergiverse et hésite à entrer dans son jeu ou à être honnête avec lui. Elle ne sait vraiment pas ce qui est le mieux mais, finalement, elle opte pour la vérité.

- Ce n’est pas moi qui me suis fait tirer dessus et qui aurait pu mourir cette nuit, Belle Gueule, souligne-t-elle avec douceur. On s’en fiche de comment je vais… Enfin, si tu y tiens, ça va, à peu près, mais c’est pas l’important. C’est pas anodin ce qui s’est passé et… je sais pas, peut-être que ça te remue ? Au moins un peu ? Si t’as pas envie de parler, je vais pas te forcer mais si jamais… Bah je peux t’écouter…

Mon dieu qu’elle n’est pas douée pour ce genre de choses ! C’est terrible ! Il faut dire qu’elle n’a pas vraiment l’habitude de ce genre de conversation non plus. La seule personne qui se confie vraiment à elle, c’est Tivan, et avec lui, elle n’a pas besoin de beaucoup insister pour qu’il crache le morceau. Il faut dire qu’elle le connaît tellement bien qu’en général, c’est facile de savoir ce qui le tracasse. Avec Killian, c’est un peu plus complexe, et elle espère vraiment qu’elle ne s’y prend pas trop mal.

Codage par Libella sur Graphiorum

La nuit ne s'était pas déroulée comme prévu, et apparemment, il en serait de même pour cette journée. Killian n'avait pas vraiment prévu de voir Kylie débarquer, et d'insister pour rester comme ça alors qu'à part comater, il allait rien pouvoir faire de cette journée. Et pas beaucoup plus pendant celles qui vont suivre. Sauf que d'habitude, il a juste sa carcasse à gérer. Là c'est tout de suite plus compliqué, et plus risqué ? Encore que ce soit pas tout à fait le mot. Puis bon, il est pas spécialement fan de l'idée qu'on puisse le voir dans cet état... Sauf qu'évidemment, Blondie voyait les choses autrement. C'est vrai qu'elle était têtue. Juste que d'habitude elle était têtue contre le reste du monde, alors que là elle l'était contre lui. À un autre moment, il aurait pu trouver ça amusant, voire sexy d'une certaine façon - c'était toujours sexy une femme de caractère -, mais là clairement, il avait pas trop moyen de lutter, et il la soupçonnait de s'en douter. Ça l'agaçait d'autant plus de pas pouvoir jouer avec elle comme ils en avaient l'habitude. Pas tellement contre elle, juste contre tout ce bordel. Alors pour le moment, il aime autant la laisser gagner.

Alors qu'il mange sa soupe, Blondie s'installe sur la table basse non sans lui faire un peu la leçon. Sans grande conviction, il tente quand même une déclaration pour la rassurer. Ce qui n'a pas l'air de marcher. Bordel, il a tellement une sale gueule que ça pour que ça marche pas ?

"Je vais pas faire le con. Quelqu'un l'a déjà fait à ma place alors pour le moment j'ai pas vraiment le choix."

Parce que bon, être blessé parce que justement il a fait le con, c'est une chose. Ça fait chier mais c'est une certaine justice, ça fait sens. Là pour le coup, devoir payer pour les conneries des autres, ça le gonfle déjà beaucoup plus.

"Après si tu veux des preuves, reste. Je vais pas te mettre dehors."

De toute façon il en aurait pas la force. Et puis il sait plus trop. Peut-être que c'est bien qu'elle soit là. C'est pas comme s'il s'était préparé une super semaine qui allait être gâchée par sa présence. Plutôt qu'il allait passer la semaine à broyer du noir en maudissant la terre entière. Une activité qu'on ne regrette pas spécialement. Le soucis c'est qu'il pense pas que l'activité en question prenne fin juste parce qu'elle est là. Et il a pas forcément envie de donner cette part de lui en spectacle.

En attendant, et parce qu'il a pas non plus envie qu'elle croit qu'il a quelque chose contre elle alors qu'il est juste de mauvaise humeur de manière indifférenciée, Killian tente un remerciement et un compliment. Sincères. C'est au moins une bonne chose dans cette journée nulle. En tout cas, l'air de fierté de Blondie ne lui échappe pas et lui tire au moins un sourire.

"Ha ! Je suis sûr effectivement que ça change absolument tout, c'est bien connu que la France sait cuisiner enfin. On en attend pas moins de ses représentants donc !"

Cette parenthèse plus légère ne dure pas malheureusement, puisque Blondie en revient déjà à son état. Killian s'en passerait bien mais bon. Surtout que bon, dans le fond, ça l'amuse de voir qu'elle sait quelles questions poser, même si dans le fond c'est pas vraiment surprenant. L'envie de jouer au plus malin repointerait presque le bout de son nez. Mais bon il vient juste de lui dire qu'elle pouvait rester si elle tenait tellement à vérifier qu'il jouait pas au con, alors ce serait un peu contre productif... Au moins les informations données ont l'air de rassurer Kylie. Il sait pas trop quoi penser du fait qu'elle l'aide pour les pansements. D'un côté, clairement ce sera plus pratique, et ça lui évitera d'attendre les dispos de Sinead alors qu'elle doit déjà s'adapter vu qu'elle ne peut pas compter sur lui pour les jumeaux. De l'autre, bon, c'est ptet un peu tôt dans une relation de couple pour en être déjà à changer des pansements de blessures par balle non ? En même temps bon, techniquement ça fait même pas deux mois qu'ils se connaissent et ça lui paraît drôlement plus... surtout que connaissant Blondie, si elle lui propose, c'est qu'elle est capable de gérer... alors autant prendre l'aide non ?

"Ça sera effectivement plus simple oui... merci."

Il lève un sourcil en entendant ce que Kylie a préparé pendant son sommeil. Ha ouai, il a vraiment dormi comme une souche pour pas entendre quoi que ce soit... et elle a vraiment dû se ronger les sangs.

"C'est gentil, mais pour le moment on va rester à la soupe... le temps de voir si ça passe correctement."

Aucun organe n'a été touché, ce qui est déjà une chance, mais vue la zone blessée, il préfère rester méfiant. C'est toujours un sacré bordel les tripes... Alors même si le système digestif en lui-même n'est pas toucher, son corps est encore assez fragile à ce niveau pour éviter de trop lui en demander d'un coup...

Comme la fatigue le rattrape et que les idées noires latentes depuis cette nuit ne sont jamais bien loin, l'Irlandais s'offre le droit de botter en touche en renvoyant la conversation à Blondie. La seconde de silence qui suit lui donne vaguement l'impression d'avoir réussi à s'en tirer sur ce coup-là. Ce qui prouve bien qu'il est complètement à l'ouest aujourd'hui... en temps normal il ne se serait pas cru tiré d'affaire aussi facilement... parce qu'au final, Kylie lui renvoie le tout comme un boomerang. Enfin en tout cas elle essaie. La formulation est maladroite, et une partie de lui lui aurait bien renvoyé au visage juste pour se débarrasser de la question. Il l'a déjà fait à d'autres parce que clairement, il était pas possible de parler de tout ça, alors à quoi bon. Killian est pas forcément du genre à déprimer et broyer du noir, du moins pas plus que tout un chacun. Ça lui arrive à l'occasion et ça repart. En revanche, vus les sujets, il garde ça pour lui et ça ne sort qu'à de rares personnes. C'est plus une habitude qu'un véritable choix. Alors là... il est plutôt perturbé par le fait d'en avoir un de choix.

"En vrai j'en sais rien Blondie si j'ai envie d'en parler ou pas. Par habitude jle fais pas parce que de toute façon y a pas vraiment d'espace pour."

Il hausse les épaules. Erreur de débutant qui le fait légèrement grimacer. Qu'est-ce que c'est mal branlé un corps humain ! Faut toujours que tel truc soit relié à tel autre et de fil en aiguille dès qu'on bouge ça tire de partout. Vraiment chiant ! Faîtes vous tirer une balle dans le ventre et vous découvrez comment tout est collé... Ceci étant, il replonge son nez dans son bol de soupe et complète d'une voix plus ombragée, rageuse.

"Du genre... qu'est-ce qui est le pire si j'étais mort ? Que ma mère puisse pas écrire le nom qu'elle m'a donné sur ma tombe ? Ou de mourir dans ce pays de cons sans avoir réussi à rentrer chez moi ? Si au moins j'étais sûr que ça serve à quelque chose, pourquoi pas. Sinon j'imagine que ça sert pas à grand chose d'y penser."

Homesick

Aucun doute possible, Killian est toujours grognon. Certes, elle comprend très bien pourquoi mais elle avait espéré qu’après sa sieste, ça irait un peu mieux mais apparemment pas. Quoique, elle note quand même une amélioration parce qu’il a l’air d’être grognon de manière générale et moins contre elle. Un progrès donc ! Au moins, il lui assure qu’il ne va pas faire le con, ce qui calme un peu son inquiétude, et il lui propose même de rester pour s’en assurer, ce qui fait sourire Kylie. Il a l’air d’avoir compris qu’elle ne compte pas bouger de là, c’est une bonne chose.

- Ça tombe bien, c’est exactement ce que je compte faire !

Avec la garantie qu’il ne va pas la mettre dehors, elle ne va pas s’en priver ! De toute façon, c’est pas comme s’il était en état de la mettre dehors manu militari ! Ok, elle se défendrait pas spécialement, parce qu’elle ne veut pas aggraver sa blessure, mais même comme ça, elle n’est pas sûre qu’il y arrive. Le mieux, c’est donc qu’il accepte sa présence !

Maintenant que ça, c’est réglé, elle laisse Killian manger sa soupe tranquillement. C’est pas parce qu’il a dit qu’il ne la mettrait pas à la porte qu’elle va s’amuser à jouer sa patience non plus. C’est pas son but, elle préfère qu’il se remette rapidement plutôt que le tourmenter inutilement. En plus, il a l’air d’apprécier la soupe puisqu’elle a le droit à un compliment, qui lui fait très plaisir, même si elle ne résiste pas à jouer les fières en affirmant que c’est normal parce qu’elle est française. Au moins, ses bêtises arrachent un sourire à Belle Gueule, elle prend donc ça pour une petite victoire personnelle.

- Et encore, c’est juste une soupe, attends de goûter le reste !

Sauf que fanfaronner c’est bien beau, mais c’est pas ça qui va l’aider à savoir comment va exactement l’irlandais. Du coup, elle retrouve son sérieux pour lui poser directement la question. Ou plutôt les questions, parce qu’elle se souvient très bien des signes qu’il faut vérifier pour s’assurer qu’il n’y a pas de complications. Malheureusement, ce n’est pas la première blessure par balle à laquelle elle est concentrée. L’avantage, c’est que Killian lui répond, avec honnêteté, sans chercher à édulcorer, et il accepte même son aide pour changer les pansements, ce qui la soulage. Par contre, elle s’est peut-être un peu emballée en lui proposant de manger autre chose, heureusement que Killian a un peu plus les pieds sur Terre qu’elle sur ce point-là.

- Hm… C’est peut-être plus sage en effet. Il en reste, si tu en veux encore.

Le silence revient après ça, parce que Kylie décide de le laisser manger tranquillement plutôt que de l’embêter. Sauf que ça doit déranger Killian puisqu’il relance la conversation en lui demandant comment elle va. Ah… Elle ne s’attendait pas à ça. Pendant un instant, elle réfléchit au meilleur moyen de répondre à cette question sans trop le brusquer parce que franchement, à cet instant, son bien-être à elle, c’est bien le cadet de ses soucis. Maladroitement, elle essaie de lui faire comprendre que, s’il en a envie, il peut parler de ce qu’il ressent, qu’elle l’écoutera, mais elle-même se rend compte qu’elle s’y prend mal. Franchement, elle s’attend presque à ce que Killian l’envoie gentiment bouler mais, contre toute attente, il lui répond. D’accord, c’est pour lui dire qu’il ne sait pas s’il a envie d’en parler ou pas mais au moins, il est honnête.

- Tu peux parler de ce que tu veux avec moi Killian.

C’est bien ce qu’elle fait, depuis le tout début d’ailleurs, alors elle ne voit pas pourquoi il ne pourrait pas faire pareil. D’accord, elle ne comprendra peut-être pas tout et peut-être que sur certains sujets, elle sera inutile, mais si au moins ça peut le décharger, ne serait-ce qu’un peu, elle est prête à l’écouter. Même si elle est nulle pour réconforter les autres…

La suite, par contre, lui tord le ventre. Certes, elle s’attendait à ce que frôler la mort le travaille, mais elle ne pensait pas que ça le travaillerait comme ça. Quelque part, elle comprend un peu ce qu’il ressent. Même si c’est différent, elle aussi vit dans un pays qui n’est pas le sien, elle aussi aimerait retourner vivre en France mais contrairement à Killian, elle a le choix de le faire ou non. Elle ne l’a pas fait parce que sa vie s’est construite à Londres et qu’elle ne veut pas laisser les gens qu’elle aime derrière. Killian, lui, n’a pas l’air d’avoir cette option, même si elle ne connaît pas exactement sa situation, sinon il serait sûrement reparti en Irlande depuis longtemps. Après un moment de silence, nécessaire pour accuser le coup et ne pas laisser parler ses émotions, Kylie répond, d’un ton calme et doux.

- Je ne la connais pas mais pourtant, je suis presque sûre que le pire, pour ta mère, ça serait pas d’écrire un autre nom que celui qu’elle t’a donné à la naissance sur ta tombe. Le pire, ça serait de te perdre… C’est ça, le plus terrible quand on meurt, on laisse un vide dans la vie des gens qu’on aime et qui nous aime, je suis pas sûre que le reste ait vraiment d’importance…

Du moins, c’est comme ça qu’elle voit les choses mais logiquement, ça devrait être pareil pour les autres, non ? Elle ne connaît pas vraiment la famille de Killian, même si elle en a entendu parler, mais elle est prête à parier qu’aucun d’eux ne veut qu’il meurt et qu’il le sait parfaitement. Quant au reste… elle n’est pas sûre que ce soit judicieux de s’attarder dessus. D’autant plus qu’elle ne voit pas en quoi la mort de Killian pourrait servir à quelque chose, il est forcément plus utile vivant, mais comme elle n’est pas sûre de savoir ce qu’il entend par là, elle ne préfère pas s’engager sur cette voie. Après hésitation, elle finit par ouvrir la bouche pour poser les deux questions qui la tracassent.

- C’est quoi ? Le nom que t’a donné ta mère ? Et pourquoi vous pouvez pas retourner en Irlande ? demande-t-elle doucement. Enfin, si t'es d'accord pour répondre…

Constater que Belle Gueule en sait autant sur elle mais qu’elle ne sait presque rien de sa vie est perturbant… Peut-être que ce n’est pas le bon moment pour lui poser la question, raison pour laquelle elle ne compte pas insister s’il garde le silence, mais avec un peu de chance, ça lui changera les idées. Ou ça le rendra encore plus grognon, c’est à double tranchant.

Codage par Libella sur Graphiorum

Bon, la question de la présence de Kylie était réglée. Par elle-même en bonne partie, mais soit. Non seulement il avait pas spécialement l'énergie de lutter, mais il fallait bien avouer que Killian n'en avait pas spécialement l'envie. Ok, à la base il avait pas spécialement envie qu'elle vienne, mais maintenant qu'elle était là, il avait pas particulièrement envie qu'elle s'en aille non plus. Ce qui faisait quand même pas mal de sentiments contradictoires pour quelqu'un avec une blessure dans le ventre comme ça ! Pour le moment donc, il va donc se concentrer sur l'étape de "manger". La soupe a l'avantage d'être facile à manger, et bonne de surcroit. Un fait qui a l'air de remplir Blondie de fierté, fierté qu'elle grossit, pour le principe. Il est donc temps de chanter à l agloire de la cuisine française semble-t-il. Au moins ça l'amuse. Ça donne une sorte de convalescence plus animé e que d'habitude.

Les vérifications d'usage sont faites, et a priori, pour le moment il s'en sort sans fièvre, et donc sans infection. Parfait. Faut juste que son corps refasse du sang... Enfin en attendant, il va quand même se méfier. Et ça implique d'éviter de se remettre à manger solide trop vite, même si la perspective de ce que la Français a pu cuisiner, quoi que ce soit - il est pas sûr d'avoir retenu le nom -, est plutôt tentante. Il vaut mieux attendre encore un peu. Il verra ce soir où il en est.

"Oui pourquoi, je vais pas dire non à un deuxième bol."

De manière surprenante, quand on a perdu beaucoup de sang, on a quelque peu faim. Vraiment très étonnant, qui l'eut cru. Manger fait du bien. Malgré tout, il n'est pas trop sûr de comment se comporter avec elle. Il a l'impression de rater un élément. Quelque chose. Faut dire qu'il a pas vraiment l'impression d'être dans le flou comme ça et de se sentir à la traîne. Rien de bien étonnant. Mais comme d'habitude il est tout seul, il n'a pas vraiment l'occasion de se rendre compte de son incapacité à être aussi vif que d'habitude. Là il a l'impression de courir après la conversation là où normalement il a plusieurs tours d'avance. Blondie insiste, et lui il reste bloqué là à se demander de quoi il pourrait avoir envie de parler. Il se frotte les yeux, comme si ça pouvait régler ce problème de brouillard interne.

"Ça je sais. C'est pas toi le problème."

Ils ont pas trop fait dans les secrets depuis leur rencontre. Faut dire qu'ils ont pas trop fait dans l'ordre non plus. Ni dans la retenue. Pas non plus qu'il ait spécialement envie de raconter ce genre de choses. Mais il a pas non plus pour projet de cacher activement des choses à Blondie. Surtout pas si elle demande.

Mais pour le coup, entre la fatigue et l'humeur nauséabonde, ça sort un peu n'importe comment. Un peu en vrac. De façon détourné. Mourir dans le fond, vue sa branche, il a accepté depuis longtemps que c'était une option plus que sérieuse. On peut pas avoir la Mort comme collègue de travail et prétendre qu'elle se retournera jamais contre vous si vous avez le malheur de lui tourner le dos un jour. Mais il y a des façons... quitte à mourir autant que ça serve à quelque chose, autant que ça ne soit pas une simple perte de plus. Blondie prend un temps de réflexion avant de répondre. il sait pas trop si c'est parce qu'au fond, il a peut-être dépassé une limite qu'elle pensait pas exister, ou si simplement elle est prise de court. Quoi que ce soit, elle finit quand même par répondre. Ça chatouille l'Irlandais. Pas qu'elle ait tort. Évidemment que dans le fond, pour sa mère, pour sa soeur, ça n'a pas d'importance. S'il meurt, le reste ce sera un détail. Même si ça viendra creuser encore plus la rancoeur qu'ils entretiennent tous depuis le départ d'Irlande.

"Ça en a pour moi."

Il formule cette vérité presque à mi-voix. Pas forcément qu'il en ait honte ou quoi. Juste que ce n'est pas si souvent qu'il a l'occasion de mettre des mots là dessus et qu'il ne voit pas à quoi ça l'avance. Mais bon encore une fois, elle a posé la question, et il n'a pas nécessairement prévu de lui faire plus de secret que son métier ne l'exige. Pour le reste, il tâche d'assumer au mieux, même s'il en est pas forcément fier. Ou à l'inverse présentement, qu'il y a certaines zones où il a trop de fierté pour accepter de passer outre. S'il meurt sans avoir pu rétablir le nom de ses parents, sans avoir pu venger un tant soit peu son pays, oui, il aura échoué, c'est un fait. Ce qui n'est pas évident car ce n'est pas vraiment comme si c'était destiné à autre chose que l'échec. Mais la plupart du temps, il préfère passer outre, justement parce qu'il faut bien ce genre d'audace pour que ça aune chance de marcher.

"Si ça en avait pas, je pourrais pas faire ce que je fais. Et si je meurs comme ça c'est que j'aurais échoué. Alors sans doute j'imagine que ça changerait rien aux yeux du monde, mais moi ça me ferait chier."

Et c'est un euphémisme. Mais c'est compliqué à expliquer. Surtout avec ce brouillard dans sa tête. Pourtant, c'est une conversation qu'ils ont plus d'une fois avec Sinead. Mais il ne sait pas trop comment la mener avec Blondie. Blondie qui reprend d'ailleurs ses questions. C'est vrai que jusque là, ils ont eu peu l'occasion d'évoquer le passé de Killian. Enfin plus précisément, son passé avant l'Angleterre. Surtout que vu qu'il était môme à l'époque, ce n'est pas tout à fait lui que ça peut potentiellement mettre en danger. Ceci dit, raconter l'histoire de sa famille, c'est raconter l'histoire de son pays et comme il ne sait pas trop où en est la Française sur ces notions là (déjà que même en Angleterre certains passent à côté alors que leur pays est directement impliqué !), il essaie de voir jusqu'à quand remonter. Après avoir réfléchi à un instant -et ça commence à l'agacer d'être aussi lent-, il se lance enfin.

"Y a une trentaine d'année, quand l'Angleterre a commencé à se prendre la tête avec l'Europe, ils ont aussi décidé de réabsorber la totalité de l'Irlande. Évidemment on était pas d'accord. Y a eu des soulèvements. Costauds les soulèvements. Mes parents y ont participé, et pas pour lancer des fleurs sur les soldats. Le gouvernement anglais a fini par faire appel au SHinc pour mater l'insurrection. Ça a été un bain de sang. Mes parents sont recherchés là-bas maintenant, alors on a dû fuir et changer d'identité. Techniquement, moi je peux y retourner, ma soeur aussi, vu qu'on était juste des gamins. Mais on essaie de pas le faire trop souvent, au cas où la douane finirait par percuter que nos papiers sont pas bons et que ça les mette sur la piste."

Jusque là, la stratégie de se cacher au milieu de l'ennemi, à la vue et au su de tous, leur avait plutôt réussi. Mais bon, inutile de jouer trop avec le feu non plus. Ce serait dommage de tout faire foirer maintenant...

Quant à l'autre question de Blondie, ça lui prend encore un moment à réfléchir. C'est pas tellement qu'il ne veuille pas lui donner son prénom de naissance. Pas tellement qu'il ne lui fasse pas confiance pour garder sa langue. Non, c'est plutôt qu'en plus d'être une information qui a de la valeur, c'est aussi une information avec un statut particulier. L'Irlandais repose son bol sur la table, histoire d'avoir les mains libres, comme si ça pouvait l'aider à mieux réfléchir pour formaliser quelque chose qu'il n'a encore jamais eu l'occasion de dire encore.

"Quant à mon nom... disons... enfin... tu te rends compte que les gens qui le connaissent à l'heure actuelle sont des gens qui vont rester avec moi toute ma vie. Ou en tout cas la majeure partie a priori. Et... je crois que j'ai pas envie que ça change. C'est pas un ultimatum ou quoi. Juste que moi ça représente une forme d'engagement, et j'aime autant que tu poses la question en connaissance de cause."

À elle de voir maintenant si elle veut vraiment la réponse ou si elle préfère changer de sujet. Dans le fond, il s'en tape qu'elle l'appelle Killian, ça ne change rien au reste. Mais lui donner son prénom de naissance, c'est la faire rentrer dans un cercle assez retreint, et il est pas question qu'elle le fasse sans s'en rendre compte... ça leur retomberait dessus à tous les deux d'une façon ou d'une autre.

Homesick

Pour le moment, Killian mange, il apprécie même sa soupe, ne la met pas dehors et ne présente aucun signe d’infection. On peut donc dire que tout ça est plutôt positif, malgré la situation catastrophique dans laquelle ils se trouvent. Catastrophique est peut-être un bien grand mot mais Kylie ne voit pas comment qualifier autrement le fait que son copain se soit pris une balle dans le ventre et ait failli mourir. Les choses se compliquent un peu plus quand Belle Gueule essaie de détourner la conversation de lui en lui demandant comment elle va. Comme elle juge que pour l’instant, elle est loin d’être la priorité, elle répond succinctement avant de l’inviter, maladroitement, à lui parler de ce qui s’est passé si ça le travaille. Elle n’est pas étonnée d’apprendre qu’il n’a pas l’habitude de discuter de ce genre de choses, il ne doit pas avoir beaucoup de gens avec qui échanger sur les risques du terrorisme ou les difficultés du métier d’artificier. Par contre, elle est un peu plus surprise d’apprendre que, s’il ne lui parle pas, ce n’est pas à cause d’elle. C’est peut-être anodin mais cette simple affirmation lui réchauffe un peu le cœur et fait naître un sourire timide sur son visage. Sentiment qui s’intensifie, pendant un temps, quand Killian s’ouvre effectivement sur le sujet pour disparaître complètement suite aux propos.

Si elle s’attendait à ce que la possibilité de mourir inquiète l’irlandais, elle se trompait. Ce qui l’inquiète en réalité, c’est de mourir sans que la situation de sa famille ne soit réglée. Enfin, c’est ce qu’elle comprend de ce qu’il lui dit, même si elle n’est pas sûre d’avoir toutes les clefs pour comprendre vraiment ce qu’il ressent. Résultat, quand elle essaie de lui expliquer que sa mère se fiche probablement du nom qu’elle devra mettre sur la tombe de son fils s’il meurt parce que le plus grave sera la perte de son fils qu’elle aime, elle tape un peu à côté de la plaque. Alors quand Killian lui répond que ça a de l’importance pour lui, elle se retrouve prise de cours. Quelque part, c’est logique, si ça n’avait pas d'importance, ça ne le tracasserait pas, mais elle ne sait pas comment réagir pour autant, et la manière dont il lui a dit ça ne l’aide pas à se positionner. Elle n’aime pas le voir comme ça, parce qu’elle se sent impuissante mais, paradoxalement, ça la touche aussi qu’il accepte de se montrer vulnérable devant elle, même si elle n’est pas sûre que ce soit vraiment conscient, peut-être que ça découle juste de son état.

- Il y a pas que toi que ça ferait chier si tu meurs… souffle-t-elle avec une pointe de tristesse. Mais je crois que je comprends ce que tu veux dire…

Elle n’en est pas sûre parce qu’elle n’est pas du tout dans la même situation que lui. Oui, elle aimerait retourner vivre en France mais concrètement, elle le peut. Elle n’est pas contrainte de rester dans un pays qu’il déteste comme lui, même si elle ne sait pas vraiment pourquoi. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle lui pose la question, avec douceur, en espérant qu’il lui répondra. Elle en profite aussi pour lui demander son nom de naissance puisque ça a l’air de le tracasser. Elle ne sait pas trop comment se positionner par rapport à ça, elle a beau savoir que Killian n’a rien à voir avec son abruti d’ex, la situation est quand même vachement similaire alors difficile de ne pas comparer… Après, elle a aussi conscience que le moment est peut-être mal choisi donc elle lui laisse le choix de lui répondre ou non. S’il ne le fait pas, elle ne lui en tiendra pas rigueur. Contrairement à Alejandro, elle sait que Killian ne cherche pas spécialement à lui cacher des choses. Pour preuve, il décide de lui expliquer la situation, même s’il n’est pas dans son assiette.

Kylie savait que la situation était tendue entre l’Irlande et l’Angleterre, elle le savait même avant de rencontrer Killian et sa haine des anglais, mais elle ne savait pas vraiment pourquoi. Quand elle est arrivée à Londres, elle avait sept ans et par la suite, disons qu’elle avait d’autres chats à fouetter que de se renseigner sur la situation géopolitique du pays. Et comme cette histoire n’a pas vraiment été abordée dans son programme scolaire, elle découvre totalement l’ampleur du conflit avec le récit de Killian. Elle n’est pas vraiment étonnée d’apprendre que l’Angleterre a profité d’une situation merdique pour s’approprier un territoire qui n’était pas à eux, même en France les rosbifs sont connus pour être des envahisseurs, ça fait sens. Elle n’est pas non plus surprise d’apprendre que les irlandais ne se sont pas gentiment laissés faire. Elle est un peu plus surprise d’entendre que les parents de Killian ont participé à tout ça, et pas pour “jeter des fleurs aux soldats” comme il le dit - il n’y a vraiment que lui pour présenter les choses comme ça - même si elle aurait pu s’y attendre vu l’aversion des anglais qui a l’air de courir dans la famille. Le fait que le SHinc ait été appelé pour calmer les conflits tire une grimace à Kylie, même si elle essaie de la retenir. Ça devait pas être beau à voir… et ça explique la position de Belle Gueule face au SHinc…

- C’est… Je savais pas que ça s’était passé comme ça, avoue-t-elle après avoir pris le temps d’assimiler tout ça. Je suis désolée que vous ayez été chassé de chez vous comme ça alors que c’est clairement l’Angleterre qui a fait de la merde… Ça doit pas être facile, surtout si tes parents sont recherchés…

Pour le coup, elle sait ce que ça fait puisqu’elle est plus ou moins dans la même situation : elle est libre d’aller et venir en France comme elle le souhaite, mais pas Adèle qui est recherché pour meurtres dans son pays natal. Néanmoins, elle s’abstient de faire ce parallèle à voix haute. Elle a suffisamment conscience de l’animosité qu’il y a entre l’irlandais et son père pour savoir que le mentionner alors qu’il est déjà grognon reviendrait à jeter de l’huile sur le feu.

- Du coup… Tu milites pour que l’Irlande retrouve son indépendance, c’est ça ? Et que les gens qui ont participé aux révoltes ne soient plus recherchés et condamnés ?

Sa question peut peut-être paraître stupide - et quelque part, elle l’est - mais elle préfère la poser quand même pour s’assurer d’avoir bien compris la situation. Elle comprend, vraiment, pourquoi Killian en est arrivé là, probablement qu’à sa place, elle ne serait pas non plus restée sans rien faire, elle ne s’attendait juste pas à ce qu’il ait cette histoire familiale. Ni qu’il ait dû changer d’identité.

Bien qu’elle n’arrive pas à mettre le doigt dessus, Kylie a l’impression que quelque chose dans l’atmosphère, ou dans l’attitude de Killian. Si bien que quand ce dernier repose son bol sur la table, elle fronce légèrement les sourcils, ne sachant pas trop où la suite va l’amener et quand Belle Gueule ouvre la bouche, elle comprend qu’elle a mis le pied sur une mine sans le vouloir. Et que la mine en question est différente de ce à quoi elle s’attendait. Connaître le vrai nom de Killian, c’est s’engager, sur le très long terme, ce qu’elle n’a absolument pas vu venir. Elle ne se rendait pas compte de ce que cette information impliquait et, forcément, ça change la donne. Une fois encore, Kylie reste silencieuse un instant, le temps de réfléchir à tout ça et de prendre une décision en toute connaissance de cause. Sauf que ce n’est pas le genre de décision qu’elle peut prendre en deux minutes, assise sur une table basse, après avoir passé la matinée à se ronger les sangs parce que l’homme qu’elle aime ait failli mourir putain !

- Non, je me rendais pas compte de ça… admet-elle finalement avec un faible sourire. Et… Je préfère que tu me répondes pas du coup…

Elle sait que c’est la bonne chose à faire, que prendre la décision de s’engager maintenant auprès de Killian serait irréfléchi, pourtant ça ne l’empêche pas d’avoir l’estomac noué. Quelque part, elle a l’impression de repousser l’irlandais et ce n’est pas ce qu’elle veut, bien au contraire même ! C’est pourquoi elle décide d’expliquer sa décision à Killian, pour s’assurer qu’il ne se méprenne pas sur ses intentions.

- Ça veut pas dire que je ne veux pas m’engager avec toi ou que j’y songe pas. Je…

Merde, c’est plus difficile à dire qu’elle ne l’aurait cru ! Peut-être parce qu’elle sent l’émotion lui nouer la gorge mais elle ne veut pas baisser les bras pour autant. Il a le droit de savoir. Ou plutôt, il doit savoir. Il aurait pu mourir cette nuit, elle aurait pu le perdre, sans que jamais il ne sache ce qu’elle ressent pour lui et cette idée lui tord plus le ventre que celle de se jeter à l’eau pour lui avouer ses sentiments.

- Je t’aime Belle Gueule, et bien sûr que j’ai envie de construire quelque chose avec toi, j’ai pas envie que t’en doutes. Mais je pense pas que ce soit une bonne idée de prendre une décision de cette envergure aujourd’hui, alors qu’on est tous les deux remué par les évènements…

Elle espère qu’il comprendra son point de vue et, surtout, qu’il ne lui tiendra pas trop rigueur de ce retour en arrière. Quelque part, elle sait déjà qu’elle est prête à s’engager sur cette voie avec lui, mais elle préfère s’assurer que cette certitude n’est pas motivée parce qu’elle a failli le perdre cette nuit et pour ça, il faut qu’elle y réfléchisse à tête reposée.

Codage par Libella sur Graphiorum

Il a pas vraiment l'habitude de se confier comme ça. En tout cas pas avec qui que soit d'autre que Sinead, pour qui c'était en bonne partie le cas aussi, même si c'était sur d'autres choses. Alors forcément, c'est un peu chaotique. D'autant que Kylie n'a pas l'air trop sûr de la façon de mener ce genre de conversation, tandis que Killian est toujours en bonne partie dans le brouillard. Mais a priori, ils sont tous les deux coincés là jusqu'à rétablissement de l'Irlandais. Alors dans le pire des cas, ils ont tout le temps de passer par tous les chemins biscornus nécessaires pour aller jusqu'au bout des informations à partager.

Comme par exemple tenter d'expliciter pourquoi ça l'emmerderait de mourir. Au delà du fait de ne plus être vivant cela va sans dire... Ça le fait légèrement sourire de savoir que ça l'emmerderait elle aussi s'il mourrait. En temps normal il aurait bien fanfaronné mais là, il a malheureusement pas l'énergie de ce genre d'imbécilités. Peut-être un autre jour. En plus, là ce serait sans doute trop tôt pour plaisanter sur le sujet. Alors autant ne rien ajouter à ça. De toute façon c'est pas comme s'il cherchait activement à mourir non plus ! Il espère juste réussir à lui faire comprendre pourquoi c'est important pour lui, que si sa mort peut servir à quelque chose, en soi, ça lui va. Que c'est l'idée de mourir pour rien, surtout en Angleterre, qui lui tord le bide.

Forcément, ça amène d'autres questions. Mais pour pouvoir y répondre, il faut revenir un peu en arrière, tant l'histoire des Murphy est liée à celle de l'Irlande, or Killian se doute bien que la jeune Française a dû rater ces épisodes-là. Alors autant prendre le temps d'en faire un résumé rapide histoire de pouvoir expliquer la situation de sa famille. L'intuition était bonne puisque Blondie lui confirme qu'elle ignorait effectivement tout de cette situation. Pas facile, c'est effectivement le moins qu'on puisse dire. Il hausse les épaules, visiblement attristé.

"Bah... d'autant qu'on a passé l'âge de croire qu'on pourra retourner au pays. Plus on avance, plus on fait notre vie ici. De fait, on peut pas se permettre de rester en pause. Une bonne partie de mes amis sont anglais, je dirige une entreprise avec l'un d'eux. Sinead a eu des enfants qui sont en partie anglais, et ça a d'autres implications. Retourner en Irlande ça voudrait dire renoncer à ce qu'on a dû construire "en attendant". Et pour les gamins... disons que même si ma soeur aurait voulu qu'ils naissent au pays, repartir maintenant ça veut dire les déraciner, et elle a pas forcément envie qu'ils vivent ce qu'on a dû vivre à l'époque."

Sans compter qu'en théorie, les mômes ont un père. Au moins sur le papier. Pour le reste, c'était encore à prouver justement...

"Doooooonc. On a pas envie d'être ici, mais dans la mesure où partir est pas complètement une option, on a construit nos vies. Le tout avec la masse de contradictions que ça implique."

Non vraiment, faire sauter des trucs c'était quand même vachement plus simple que d'avoir à réfléchir sur le fait que son meilleur ami était tout ce qu'il y a de plus anglais, ou qu'il avait dû s'allier à d'autres british pour espérer faire tomber le SHinc, tandis que ses neveux se retrouvaient dans des écoles tout ce qu'il y a de plus anglaises...

"Mais ouai, pour mes parents c'est encore plus compliqué forcément."

Ils avaient dû renoncer à beaucoup : leur pays, leurs amis, une partie de leur famille, leur statut social. Tout ça pour recommencer à zéro dans le pays à cause de qui ils avaient perdu tout ça. Pas la joie. Enfin tout le monde avait fini par faire contre mauvaise fortune bon coeur. Même s'il y avait des jours où le moral était mauvais, se laisser démonter ça aurait été concédé la victoire jusqu'au bout, et ça c'était hors de question pour qui que ce soit. Ce qu'il peut d'ailleurs préciser à Blondie vue la question suivante. Même si le choix du terme "militer" l'amuse un peu tant c'est un léger euphémisme vu l'endroit de la lutte où il se situe.

"C'est ça l'idée. Indépendance de l'Irlande, reconnaissance des crimes de guerre de l'Angleterre. Et si au passage on peut défoncer le SHinc et le gouvernement anglais dans la foulée je vais pas m'en priver."

Peut-être qu'il y a un peu de vengeance dans les choix de Killian. Un peu beaucoup. Le militantisme pacifique, c'est pas trop son domaine. Tout comme il a plus qu'envie de leur faire payer pour tout ce que ses proches ont pu perdre, tout ce qu'ils ont dû sacrifier. Ce serait trop facile de s'en tirer en signant un bout de papier !

Ceci étant dit, il reste encore la question de son nom de naissance qu'il avait éludé jusque là. Justement parce que cette question-là aussi, elle est porteuse de tout ce bagage. Pas forcément un bagage dont il souffrirait au quotidien, mais Killian estime que c'est quand même à prendre en compte. Son nom, c'est donc pas quelque chose qu'il compte lui jeter au visage comme ça entre deux gorgées de soupe et un changement de pansement. Alors l'Irlandais préfère Kylie de ce que ça implique. Qu'elle prenne correctement sa décision plutôt que de demander à l'aveugle... parce que lui, il a clairement pas envie de donner son nom à quelqu'un qui ne resterait dans sa vie que quelques mois, quand bien même ce serait des mois incroyables. Ça n'aurait pas de sens pour lui. Et il n'avait pas non plus l'intention de la prendre en otage dans cette relation...

Forcément, la réponse de Blondie pique quand même un peu, même s'il n'en montre rien. Il voulait qu'elle prenne une vraie décision, elle l'a fait. Même si ce n'est pas forcément agréable, il aime autant qu'elle accorde de l'importance aux choses qui en ont pour lui et les traite comme tel. Pas question de la faire culpabiliser ou quoi. De toute façon, c'est pas vraiment comme si lui-même avait anticipé cette dimension-là et avait prévu de lui en parler à ce stade de leur relation. Ils avaient juste été rattrapé par la vie (ce qui était un brin vexant dans le fond, mais c'est un autre sujet).

"Très bien. On fait comme ça alors. Merci d'avoir pris le temps d'y réfléchir."

À cet instant, c'était ça le plus important dans le fond. Plus que la réponse en elle-même. Ceci dit, Blondie n'a pas l'air d'être satisfaite de se contenter de ça puisqu'elle reprend déjà. Sauf que ça a l'air compliqué à sortir, alors cette fois c'est à son tour d'attendre. Faut dire que même si tout est frais, il a déjà bien compris que dire les choses n'était pas forcément la spécialité de la jeune femme. Il a déjà l'habitude de la laisser prendre le temps de connecter les phrases ensemble... Toute façon, encore une fois, ils ont tout le temps. Pas comme s'il allait où que ce soit !

D'autant que dans le fond, ça vaut le coup si c'est pour s'entendre dire je t'aime. Franchement, ça vaudrait presque la balle qu'il s'est prise dans le bide cette nuit ! Bon ça il le garde pour lui parce que ça ruinerait quand même un peu le tout et qu'il est sûr qu'il se ferait engueuler. Puis bon, même lui préfère savourer. Killian se contente donc de sourire tendrement.

"Ça me va. Je t'aime Blondie."

Après de son côté, "remué" est un bien grand mot. La situation est plus habituelle disons... tout ce qu'il y a de plus désagréable, certes, mais quand même... Ceci dit il est d'accord avec elle, il est pas dans un état à prendre la moindre décision. Là dessus elle a raison, et sans débat. Bien pour ça qu'habituellement il reste tout seul dans son coin. Ce qu'il n'est pas cette fois-ci. Et peut-être que finalement ça, c'est vraiment pas désagréable.

Du coup, histoire de sceller tout ça, Killian prend doucement la main de Blondie pour l'attirer contre lui, tout aussi doucement parce que ça fait quand même un peu mal. Malgré tout, il a quand même envie de pouvoir être blottis l'un contre l'autre.

"Tu vas finir par avoir des fourmis à rester sur cette table... on est mieux dans le canapé..."

Homesick

La situation décrite par Killian sonne très familière aux oreilles de Kylie. Forcément, puisqu’elle vit quasiment la même chose ! Au détail près qu’elle peut retourner en France si bon lui semble, ce qui n’est pas le cas d’Adèle. Encore qu’elle n’en est plus si sûre : Kylie Saint-Charles est une fausse identité et Kylie Brillaud est en théorie recherchée parce qu’elle a été enlevée, alors ça change sûrement la donne. Dans le fond, ça ne change pas vraiment sa situation : elle aimerait retourner vivre en France, mais elle a construit sa vie en Angleterre et elle n’a pas envie de tout abandonner. Le paradoxe décrit par Belle Gueule, elle ne peut que le comprendre puisqu’elle le vit elle-même. Ce qui explique sa mine compatissante quand il lui parle de tout ça.

- Oui, je comprends, je suis plus ou moins dans la même situation… C’est vrai que c’est pas facile, surtout pour ta sœur qui a ses enfants j’imagine, parce qu’on se retrouve coincé entre ce qu’on aimerait retrouver et ce qu’on a construit ici…

Et comme la décision est loin d’être simple, ils continuent de construire leur vie à Londres et la décision est encore plus difficile à prendre. Ce qui engendre un putain de cercle vicieux. Quelque part, Kylie trouve que c’est presque plus facile pour Adèle ou pour les parents de Killian : comme ils ne peuvent pas retourner dans leur pays, ça leur fait une possibilité en moins. Même si elle comprend ce que l’irlandais entend quand il dit que la situation est encore plus compliquée pour ses parents.

- T’avais quel âge quand vous êtes arrivés en Angleterre ?

A priori, il devait être assez jeune quand c’est arrivé, puisque le conflit entre l’Angleterre et l’Irlande a commencé il y a une trentaine d'années. Il n’était pas encore né quand ça a commencé mais comme il lui a dit que sa sœur et lui ont été déracinés et que sa sœur ne veut pas de ça pour ses gosses, ça change la donne. Il doit avoir des souvenirs de sa vie en Irlande pour utiliser des termes pareils, et ça la rend curieuse. Même si ça ne l’empêche pas de mieux comprendre pourquoi Killian est engagé dans la lutte contre l’Angleterre. Avec un passif comme le sien, c’est plutôt logique, même si elle préférerait que ses actions contre le gouvernement anglais ne lui apportent pas des balles dans le ventre ! Chose qu’elle garde pour elle. Dans le fond, elle a bien conscience que lui demander d’arrêter reviendrait à lui demander de changer et elle n’en a pas envie. Elle l’aime comme il est et elle préfère qu’il reste lui-même ! La liste de ses revendications tire un léger sourire à Kylie, qui le reconnaît bien là. Vraiment, ça serait hypocrite de lui demander de se calmer alors qu’elle aime ce côté hargneux et revanchard chez lui.

- Je me doute, oui, que tu t’en priveras pas ! Tu dois même être volontaire pour ça !

Si le ton est un peu plus amusé pour cette remarque, Kylie retrouve vite son sérieux pour poser une dernière question à Killian, lui demandant son nom de naissance. Elle ne sait pas trop comment il se situe par rapport à ça, s’il vit mal d’être appelé Killian ou s’il s’y est fait donc elle préfère avoir l’information de sa bouche. Sauf que la question est loin d’être anodine comme elle le découvre, et qu’elle représente une forme d’engagement. Un engagement qu’elle ne se sent pas en état de prendre maintenant, donc elle se rétracte. Même si elle se sent mal et un peu coupable de le faire. Elle espère vraiment que Belle Gueule ne va pas mal le prendre mais a priori ça va puisqu’il la remercie d’avoir pris le temps d’y réfléchir. Malgré tout, ça n’allège pas ce qu’elle ressent donc elle décide d’expliquer à Killian pourquoi elle a pris cette décision. En lui avouant au passage qu’elle est amoureuse de lui. Ce qui est beaucoup plus dur à dire qu’elle ne l’aurait cru.

Heureusement pour elle, la réaction de Belle Gueule ne se fait pas attendre. Un sourire tendre s’étire sur son visage quand elle lui dit qu’elle l’aime et d’un seul coup, elle a l’impression de mieux respirer. Comme si un poids avait disparu de sa poitrine, ce qui est un peu le cas. Quand il lui dit qu’il l’aime à son tour, son cœur se met à battre plus fort et c’est à son tour d'afficher un sourire plein de tendresse et d’amour. Là, en cet instant, elle comprend un peu mieux pourquoi Tivan s’accroche autant à l’amour en déclarant à qui veut l’entendre, mais surtout à elle, que c’est génial. La déclaration de Killian lui donne envie d’aller l’embrasser mais elle se retient, parce qu’elle a peur de lui faire mal, ce qui gâcherait passablement le moment. Belle Gueule doit être plus ou moins du même avis puisqu’il lui prend la main pour l’attirer sur le canapé avec lui et elle se laisse faire avec plaisir, s’installant du côté opposé à sa blessure par précaution.

- On est surtout mieux contre toi, répond-elle en s’asseyant à ses côtés.

Pour appuyer ses dires, elle se cale contre lui, de manière à ce que leurs corps se touchent, mais pas trop non plus pour éviter de l’écraser. Comme les baisers passionnés et tout ce qui en découle attendront qu’il soit complètement remis, Kylie se contente de l’embrasser tendrement mais brièvement avant de poser la tête sur son épaule, sa main toujours dans la sienne. Elle se sent bien là, contre lui, rassurée sur son état et par la réciprocité de leurs sentiments. Elle a l’impression qu’il n’y a plus vraiment d’ombres au tableau jusqu’à ce que son esprit lui rappelle qu’il reste encore un non-dit entre eux. Un non-dit qui pourrait bien changer les choses et dont il vaudrait mieux parler maintenant, même si ça l’effraie un peu. Pour le coup, elle n’a pas envie de laisser pourrir ça donc elle décide de se lancer. Peut-être que le fait de savoir que Killian l’aime la rassure quand à l’issue que cette révélation pourrait avoir, ou peut-être qu’elle en a juste marre des secrets. Elle ne sait pas trop, mais le résultat reste le même.

- Tu as dit tout à l’heure que si tu pouvais, tu te priverais pas de défoncer le SHinc et je sais que tu supprimes des super-héros, paraît même que t’es doué pour ça, commence-t-elle avec une pointe de taquinerie sur la fin. Mais tu penses quoi des personnes qui ont un pouvoir ? On en a jamais vraiment parlé…

C’était loin d’être l’entrée en matière la plus subtile qu’elle ait faite mais tant pis. Au moins, avec ça, Killian devrait comprendre vers où la conversation se dirigeait - à moins qu’il ne soit vraiment trop dans le brouillard pour ça - et elle pourrait commencer à jauger sa réaction.

Codage par Libella sur Graphiorum

Dans le fond, l'Irlandais n'est pas vraiment surpris d'entendre que Blondie connaît quelque chose de similaire. Maintenant qu'il y pense, c'est plutôt logique. Simplement le sujet n'était jamais venu entre eux avant aujourd'hui. Enfin, il n'était jamais venu sérieusement. Quand ça venait sur le tapis, c'était en général pour plaisanter sur la supériorité de leur patrie de naissance, soit en général, soit sur l'Angleterre. Alors ce n'est pas vraiment surprenant, mais le sérieux de la conversation présente jette un jour nouveau sur tout ça. D'habitude il en parle avec Sinead, justement par rapport aux jumeaux, qui viennent rajouter une couche de complexité à la situation. Alors ce nouvel éclairage, ça a quelque chose d'apaisant. Ça sort de ses cercles. Même si ça n'apporte toujours pas de solution, savoir que Blondie peut comprendre ça, c'est quelque peu rassurant. Un peu comme s'il prenait simplement confiance que c'était important pour lui.

"C'est un bon résumé oui... Peut-être que l'herbe est toujours plus verte ailleurs, j'en sais rien..."

C'était difficile de savoir ce qui relevait de la réalité, ce qui relevait du fantasme, du souvenir embelli de l'enfance, et de quelque chose de nourri par la colère et le ressentiment. Killian avait suffisamment la tête sur les épaules pour avoir conscience qu'il idéalisait sans doute son pays de naissance, Sinead ne s'était pas privée de lui signaler. Bien pour ça qu'il ne passait pas non plus ses journées à attendre de pouvoir rentrer sans rien construire. Il n'empêche que le sentiment de perte était quand même là.

"J'avais 9 ans, ma soeur 6. Et toi ? T'es arrivée à quel âge ?"

Il se souvient plus vraiment de ce qu'il avait trouvé à l'époque où il avait fait ses recherches sur C. Ou plutôt, les informations en question sont prises dans le brouillard. De toute façon ce n'est pas bien important à l'instant T. Pour une fois il ne s'agit pas de coincer l'autre, plutôt qu'elle lui raconte avec ses mots à elle... La situation a quand même bien changé depuis l'époque de ces recherches ! Autant entendre l'histoire de la bouche de la principale intéressée... Puis si elle connaît le sentiment, c'est qu'elle devait pas être trop jeune non plus quand elle est arrivée.

Après avoir parlé du passé, c'était presque logique de parler du futur, ou en tout cas de ses objectifs. Même si les deux sont liés et qu'il paraît étrange de les séparer autant, c'est logique. Au moins maintenant, les liens de cause à effet doivent être plus clairs pour Blondie. Puis vu qu'elle sourit, elle doit approuver au moins un tout petit peu. Ce qui le fait sourire aussi, de ce sourire légèrement carnassier qu'on lui connaît, même s'il est amoindri par une fatigue évidente cette fois-ci.

"Il faut bien que certains se dévouent pour mettre les mains dans le cambouis !"

Ça c'est sûr qu'il se portait volontaire. Après tout c'était bien pour ça qu'il avait rejoint les Knives à la base. Même si leurs objectifs n'étaient pas tout à fait les mêmes, bosser avec eux permettaient parfois de participer un peu plus à fragiliser le SHinc, et donc le gouvernement anglais au passage.

Restait alors la question de son nom de naissance... Peut-être que ce non n'est pas le plus agréable, ça ne l'est jamais vraiment, mais Killian aime autant ça. Il aurait encore moins apprécié qu'après toute cette conversation, Kylie prenne le sujet à la légère. C'était une étape importante, et après tout, initialement, il n'avait pas prévu de la passer si tôt. Techniquement il n'avait même pas prévu qu'elle débarque ici ! Alors le reste... Les déclarations d'amour non plus n'étaient pas prévus, mais à ce stade, ils n'étaient sans doute plus à ça près ! Mais ça devient étrange de rester aussi loin pour une telle conversation ! Alors d'une main, il invite doucement Blondie à le rejoindre sur le canapé. Ok il est cabossé, mais ils peuvent quand même se blottir l'un contre l'autre, sinon c'est vraiment trop triste ! Certes, le baiser est sage, ce qui les change, mais ça reste doux. Quand elle se cale sur son épaule, il se contente de coller sa joue sur le haut de sa tête.

Ceci étant, la conversation n'est semble-t-il pas terminée. Même si Blondie tente de conserver le ton de la plaisanterie, la question lui paraît quand même étrangement précise. Après, il est toujours trop à la ramasse pour aller plus loin que ça. Mais bon, encore une fois, c'est pas comme s'il essayait d'avoir le dessus, alors il peut bien se permettre de se contenter de suivre le courant.

"Pas grand chose. Jsuis pas nazi non plus... C'est un peu con d'en avoir après des gens pour des choses qu'ils ont pas choisi."

Ils avaient déjà eu cette conversation avec Major qui avait un point de vue bien arrêté sur la question. Ce qui était un peu ironique vu qui était sa femme, mais bon... les cordonniers les chaussures pourries, tout ça tout ça.

"Ce que ces gens choisissent, c'est ce qu'elles en font... Donc... clairement, je vais retrouver les ordures qu'ont participé aux massacres en Irlande, mais pas parce qu'elles ont un pouvoir, juste parce qu'elles ont choisi de massacrer mon peuple avec. Pour le reste je m'en tape un peu dans le fond. C'est juste un boulot comme un autre."

Donc oui, il en avait buté pour des gens qui n'avaient pas d'autres motifs que "ils ont des pouvoirs". Tout comme il avait aussi tué des innocents dans le fond. C'était un boulot. Quand il choisissait qui y passait, pouvoirs ou non n'était pas un critère.

"Pouvoir ou pas, ça reste des humains. C'est plus intéressant de juger les gens pour ce qu'ils choisissent que pour un truc avec lequel ils sont nés."

Enfin c'était comme ça qu'il voyait les choses. Au quotidien, franchement, il s'en foutait. N'empêche que ceci étant dit, il avait bien envie de savoir pourquoi diable Blondie avait des questions aussi précises. C'était le métier de son père, alors bon, il serait bien surprenant qu'elle ait quelque chose à lui reprocher sur le sujet maintenant. Mais vu comment sa pensée patauge dans la semoule, autant demander à l'intéressée.

"Pourquoi cette question ?"

Homesick

Est-ce que l’herbe est vraiment plus verte ailleurs ? Kylie aurait tendance à dire qu’elle est surtout plus verte en France, mais ça rejoint exactement ce dont ils sont en train de discuter. C’est bien pour ça que leur situation est si compliquée et qu’ils sont dans une impasse. Un soupir lui échappe à cette conclusion. De toute façon, ça ne sert à rien de débattre pendant une demi-éternité alors qu’ils ont parfaitement conscience des enjeux, et que l’irlandais n’est pas vraiment en état. Elle préfère donc laisser la partie dilemme de la conversation de côté pour revenir sur du concret pour essayer de mieux cerner la situation de Killian. Killian qui est arrivé en Angleterre quand il avait 9 ans donc. Elle comprend un peu mieux son attachement à son pays natal, il doit avoir plein de souvenirs liés à l’Irlande qui lui donnent envie de rentrer à la maison.

- J’avais sept ans, je suis arrivée juste après la mort de mon père… Enfin, de Loïc, quand Adèle a commencé à s’occuper de moi.

Quand elle est arrivée en Angleterre, c’était très compliqué pour elle. Elle était petite encore, elle venait de perdre la personne la plus importante pour elle, ainsi que tous ses repères et comme si ça ne suffisait pas, elle s’était retrouvée dans un pays dont elle ne parlait pas la langue. Les premiers mois, elle s’était sentie triste et seule mais heureusement que Adèle avait été là pour elle et pour l’aider. Elle sait que son père n’est pas parfait mais il faut lui reconnaître qu’il a toujours été très patient et aimant avec elle.

Peu désireuse de se laisser aller à la nostalgie de ces souvenirs, Kylie se ressaisit et poursuit la conversation, faisant le lien entre l’envie de retourner au pays de Killian avec ses activités disons explosives. Maintenant qu’elle en sait plus sur le passé de la famille Murphy, elle comprend mieux la position de Belle Gueule dans tout ça. Ça permet, en plus, de rendre l’atmosphère un peu plus légère le temps de quelques plaisanteries. Elle parvient même à tirer à Belle Gueule ce sourire de crapule qu’elle aime tant et même s’il est plus fatigué qu’à l’accoutumé, elle prend ça pour une victoire.

- Heureusement que t’as pas peur de te salir les mains !

Kylie n’aurait pas pensé que demander son nom de naissance à Killian découlerait sur une déclaration d’amour et pourtant, c’est bien ce qui se passe. D’un autre côté, elle n’avait pas prévu qu’une simple rencontre dans un bar découlerait sur une histoire comme celle qu’ils vivent, alors elle n’est pas vraiment surprise. Même si les conditions ne sont pas idéales, elle préfère savourer ce moment, d’autant plus que Belle Gueule l’attire sur le canapé et qu’elle peut se blottir contre lui, la tête posée sur son épaule. Quand elle sent la joue de l’irlandais se poser contre sa tête, un sourire tendre se dessine sur son visage. Elle est bien là, comme ça, à juste profiter de sa présence et de l’instant. Sauf qu’elle ne profite pas tant que ça puisqu’une pensée parasite vient l’embêter : il lui reste une chose à dire à Killian. Une chose importante et elle a peur que si elle attend trop, ça soit compliqué d’en parler.

Comme elle ne sait pas trop comment il va réagir à cette annonce, elle commence par tâter le terrain, en lui demandant ce qu’il pense des personnes ayant un pouvoir. La réponse qu’il lui donne est inattendue mais tellement Killian que ça lui tire un discret pouffement qu’elle essaie d’étouffer pour ne pas le couper sur sa lancée. Il n’a rien contre les gens qui ont des pouvoirs. Cette simple réponse la soulage plus qu’elle ne l’aurait cru et c’est plus sereine qu’elle écoute la suite. Oui, elle comprend la logique, elle aussi trouve ça plus pertinent de juger les gens sur leurs choix ou leurs actes que sur leur génétique.

- Normal que tu veuilles faire payer à ceux qui ont fait ça, ils le méritent en plus ! approuve-t-elle avec véhémence. C’est vrai que c’est con d’en vouloir à tous ceux qui naissent avec un pouvoir alors qu’ils l’ont pas choisi.

Certains s’en seraient d’ailleurs bien passé et elle fait clairement partie de cette catégorie. D’accord, son pouvoir est plutôt cool mais, dans les faits, il ne lui sert pas à grand-chose et elle aurait parfaitement pu vivre sans, ça n’aurait rien changé. Pour Tivan par contre… Sa vie aurait été complètement différente sans son pouvoir, tellement différente qu’elle a du mal à imaginer ce que ça aurait donné. Sauf qu’il utilise son pouvoir pour aider les autres autant que possible et il ne mérite pas de mourir pour ça. Certes, il travaille pour le SHinc et son employeur est discutable - largement même - mais il n’y est pour rien lui.

Sans grande surprise, Belle Gueule lui demande pourquoi elle lui pose cette question et maintenant qu’elle connaît son point de vue, lui répondre ne lui fait plus peur. Peut-être que s’il avait été moins fatigué et en pleine forme, il aurait pu faire le lien lui-même mais comme ce n’est pas le cas, c’est à elle de se jeter à l’eau.

- J’ai un pouvoir, déclare-t-elle donc sur le ton de la conversation, la tête toujours posée sur son épaule. Je peux changer la matière des choses, ça sonne plutôt cool comme ça, mais en vrai, ça me sert pas vraiment.

Sans doute que si elle avait choisi une autre carrière, il en aurait été autrement. Elle aurait fait un carton en tant que cambrioleuse avec un pouvoir pareil : aucune porte ou serrure ne lui aurait résisté ! Elle aurait été la terreur des banques et des bijouteries - parce qu’elle aurait été douée, aucun doute là-dessus - mais en contrepartie, elle aurait été recherchée par la police - ou plutôt le SHinc - et franchement la flemme quoi. Elle préfère largement la vie qu’elle a actuellement en étant dessinatrice. Vivre de sa passion et réaliser ses rêves, c’est pas donné à tout le monde. Ce qui lui fait penser…

- Oh, et pendant qu’on est dans la liste des choses importantes qu’il faut savoir, j’en profite ! Si tu pouvais éviter de tuer Phénix, ça m’arrangerait ! C’est que je tiens beaucoup à lui, genre vraiment beaucoup. Bon, normalement, tu devrais pas te retrouver avec un contrat sur sa tête donc tout va bien, mais si jamais ça arrive, préviens moi s’il-te-plaît.

En théorie, si le contrat remonte jusqu’à Killian, ou même Adèle, les Bishop seront forcément au courant et feront ce qu’il faut pour le faire disparaître et préserver leur fils mais on ne sait jamais. Elle préfère être trop prudente que pas assez. D’autant plus qu’elle sait que les victimes de l’irlandais ne viennent pas forcément d’un contrat donc ça ne coûte rien de l’avertir. C’est qu’elle n’a pas vraiment envie que l’homme qu’elle aime tue son meilleur ami, ça ferait désordre.

Codage par Libella sur Graphiorum

9 ans c'était trop jeune pour avoir son mot à dire à l'époque, mais déjà trop assez vieux pour avoir des souvenirs de sa vie d'avant, des manques et des regrets. C'était souvent ce qui lui revenait quand il était dans cet état. L'envie de rentrer de chez lui prenait le pas sur le reste, même si le reste du temps il en avait à peine conscience. Alors c'était curieux d'en parler autant maintenant, et en même temps ça avait quelque chose de presque rassurant de savoir que Blondie ressentait quelque chose de similaire. Même s'il aurait préféré pour elle que non. Par contre l'Irlandais se sentait presque bête maintenant qu'elle répondait à sa question. C'était évident dans le fond qu'elle était arrivée en Angleterre suite au meurtre de son père adoptif par le biologique, il aurait dû faire le lien tout seul...

"Donc... toi aussi trop jeune et déjà assez vieille pour perdre des choses au passage."

Après, la perte avait été un peu différente pour tous les deux. Lui au moins avait pu fuir le pays en restant avec sa famille, enfin au moins une partie, et il parlait la bonne langue, même si on lui reprochait son accent... et au moins dans son cas y avait pas de surprise empoisonnée à découvrir vingt ans plus tard ! Enfin ça, il allait le garder pour lui, il était pas suffisamment abruti par la douleur pour rater une occasion de se taire !

Pour le moment de toute façon, Blondie veut en savoir plus sur ses activités, ou plutôt ce qui les motive. C'est sûr que c'est sans doute plus facile à comprendre avec tout le background en tête. Ou plus logique. Puis au moins, l'atmosphère se détend un peu. Sans doute parce que c'est au moins une partie de l'histoire sur laquelle il a un peu de contrôle, contrairement au reste.

"Tu me connais, toujours ravi de rendre service !"

Conclue-t-il avec un clin d'oeil provocateur. Enfin, c'était son clin d'oeil habituel, mais avec beaucoup plus de fatigue, alors c'était pas forcément aussi concluant qu'en temps normal, mais au moins le coeur y était.

En tout cas, ça n'empêche pas que quelques détours de conversation plus loin, Blondie le rejoint sur le canapé, et qu'elle se blottit contre lui. Donc hé ! Même avec le teint platreux, il arrive encore un peu à faire du charme. Au moins, ça ramène un peu de douceur. Ou plutôt que c'est quand même tellement plus chaleureux d'être collés que ça fait du bien quoi qu'il en soit... Il aurait presque espéré que les choses puissent en rester là, d'autant que si Kylie s'était installé contre son épaule, la fatigue revenait lui tapoter l'autre pour signaler sa présence. Mais apparemment la Française avait d'autres choses à demander. Bon... après c'était pas comme si c'était un grand secret ou un exercice de philosophie intensive qu'elle lui demandait. C'était facile à répondre, même si le brouillard s'épaississait à nouveau et qu'il était donc infoutu de deviner tout seul pourquoi cette question. Ce qui ne l'empêche pas de répondre sincèrement, parce qu'après tout, il cache déjà pas ses opinions là-dessus à Major, alors il voit pas pourquoi il le cacherait à Blondie. Au moins, il a réussi à la faire rire, même si elle ne fait pas le moindre bruit, il la sent pouffer contre lui, ce qui lui tire le sentiment de fierté habituelle.

"On est bien d'accord... C'est pas super utile."

Même s'il voyait bien la logique de ces gens et les idées de supériorité derrière. Mais il pouvait quand même pas s'empêcher de trouver ça complètement con. Il avait beau tué des gens pour payer son loyer, il trouvait que c'était quand même une sacrée perte de temps.

Ceci étant, Killian aimerait bien savoir le pourquoi de cette question drôlement précise. Et comme il était pas foutu de faire la connexion tout seul comme un grand, le plus simple restait encore de poser la question. Restait à voir combien de fois il allait devoir la poser pour avoir la réponse. Au moins, Blondie se jette rapidement à l'eau, ce qui lui évitera de reposer la question à l'avenir. Donc, Kylie a un pouvoir. ok. Est-ce qu'il faut qu'il réagisse ? Franchement avec le brouillard dans sa tête c'est compliqué d'être sûr. Ça a l'air d'être important, mais il a du mal à saisir tout. Alors finalement, il va rester sur du concret, et surtout sur son caractère de gamin attardé !

"Tu veux des idées ? Non parce que y a des tas de trucs à faire avec ça en vrai ! C'est diablement pratique ton truc..."

Bon faudrait qu'il réfléchisse un peu, et ce serait pas maintenant, mais d'ici la fin de la semaine il aurait forcément trouvé des applications pratiques de tout ça ! Faut pas gâcher dans la vie.

"T'aurais préféré autre chose ?"

Parce qu'il est pas sûr de comprendre à quel niveau est le regret. Il est à peu près sûr d'en percevoir, sinon elle aurait pas commencé par lui demander ce qu'il pense des gens avec un pouvoir. Mais à nouveau, le pourquoi lui échappe. Des explications, il peut y en avoir des tas... du pouvoir infernal à gérer, à l'envie d'autre chose, en passant par l'incapacité d'en faire ce qu'on veut. C'est pas les possibilités qui manquaient, et l'Irlandais était trop dans le brouillard pour jouer aux devinettes ! Autant demander à l'intéressée directement donc.

Mais apparemment ils en avaient pas fini. Puisque maintenant il se retrouve avec la consigne de ne pas tuer Phénix. Bon. De toute façon il était pas sur sa liste perso. Il lui avait pas semblé avoir déjà vu passer de contrat sur sa tête, et au pire, il pourrait toujours laisser passer. Non par contre, la vraie question est pas tellement.

"Quant tu dis que tu tiens beaucoup à lui, rassure moi c'est pas juste une question d'être fan ?"

Non parce que ça ça le ferait chier. Si les exceptions c'est une question de fangirling, ça va être fatigant !

Homesick

Après s’être fait un sang d’encre pour Killian jusqu’à le voir, puis s’être inquiétée pendant qu’il dormait, c’est presque bizarre d’avoir une conversation aussi sérieuse avec lui. Clairement, Kylie n’aurait pas misé là-dessus et pourtant, elle est contente qu’ils puissent échanger à cœur ouvert sans tabou. D’autant que ça leur permet de mettre en lumière des points communs entre eux qu’ils n’avaient pas forcément vu jusqu’à présent. Ça permet aussi de mettre des mots sur certains sentiments qu’ils ressentent et ça, clairement, Kylie l’avait encore moins vu venir. Si on lui avait dit qu’elle dirait aujourd’hui à Belle Gueule qu’elle l’aime, elle aurait probablement ri au nez de la personne et pourtant, le résultat est là, et elle ne regrette absolument pas. Même si ça ajoute encore un peu à l’étrangeté de la journée alors que l’après-midi est à peine entamé. Avec tout ça, elle risque de garder un souvenir doux-amer de cette journée mais qu’importe. Pour l’instant, elle est bien là, assise sur le canapé près de l’irlandais, la tête posée sur son épaule. Pendant quelques instants, elle savoure la quiétude et la douceur de ce moment, avant de se faire rappeler à l’ordre par une autre de ses craintes.

Quitte à être dans les conversations à coeur ouvert, autant se jeter à l’eau maintenant et parler de son pouvoir à Belle Gueule. Avant ça, elle préfère quand même prendre la température en abordant le sujet de manière plus ou moins détournée. Bon, ce n’est pas très subtil mais comme Killian n’est pas au meilleur de sa forme, ça a l’air de suffire puisque sa tentative fonctionne et qu’elle obtient une réponse… Eh bien, digne de l’irlandais ! Même quand il est question d’un sujet aussi sérieux, il arrive à la faire rire, même si elle s’efforce de l’étouffer. Au moins, elle est rassurée sur la question : ils sont du même avis. Les gens ne méritent pas de mourir parce qu’ils ont un pouvoir mais à cause de ce qu’ils en font. Dans ce contexte, elle est beaucoup moins anxieuse à l’idée de lui dire la vérité, donc elle se jette à l’eau, en lui expliquant quel est son pouvoir au passage. Quitte à être honnête, autant ne pas lui cacher d’informations. Une fois encore, la réaction qu’elle reçoit est très Killiannesque et, cette fois-ci, elle ne cache pas son petit rire amusé.

- Je veux bien des idées oui, je suis curieuse de savoir à quoi tu pourrais penser, mais ça attendra que tu te sois un peu plus en forme, tranche-t-elle entre amusement et douceur.

Elle a conscience que ça commence à faire un peu beaucoup pour une seule conversation mais, quitte à y être, elle a préféré crever l’abcès. Ce qui ne l’empêche pas de remarquer les signes de fatigue chez Belle Gueule. Elle veut bien pousser un peu plus la conversation, mais pas trop non plus parce qu’il a clairement besoin de dormir. Alors la partie amusante attendra un peu. Après tout, ils ont tout le temps pour ça maintenant ! Par contre, elle peut parfaitement répondre à la question de Killian, d’autant que c’en est une facile.

- Non, pas vraiment, répond-elle donc avec un léger haussement d’épaule, avant d’ajouter, sur un ton beaucoup plus prétentieux. J’ai pas besoin d’un pouvoir pour être exceptionnelle !

Pour preuve, d’ailleurs, elle n’a jamais eu besoin d’utiliser son pouvoir pour en arriver là où elle en est aujourd’hui. Sinon, elle aurait probablement fini au SHinc comme tous les abrutis en manque de gloire qui ne savent rien faire d’autres mais qui veulent se faire remarquer quand même. Enfin, tous les SHinkies ne sont pas comme ça, il y a aussi les abrutis qui ont rejoints le SHinc pour se planquer, ou pour profiter des avantages, et ceux qui sont trop cons pour voir qu’ils se font utiliser par une entreprise des plus douteuses. Puis il y a Phénix, qui n’est rien de tout ça, et qui a été rejoindre les rangs du SHinc par conviction, parce qu’il voulait aider la veuve et l’orphelin, ce qui le rend unique. Phénix, justement, qui est le dernier sujet qu’elle veut évoquer avec Killian avant de le laisser se reposer. Elle lui annonce donc, l’air de rien, que s’il pouvait éviter de le tuer, ça l’arrangerait, parce que c’est quand même beaucoup plus facile que de se lancer dans un grand discours. Cette fois-ci, la réaction de Belle Gueule ne lui tire pas un rire, mais plutôt une exclamation indignée.

- Sérieusement ? Tu me vois être fan d’un SHinky ? D’accord, j’écris un web-comic non-officiel sur Phénix, mais c’est parce que le comic officiel est vraiment à chier et que ça m’apporte vachement de visibilité sur les réseaux, pas parce que je suis fan ! En plus, à la base, j’avais commencé juste comme ça, pour m’amuser.

Il faut dire qu’il arrive tellement de choses caucasses à Tivan que c’est une source d’inspiration sans fin pour dessiner des petites BD. A la base, c’était surtout un bon entraînement, qu’elle a fini par poster sur les réseaux un peu par hasard, parce qu’elle manquait de contenu, et ça a eu un énorme succès presque immédiatement. Si bien qu’elle a décidé de se lancer dans un vrai projet construit et régulier et elle ne regrette absolument pas parce qu’elle s’éclate et qu’en plus, c’est ça qui lui a permis de se lancer en tant qu’artiste indépendante et de pouvoir en vivre mais bref, là n’est pas la question.

- Non, c’est pas juste une question d’être fan. Phénix c’est…mon meilleur ami, Tivan Bishop, enfin Reed maintenant, se reprend-elle au dernier moment avec toujours cette pointe de mépris à l’évocation du nom de famille de Jordonovan. Bien sûr, c’est une information confidentielle mais tu aurais fini par faire le lien tout seul donc ça sert à rien de faire du mystère pour faire du mystère. D’ailleurs, Tivan a hâte de te rencontrer, tu sais ?

Quelque chose lui dit d’ailleurs que ça sera d’autant plus vrai quand elle annoncera à son meilleur ami que Killian et elle se sont dit “je t’aime”. Oh punaise, il va être intenable quand elle va lui dire… Heureusement qu’il lui reste encore un peu de répit avant ça ! Même si, dans le fond, elle le trouve juste adorable d’être tout excité comme ça par une relation qui ne le concerne même pas. Pour l’heure, il n’est pas question de contacter Tivan pour lui faire part des avancées de ladite relation mais bien de se concentrer sur Killian. Du coup, elle se redresse légèrement pour pouvoir le regarder.

- Enfin bon, on parlera peut-être de tout ça plus tard. T’as l’air fatigué, je vais te laisser te reposer encore un peu. Tu as besoin de quelque chose ?

Elle lui dirait bien de dormir carrément mais bon, ça reste Killian et elle n’a pas envie de le braquer inutilement en lui disant quoi faire. Autant y aller en douceur et le laisser décider lui-même de ce qu’il veut faire.

Codage par Libella sur Graphiorum

La nuit avait été mouvementée et comme ses plans de juste faire le mort une semaine avaient été contrariés, la journée avait à son tour été mouvementée. En bien ceci dit. Même s'il aimait vraiment pas qu'on le voit dans cet état, et qu'une partie de lui aurait préféré que Blondie le voit pas au plus bas comme ça, parce qu'on a sa fierté quand même, une autre partie de lui était presque... soulagé ? d'avoir pu parler de tout ça. Killian saurait pas trop dire, il avait pas l'habitude d'en parler avec qui que ce soit d'autres que sa soeur, et c'était forcément différent. Comme c'était pas non plus son genre de trop se prendre la tête pour nommer les choses ou non si elles étaient agréables, les réflexions s'arrêtèrent là. D'autant que le brouillard commençait doucement à se réinstaller. Alors pour le moment il savoure juste d'être installé sur le canapé avec Blondie parce que ça fait du chaud.

Mais semble-t-il, Blondie a encore d'autres choses sur le coeur. Alors l'Irlandais accepte de répondre sans se faire prier. Même si intérieurement il est plus agacé par son incapacité à relier les points tout seul comme il le ferait habituellement, il n'en montre rien et tâche de se concentrer sur les réactions de Blondie. Faut croire que le brouillard le rend douloureusement monotâche. Malgré tout, il sent la Française se détendre un peu contre lui, et même pouffer sous cape. Suffisamment pour qu'elle avoue avoir elle-même un pouvoir. Soit. Pour le principe, l'Irlandais râle quand même un peu.

"Mow, t'es beaucoup trop raisonnable !"

Puis bon, il allait quand même bien falloir qu'il s'occupe un minimum ! Il allait pas passer la semaine à regarder la peinture sécher non plus... surtout en ayant pas peint auparavant ! Après avoir vérifié qu'au moins Kylie ne vivait pas mal son pouvoir pour une raison ou une autre, il commençait à en avoir entendu quelques unes de ces raisons à la BNF, celle-ci ramène le sujet de Phénix. La réaction indignée de la blonde l'amuse gentiment.

"D'accord d'accord. Pas fan, mais autrice d'un webcomic qui dépasse l'officiel. Remarque ça c'est cool. Belle victoire."

Après tout, y a pas de petite victoire face à une bande de vautours ! Puis bon, si elle s'amuse et que ça lui profite au passage, c'est tout bénèf. Ceci dit, il est quand même soulagé qu'elle lui demande ça parce que c'est un ami et pas parce qu'elle joue les fangirls. Effectivement ça l'aurait déçu qu'elle soit ce genre de fille, ça l'aurait étrangement surpris aussi. Ceci dit, des surprises il y en a quand même dans la suite.

"Le gamin Bishop devenu shinky ? Et bah, pas un truc sur lequel on aurait parié ça tiens..."

Encore que, si le brouillard brouille pas trop sa mémoire, Tivan ça doit être le dernier, et clairement, il était pas vraiment taillé pour rentrer dans le business familial. Preuve en est que c'est pas un qu'il a eu trop l'occasion de croiser... Toute façon c'est pas vraiment le sujet. Pour le moment, il peut juste conclure avec l'éternel sourire fier de lui.

"En même temps on peut le comprendre, tout le monde a hâte de me rencontrer voyons !"

Encore qu'il est pas trop sûr de quoi faire de cette information. C'est pas non plus son premier couple, mais comme il savait que les autres étaient condamnés, forcément, rencontrer les proches avait plus l'air d'un jeu géant sans grande conséquence que d'autre chose. C'est forcément différent là. Sauf que le brouillard s'épaissit fortement et il a un peu de mal à voir les embranchements d'une telle rencontre. Faut dire que la journée a été riche en émotions et conversations lourdes... rien à voir avec sa blessure bien sûr. Sauf que ça doit commencer à se voir vues les nouvelles questions de Blondie qu'il a à nouveau l'impression d'entendre de loin. Il hoche mollement la tête avant de marmonner

"Aye... jvais aller dormir jcrois..."

et de se lever pour se traîner, toujours au ralenti vers son lit. Le canapé c'est bien pratique mais ça va finir par lui ruiner le dos, entre sa blessure et le fait qu'il sombre plus qu'il s'endort, on peut pas dire qu'il prenne les meilleures positions ! Alors même si ça lui prendre une bonne minute de réussir à se traîner vers la chambre, il aime autant... D'autant qu'à peine étendu sur le matelas, pouf, à plus de Killian à nouveau pour quelques heures...

Bordel, j'étais déjà partie pour une journée assez tendue au taf à cause de l'autre abruti d'avocat junior. Gnagna moi j'ai un diplôme. Gnagna moi j'ai passé le barreau. Gnagna tu vas voir jvais passer associé en un temps record moi. Et que jpasse la main aux fesses des secrétaires en mode la dime ça existe encore tu sais. Vraiment y a des moments j'ai envie d'arrêter de camoufler mon accent juste pour faire un point comme Conor fait maaaaaaais... cet abruti étant un abruti de première, il est quand même bien pratique pour récupérer des infos qu'il protège pas assez. Donc si ce bouffon continue à monter et à avoir de meilleures affaires, la petite assistante juridique peut continuer à se frayer un chemin tranquillement dans les hautes sphères. Conor a raison, les abrutis c'est pratique.

D'ailleurs, parlant de mon abruti de frangin (pas le même genre d'abruti ceci dit), son message me stoppe net dans la journée. Killian qui t'annonce qu'il est malade pour la semaine sans t'en dire plus... on sait tous ce que ça veut dire. Enfin sauf Devon. J'ai jamais trop compris comment ces deux-là avaient fini par devenir sincèrement amis, mais fallait croire que toutes les absurdités de la vie était possible... En attendant, il faut que je réorganise la garde des mômes pour la semaine, en urgence, tout en gérant Lewis, enfin pardon, Maître Lewis. J'essaie de pas trop paniquer, de me dire qu'il va assez bien pour m'écrire. Mais vu le plan sur lequel ils étaient hier soir... Je savais que c'était pas bon qu'il ait pas donné signe de vie de la nuit !!! D'habitude il prévient quand il rentre après ce genre d'opérations... J'ai plus qu'à spammer Stefan pour espérer avoir plus d'infos, ou Carl qui leur sert de toubib, mais bien sûr, tout le monde est minimaliste par message parce que faut pas laisser de trace. Bordel vous pouvez pas arrêter d'être doués juste deux minutes histoire de me dire pourquoi Conor est "malade" ??? Vraiment ces mecs, tous les mêmes ! Si je reçois encore un "mais t'inquiète, il va bien, c'est un costaud ton frangin" jles transforme en soupe d'yeux à la prochaine fête ! Soupir... je peux pas demander à Devon pour les gamins vu qu'il va déjà récupérer une part du taf de Killian... j'espère que Klaus a moyen de les récupérer ce soir, les parents sont pas dispos, justement parce qu'il faut gérer ce que le groupe a pu choper cette nuit au plus vite.

Résultat, entre Maître GnagnagnaMoiJe et réorganiser la garde des jumeaux pour la semaine, impossible de m'éclipser du taf en journée, fais chier. J'espère que cet abruti avait au moins prévu un truc à se faire réchauffer histoire qu'il ait mangé un minimum... Je culpabilise un peu de laisser les gosses à garder alors que je rentre chez moi rapidement pour cuisiner un peu pour lui ramener... Déjà qu'ils vont pas voir leur oncle de la semaine, ça va être le drame ça encore ! Je ravale la boule au ventre qui apparaît à chaque fois que je suis forcée de constater qu'à bientôt 4 ans, c'est déjà plus le drame pour eux de pas voir leur oncle que leur père... J'ai pas vraiment le temps de penser à ça maintenant. Je profite d'être chez moi pour tej mon chemisier et le haut de mon tailleur que je troque pour une chemise en flanelle et un vieux sweat, mes chaussures à talon pour des tenis. Un peu besoin d'avoir des fringues plus confort histoire d'arrêter de cogiter entre l'abruti qui sert de père à mes enfants et l'abruti qui leur sert d'oncle. J'ai rempli quelques tups et un thermos de soupe, quelques vivres de base, et ça devrait aller le temps qu'il ait assez récupérer pour cuisiner. Et au pire moi ou maman on pourra repasser. J'attrape ses clés dans le tiroir et je file.

Arrivée sur place, je m'emmerde pas à frapper. De toute façon soit il est dans le coltar et ça sert à rien de le réveiller, soit il va mettre trois ans à venir m'ouvrir et bon, Klaus et son mec sont bien gentils mais j'ai pas envie d'abuser en venant récupérer les gamins trop tard non plus, surtout si Killian est effectivement out pour toute la semaine... Je rentre donc directement.

"C'est moi. J'espère que t'es pas encore mort, sinon tu vas m'entendre."

Oui je m'annonce quand même, on a été bien élevés !
C'est pas la première fois que je débarque chez mon frangin et depuis le temps, j'ai été habituée à le trouver dans divers états en rentrant. Croiser une de ces conquêtes, c'est aussi arrivé, plus rarement certes, mais quand même. La nouveauté c'est que la combinaison "Killian blessé" et "conquête féminine" est complètement inédite. Et donc surprenante. Trouver une blonde installée dans le salon de mon frère, qui lui est hors de vue, donc j'imagine en train de comater quelque part, j'avoue, ça m'a prise au dépourvu quelques secondes. Je pose finalement mes sacs dans le coin cuisine histoire de libérer mes mains, avant de me diriger vers l'invitée histoire de la saluer correctement.

"Kylie j'imagine ? Moi c'est Sinead."

C'est pas comme s'il y avait trois mille options non plus... Fallait bien que ce soit une fille de tueur à gages pour qu'elle reste calme comme ça. Ceci pour l'instant, j'ai un peu d'autres priorités en tête que d'estimer le pedigree de la blonde. Autant profiter qu'il y ait un humain réveillé pour répondre à mes questions ! Sans plus de tergiversations je pose donc, encore une fois, la même question depuis ce matin.

"Qu'est-ce qu'il a ?"

Et pour le coup si elle me répond pas je vais clairement m'énerver. Commencent à tous me faire chier à me balader depuis ce matin ! Elle est quand même pas compliquée ma question !

Homesick

Raisonnable, c’est bien un qualificatif auquel elle n’est pas habituée, mais dans le contexte actuel, elle imagine que oui, elle est la plus raisonnable des deux. En même temps, elle n’a pas envie que l’état de son irlandais préféré empire donc forcément, elle fait attention ! Là, elle remarque bien qu’il est en train de piquer du nez et elle a conscience que dormir ne peut que l’aider à guérir, alors elle ne va pas le lancer sur “qu’est-ce que je pourrais faire avec mon pouvoir ?” ça n’aurait aucun sens. Par contre, preuve qu’elle n’est pas aussi raisonnable qu’il a l’air de le penser, elle profite qu’ils en soient aux conversations sérieuses pour l’informer que Phénix n’est pas un SHinky tuable, contrairement aux autres. Suite à quoi elle se retrouve obligée de s’indigner quand Killian demande si elle est fan de Phénix, comme si c’était son genre !! Heureusement, Belle Gueule entend vite raison et souligne même que c’est une belle victoire, que son webcomic officieux soit plus populaire que l’officiel, ce à quoi elle affiche un air très satisfait.

- Merci, c’est vrai que c’est pas donné à tout le monde de faire ça, déclare-t-elle avec une fierté évidente.

Sauf qu’elle n’est pas n’importe qui et ça, ils le savent très bien tous les deux ! Maintenant que ce point est éclairci, elle explique la vraie raison de sa demande à Killian, lui révélant par la même occasion l'identité secrète de Phénix : Tivan, son meilleur ami. Un petit sourire en coin se dessine sur ses lèvres à l’évocation des Bishop, normal qu’il les connaisse, vu le milieu dans lequel ils évoluent, le contraire l’aurait même sacrément étonnée. Pour le reste, elle est plutôt d’accord, personne n’aurait parié qu’un fils Bishop finirait par bosser au SHinc, le tout en croyant sincèrement à ce qu’il fait et non pas pour pourrir l’entreprise de l’intérieur, mais c’est Tivan, il est plein de surprises ! Et franchement, elle ne l’aurait pas vu faire autre chose. Pompier peut-être mais encore, ça lui va moins que SHinky, même elle doit le reconnaître alors qu’elle trouve le SHinc complètement stupide.

Comme Belle Gueule est fatigué, Kylie prend sur elle de ne pas lui faire remarquer que non, tout le monde n’a pas hâte de le rencontrer, puisque ce n’est pas le cas d’Adèle. Quelque chose lui dit que l’évocation de son père risque d’assombrir son humeur donc elle préfère se taire. Le bien-être de son chéri est plus important que le plaisir d’avoir le dernier mot. D’ailleurs, parlant de ça, elle va le laisser se reposer, maintenant que les sujets importants sont terminés. Preuve qu’il est vraiment à bout, Killian confirme qu’il va aller dormir sans même protester. En le voyant se lever, elle suit le mouvement, non pas pour aller le border - pas envie de le faire râler - mais pour l’embrasser chastement, en se hissant autant qu’elle peut sur la pointe des pieds, avant de le laisser filer.

- Dors bien !

Alors qu’il s’éloigne en direction de sa chambre, elle le suit du regard, jusqu’à ce qu’il disparaisse de son champ de vision. Là, elle récupère le bol de soupe abandonné sur la table basse avec la cuillère et va laver le tout. Dans un premier temps, elle reste plutôt calme, continuant son dessin, pour ne pas déranger Killian qui s’endort, même si, vu son état de fatigue, ça ne va pas prendre longtemps, puis au bout d’une petite heure, elle décide de s’organiser pour passer la semaine ici. Le plus simple serait de faire un aller-retour jusque chez elle, mais elle n’a pas envie de le laisser seul. A la place, elle décide donc d’appeler son père pour lui demander de lui apporter des affaires pour la semaine, ses clefs de voiture - histoire de récupérer la clef de l’appartement de Killian - ainsi que sa tablette pour pouvoir dessiner et s’occuper.

Plus tard, après avoir rejoint son père pour récupérer ses affaires et échanger quelques mots, elle s’installe de nouveau sur le canapé. Dans le sac qu’Adèle lui a apporté, elle récupère sa tablette - chargeur compris - et découvre avec plaisir Princesse Lila, le dragon lavande qui lui sert de doudou depuis des années, qu’elle sort également, juste pour le plaisir de l’avoir contre elle. Maintenant qu’elle a récupéré sa tablette, elle délaisse son carnet à dessin pour se concentrer dessus, vérifier ses mails, répondre à ses dm avant de reprendre le chapitre en cours de son webcomic. C’est pas parce qu’elle passe la semaine chez Killian qu’elle doit négliger son travail ! De toute façon, il va bien falloir qu’elle trouve de quoi s’occuper, sinon elle va finir par tourner en rond.

Elle ne saurait dire depuis combien de temps elle est concentrée sur les aventures de Phénix quand le bruit d’une clef dans la serrure lui fait relever la tête. Elle a beau être plongée dans ce qu’elle fait, l’éducation d’Adèle lui a inculqué certains réflexes, notamment celui de réagir aux bruits suspects. Impossible que ce soit Killian à la porte, il n’aurait pas pu sortir sans qu’elle le voit, la question est donc : qui est-ce ? En tendant l’oreille, Kylie comprend que la personne qui ouvre possède les clefs, le déclic est trop rapide pour un crochetage de serrure. Ce qui veut donc dire qu’elle n’a que quelques secondes avant qu’une personne débarque dans la pièce, ce qu’elle n’avait pas du tout prévu et, surtout, elle n’a aucune idée de qui ça peut bien être. Aussi idiot que celui puisse paraître, son premier réfléxe est de cacher Princesse Lila sous l’un des coussins du canapé - même si un dragon de 60cm ne se cache pas comme ça, c’est toujours mieux que rien - puis de poser sa tablette près d’elle pour être prête à réagir en cas de problème.

La personne qui vient d’entrer s’annonce d’un “c’est moi”, ce qui réduit le risque de problème à gérer et permet à Kylie de se détendre, un peu. La voix est féminine, ce qui réduit les options quant à l’identité de la visiteuse. Peut-être la mère de Killian, ou sa sœur, à moins que ça ne soit une amie, et encore, elle doute que l’irlandais confie ses clefs à n’importe qui. La réponse ne tarde pas à venir puisqu’une brune arrive dans le salon et même si elle ne l’a jamais rencontrée, Kylie n’a aucun mal à l’identifier comme étant Sinead, la sœur de Killian, qu’elle a déjà pu voir en photo. Même si elle se reprend vite, la blonde a le temps de noter que sa présence prend Sinead au dépourvu, elle devait s’attendre à trouver son frère seul, comme il souhaitait le rester. Lorsqu’elle se reprend, elle en profite pour libérer ses mains des sacs qu’elle tenait jusque-là avant de s’avancer vers elle pour la saluer. En la voyant venir vers elle, Kylie se lève pour la saluer également, même si elle ne sait pas trop comment réagir face à la mère des jumeaux. Inutile de dire qu’elle ne s’attendait pas à la rencontrer dans ces conditions, mais bon, elle n’attendait rien de ce qui s’est passé aujourd’hui, donc elle n’est plus à ça près.

- Oui, c’est ça, répond-elle ne sachant pas trop quoi dire d’autre.

Elle ne peut pas vraiment dire qu’elle est enchantée de la rencontrer étant donné la situation actuelle. Elle n’a pas besoin qu’elle le dise pour comprendre que Sinead est là à cause de l’état de son frère. D’ailleurs, comme pour lui donner raison, elle l’interroge sur l’état de ce dernier, ce qui fait brièvement hausser un sourcil à Kylie. Si elle lui pose la question, c’est qu’elle n’a pas la réponse, alors qu’elle doit connaître plus de personne à contacter qu’elle dans ce genre de cas.

- Une balle dans le ventre, explique-t-elle simplement.

Il lui faut une petite seconde pour réaliser que sa réponse manque cruellement de compassion. Si quelqu’un lui avait répondu de cette manière à la même question, elle l’aurait probablement étranglé, juste pour le principe. Le truc, même si ça n’excuse pas tout, c’est qu’elle ne s’attendait pas à devoir expliquer la situation à la famille de Killian, mais il faut croire qu’elle est amoureuse d’un crétin qui ne prend pas la peine de prévenir ses proches de son état et qui les laisse s’inquiéter toute la journée. Du coup, elle reprend rapidement, pour donner plus de détails à Sinead.

- Enfin, techniquement, elle n’est pas dans son ventre, puisqu’elle a traversé, mais tu vois l’idée. La bonne nouvelle, c’est qu’apparemment, aucun organe n’a été touché et qu’il a été soigné. La mauvaise, c’est qu’il a perdu pas mal de sang. Jusqu’ici, il n’a eu ni nausée, ni fièvre, ce qui est plutôt bon signe, mais ça reste à surveiller quand même. A priori, s’il ne joue pas au con, il devrait être remis sur pieds d’ici quelques jours.

Voilà, ça c’est une vraie réponse complète à la question posée par Sinead, même si Kylie maintient que ce n’était pas à elle de la rassurer sur l’état de son frère ! Belle Gueule risque de l’entendre quand il va se réveiller.

- J’imagine que tu es venue le voir ? Tu peux si tu veux, mais il est en train de dormir et je doute qu’il se réveille de si tôt…

Elle n’est pas sûre que ce soit très intéressant d’aller voir Killian dans ces conditions mais bon, si c’est ce que veut sa sœur, pourquoi pas. Par contre, si elle s’amuse à le réveiller, elle aussi risque de l’entendre. Elle n’a pas décidé de rester ici pour jouer les gardes malades pour laisser la première venue réveiller l’irlandais, même s’il s’agit de sa sœur !

Codage par Libella sur Graphiorum

Quelle journée à la con... Déjà la plupart du temps j'ai l'impression de pas avoir une minute à moi, mais alors ce genre de journée c'est pire que tout ! En plus j'ai passé quasi tout mon temps à m'inquiéter en toile de fond. Puis bon, tout réorganiser la semaine, devoir demander des services à gauche à droite, gérer les caprices des fucking adultes qu'ont jamais grandi, ça use ! Alors forcément, je m'attendais pas nécessairement à trouver une blonde dans le salon de mon frère. Pas que ça soit la première fois que je croise une meuf de mon frère, mais disons que c'est la première fois dans ce contexte et ça change un peu la donne. Bon je verrai plus tard avec lui s'il est sûr de ce qu'il fait, et pour le moment je vais partir du principe que oui parce que j'ai vraiment besoin de réponse...

Après des présentations sommaires, à la fois parce que bon, y a quand même des évidences, et surtout parce que j'ai vraiment d'autres priorités que faire du small talk là maintenant tout de suite, je saisis donc l'occasion d'avoir une personne qui potentiellement va moins jouer les grands mystères. Le bon côté des choses, c'est que j'ai pas à lui tirer les vers du nez pour avoir une réponse. Le moins bon côté des choses, c'est que pour commencer elle m'en dit pas tellement plus. Et bah ça doit être sympa les conversations entre ces deux-là ! C'est quoi ? un concours de laconisme vague ?

Je hausse déjà un sourcil inquisiteur pour poser une question de type "une balle dans le ventre, mais encore ?". Ok, j'imagine que ça va assez pour qu'il ait pu rentrer, et m'écrire, même sommairement. Pas vraiment le genre de Connor de se laisser mourir dans son salon... mais quand même ! Je vais pas avancer à coup de demi-infos ! Hé j'ai des gosses à nourrir moi à un moment ! Kylie doit arriver à la même conclusion et se décide donc à lâcher plus d'infos, je ravale donc mon ras le bol pour le moment. Et au moins je commence à y voir plus clair.

"Ouai j'adoooore ce genre de bonnes nouvelles... [soupir] mais bon on fera avec j'imagine. Merci pour les infos."

Pour ce qui est de pourquoi ça a foiré ou mal tourné, je verrai directement avec l'intéressé j'imagine... enfin quand il se réveillera quoi. Vu que Kylie a l'air d'avoir passé une partie de la journée avec l'autre abruti, j'ai pas trop à m'inquiéter pour le moment. Enfin moins. Je préférerais quand même pouvoir lui parler mais du coup y a pas d'urgence quoi.

"Bah c'était le plan de base, mais du coup si t'as pu faire les vérifs de base, il a qu'à comater. Jme taperai sa mauvaise humeur bien assez tôt !"

Non parce que bon on le connaît le Connor quand ça marche pas comme il veut ! Puis toute façon j'ai pas encore les retours de comment la suite a été géré donc bon. Qu'il pionce. Je verrai ça plus tard.

"J'étais venue laisser à manger aussi. Vu que je savais pas s'il serait en état de cuisiner ou quoi..."

Ça me fait penser que j'ai laissé les sacs tiens. Retour donc vers la cuisine histoire de mettre au frais ce qui doit y aller et le reste dans les placards. Je découvre au passage les casseroles remplis et c'est clairement pas l'oeuvre de Connor. Pas qu'il sache pas cuisiner mais je doute qu'il soit en état de s'emmerder. Je vois qu'on a eu la même idée donc. Bon ça fera des réserves I guess. D'autant que je sais pas trop ce qu'elle a prévu de son côté. Bon au moins il a pas choisi une greluche qui se tourne les pouces en attendant que ça se passe.

"T'as prévu de rester ? Juste que je sache si y aura besoin que je repasse ou quoi."

Parce que c'est pas le tout mais j'ai un peu des choses à organiser quoi. Donc si la blonde a prévu de prendre sa part, je vais clairement pas dire non ! Ça m'empêchera pas de passer voir Connor (ça reste mon frère qui s'est pris une balle dans le ventre !!! faut pas déconner non plus !!!) mais de pas avoir à lui faire à bouffer ou des courses c'est toujours ça de moins. Une fois que j'ai rangé les quelques vivres que j'avais ramenées, j'hésite un peu. Je fais quoi ? Je repars ou j'attends un peu voir s'il se réveille dans le temps que j'ai bloqué pour lui ? Bon foutu pour foutu, j'ai bloqué du temps, j'aime autant tenter de voir si jpeux le croiser... Je m'appuie sur le comptoir, un peu plus détendue qu'à l'arrivée quand même.

"Tu veux boire quelque chose ?"

J'avoue que je dirai pas non à un verre là !

Homesick

Pourquoi c’est à elle d’expliquer la situation à la sœur de Killian ? Il est vraiment infoutu de prévenir correctement ses proches ou il est trop dans le cirage pour ça ? Des questions auxquelles Kylie n’a malheureusement pas de réponses et comme aller réveiller Belle Gueule pour le faire parler n’est pas une option - il a besoin de repos merde ! - elle obtempère et explique la situation à Sinead. A la place de cette dernière, elle détesterait qu’elle fasse de la rétention d’informations , alors elle peut bien faire un effort et lui donner des nouvelles de son frère. Remarquant que sa première explication est peut-être un peu trop succincte, elle s’efforce de donner plus de détails sur l’état de l’irlandais. En réponse, elle a le droit à du sarcasme. Génial, ça promet pour la suite… Fatiguée émotionnellement de la journée qu’elle vient de passer, elle décide de laisser couler. Elle n’a vraiment pas besoin de se prendre la tête avec Sinead en plus de tout le reste. Surtout qu’elle est presque sûre que sa réaction est dûe à la situation plus qu’à elle. Enfin, elle croit. Les remerciements sont plus appréciables que le sarcasme mais Kylie ne sait pas trop comment réagir face à ça non plus, alors elle hausse les épaules en guise de réponse.

- Au moins, il est vivant, et suffisamment en forme pour n'en faire qu’à sa tête.

Quelque part, c’est rassurant, que Killian reste Killian dans cet état, avec ses tentatives de donner le change en plaisantant, ses sourires de canaille qui certes sont plus faiblards que d’habitude mais toujours bien présents et surtout qui sait ce qu’il veut. Malgré son état, ils ont pu avoir une conversation qu’elle ne s’attendait pas à avoir si tôt, c’est bien la preuve qu’il tient le coup, mais ça, elle se garde bien de le partager avec Sinead. Ces moments-là, elle préfère les garder rien que pour elle, et comme ce n’est pas le moment d’y penser, elle revient à l’instant présent en demandant à Sinead si elle veut voir son frère. Si elle est soulagée que la nouvelle venue préfère laisser Killian dormir, elle ne sait pas trop comment prendre cette histoire de mauvaise humeur. D’accord, il n’était pas le plus ravi quand elle est arrivée et il a été pas mal grognon, mais après avoir dormi et mangé, ça a été mieux. Heureusement, elle n’a pas à trouver quoi répondre puisque Sinead enchaîne avec la suite, expliquant qu’elle est venue lui apporter de quoi manger. C’est donc ça, tous ces sacs.

- C’est gentil de ta part.

Ce qui est bien, c’est que la situation n’est pas bizarre du tout ! Tellement pas bizarre, que Kylie se retrouve sans savoir quoi dire, à observer Sinead tandis qu’elle range ses courses dans la cuisine de Belle Gueule. Elle a beau savoir qu’il s’agit de sa sœur et qu’ils sont proches, quelque chose la titille en la voyant faire. Pas de la jalousie, ça serait franchement déplacé, mais plutôt un sentiment d’inutilité. Si Killian lui a demandé de ne pas venir, c’est qu’il n’a pas besoin d’elle puisqu’il a déjà ses habitudes avec sa sœur. Elle a beau savoir qu’elle se fait du mal inutilement, impossible de se défaire de cette impression et Sinead, sans le savoir, remue le couteau dans la plaie. L’espace d’un instant, elle se trouve bête à ne pas savoir quoi répondre mais elle se ressaisit bien vite. Killian lui a dit qu’elle pouvait rester et certes, elle a un peu insisté, mais si ça l’avait vraiment dérangé, il ne se serait pas privé pour le lui dire.

- Pour l’instant, oui, j’ai prévu de rester, répond-elle donc sur un ton factuel. Mais il faut pas que ça t’empêche de repasser si tu as envie de le voir.

La dernière chose qu’elle veut, c’est bien de s’immiscer dans la relation entre les frangins Murphy. D’accord, la présence de Sinead appuie sur ses insécurités mais c’est pas une raison pour se changer en harpie, d’autant plus qu’elle sait que c’est ridicule. Kylie l’a dit un peu plus tôt et elle le pense toujours : elle veut construire quelque chose avec Belle Gueule, ce qui implique fatalement de fréquenter sa sœur de temps en temps. Pour l’instant, la situation est plutôt merdique, parce qu’elle a l’impression de marcher sur des œufs et elle n’est pas sûre d’être la seule à éprouver ça donc elle peut bien faire des efforts. Et apparemment, ça commence maintenant puisque Sinead a décidé de s’attarder un peu. Alors qu’elle allait pour refuser ce verre proposé, Kylie se ravise au dernier moment. Faire des efforts elle a dit, alors elle va commencer par accepter cette perche. Passant sous silence le fait que si elle avait voulu un verre, elle aurait pu aller se servir elle-même, elle se contente d’une réponse simple.

- Je veux bien oui, ça peut pas faire de mal.

Après tout, ce n’est pas elle qui a le ventre troué et qui a perdu beaucoup de sang. Si la proposition était venue de Killian, elle l’aurait étranglé mais comme il s’agit de sa sœur, pourquoi pas. Maintenant qu’elle a compris que Sinead est partie pour rester au moins un peu, Kylie verrouille sa tablette et la pose sur la table basse avant de se lever pour rejoindre la visiteuse dans le coin cuisine. Le small talk, ça n’a jamais vraiment été son fort, elle est plutôt du genre à faire ce qu’elle veut, quand elle veut, mais justement, si elle veut que le malaise ambiant disparaisse, il va bien falloir qu’elle fasse un effort. Il faut juste qu’elle trouve un sujet de conversation mais l’inspiration lui vient subitement quand son regard tombe sur une photo des neveux de Killian. Ça, ça devrait être sans risque.

- Ça va aller pour les jumeaux ? Je sais que Killian les garde généralement le mercredi, ça va pas leur faire drôle qu’il puisse pas cette semaine ?

Maintenant que la question est posée, Kylie est prise d’un doute. Est-ce que ça ne donne pas l’impression qu’elle se mêle de ce qui ne la regarde pas ? Elle n’espère pas mais même si c’est le cas, tant pis. Elle préfère mettre les pieds dans le plat avec un vrai sujet que de parler de la météo locale.

Codage par Libella sur Graphiorum

Je redescends sans doute pas assez vite en pression. Normalement je tiens mieux que ça le stress, mais bon je suis soulée faut croire. On a qu'à dire que c'est de la faute de Connor. Même s'il va nier bien sûr, parce que c'est une question de principe chez cet abruti ! M'enfin en attendant faut que j'arrive à redescendre parce que sa meuf elle m'a rien fait et en plus c'est la première personne à répondre à mes questions. Je grimace un peu à la fois blasée et compatissante pour Kylie qui a visiblement déjà épongé les absurdités du frangin post blessure grave.

"Yeup. Sounds just like my brother. Mais oui t'as raison, c'est que dans le fond ça va aller."

Maintenant que j'ai les infos de base, j'essaie de reprendre le fil de ce que j'étais venue faire. Ce qui est étrangement plus difficile que j'aurais pensé ! Faut dire que mine de rien, la routine est plutôt bien huilée... même si ça m'emmerde de le dire d'ailleurs ! Mais du coup, la présence de la blonde fait un peu grain de sable de la mécanique. Alors certes, un cool grain de sable, au moins pour Connor, mais je m'embrouille toute seule. Les nerfs qui retombent quoi. DONC ! Pour le moment, ranger la bouffe. Avant que j'oublie et que Kylie se retrouve avec sur les bras en prime... c'est pas vraiment le but non plus.

"Meh, comme tu dis, ça évite qu'il fasse trop le crétin...Enfin, disons que ça évite qu'il se fatigue trop pour rien."

Comme il peut pas vraiment aller à l'hosto quand ce genre de choses arrive... Encore que si un jour on avait pas le choix, cet abruti serait foutu de tous les enfumer et de les convaincre qu'il s'est fait ça sur un chantier et qu'il est une pauvre victime du capitalisme. Et en plus il aurait une idée de chantier à qui faire cracher des dommages et intérêt alors que personne a jamais vu sa tronche là-bas... Alors certes, ce serait amusant à regarder, mais bon déjà faudrait se démerder pour pas lui montrer, et ensuite ce serait quand même des emmerdes en plus. Puis je sais pas. Peut-être que dans le fond il a pas si besoin qu'on s'occupe de lui, mais je sais pas, j'aime pas l'idée de le laisser tout seul comme ça et faut bien que je fasse quelque chose aussi... En plus bon, en vrai il rumine quand il est comme ça et bon... ça pique... donc... je ramène à manger quoi. Et je me sens un peu bête de voir qu'on m'a coupé l'herbe sous le pied... même si tant mieux pour lui. Mais bon, on va ravaler ça pour le moment ! Et rester pragmatique. Le pragmatisme c'est bien, c'est facile et utile. Donc, Kylie est partie pour rester un temps. Bon. Même si ça me fait drôle, c'est ptet pas plus mal pour Connor... Au moins, il est pas tout seul à broyer du noir.

"C'est gentil merci. Promis la prochaine fois je préviens. Je pensais pas qu'il y aurait quelqu'un, désolée."

Maintenant que je commence à redescendre, j'imagine que ça a dû lui faire drôle de me voir débouler de nulle part. Je doute que l'autre abruti lui ait dit que je risquais de passer. Vu que toute façon la première chose qu'il me dit à chaque fois c'est qu'il a pas besoin gnagna. Un jour il va comprendre que jlui demande pas son avis et on gagnera du temps ! Mais bon la Française a rien demandé... et j'imagine qu'elle a commencé sa journée avec pas beaucoup plus d'infos que moi, elle a juste pu venir plus tôt. Et elle est sans doute pas venue en étant beaucoup plus zen... Bref j'ai pas réalisé la meilleure première impression qui soit. Et qu'est-ce qu'on fait en Irlande quand on doit enterrer la hache de guerre ? On partage un verre. Voilà. Solution miracle. Ou presque. Les Français aussi ça picole non ? Heureusement, elle accepte. Bon parfait ! C'est chelou, notamment parce que le principal intéressé est aux abonnés absents, mais au moins on va dans le bon sens. Je hoche donc la tête avant de me diriger vers les placards correspondants.

"T'es plutôt bière ou alcool fort ?"

Perso ça sera whisky hein... Me faut au moins ça pour finir de digérer cette journée ! Je me sers donc, et tend son verre à Kylie quand elle me rejoint côté cuisine. J'allais pour la rejoindre, mais en vrai, je réalise qu'elle a eu le temps de commencer à faire son nid. Alors j'imagine qu'elle a pas envie de déménager ses affaires. C'est une peluche sous le canapé ? C'est pas aux jumeaux ça... Enfin bon, je dis rien, pas mon problème ! On fait la paix on a dit. J'allais pour trinquer quand la blonde semble touchée par la foudre et m'interroge justement sur les jumeaux. Je suis un peu prise par surprise, mais zapper le small talk pour rester dans les vraies questions pratiques, ça me va.

"Ha si... ça va être le drame de leur semaine, et ça bouleverse un peu tout mon planning. J'ai dû réorganiser leur garde en urgence, d'autant que les parents peuvent pas me les prendre non plus du coup. Je leur ai dit que leur oncle était malade, quand il ira un peu mieux il pourra les appeler j'imagine."

Je hausse un peu les épaules. Faut dire qu'à cause de leur abruti en chef de père les gamins vont avoir 4 ans et ont déjà des abandonment issues de la taille de l'ego de leur oncle... Du coup forcément quand Connor leur fait faux bond c'est tout de suite dramatique. Ça va qu'en vrai il est hyper fiable avec eux et que ça arrive assez rarement pour que ce soit vite consolé et rassuré... Le reste, même si ça me complique la vie, c'est juste de la galère pratique. D'une façon ou d'une autre ça se règle. J'ai assez de réseaux pour trouver comment m'organiser ! Bon le mec de Klaus va me regarder sceptique si jlui dis que mon frère est malade mais ça se gère !

"En fait c'est aussi pour ça que je te demandais si tu restais, parce que du coup ça veut dire qu'il a au moins quelqu'un pour l'aider. Donc ouai, jpeux passer le voir, mais j'ai pas à m'occuper de lui ou de ramener des trucs. Tout de suite ça m'allège un peu niveau orga. Donc si tu peux rester en vrai c'est cool."

Ok c'est bizarre comme rencontre, et pas idéal, mais au moins on se traîne pas un boulet à rassurer comme des gosses de bientôt 4 ans quoi.

"Enfin jveux pas t'imposer ça non plus, mais comme t'as l'air plutôt bien installée, j'en déduis que c'est ça ton plan."

Je conclus en souriant et en pointant la peluche qui dépasse un peu sur le canapé.

"À quel point il a râlé quand t'as annoncé que tu restais ?"

Ça j'avoue que je suis curieuse de voir comment elle s'est débrouillée pour être plus têtue que lui !