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Fais comme chez toi ! (mais pas trop quand même) ~ Lincoln

Sujet: Fais comme chez toi ! (mais pas trop quand même) ~ Lincoln   Jeu 10 Aoû - 16:58
Ezra Spillmaeker
Fondateur de Pandora Investigation / Détective du SHinc
Ezra Spillmaeker
J'habite à Londres depuis le : 17/04/2021 où j'ai posté : 1662 messages et accumulé : 561 points d'expérience. On dit que je ressemble à : Jack Falahee j'ai : 31 ans et ma situation sentimentale est : En couple avec Mallory J'incarne également : Klaus, Terrence-Caelan, Adèle et Ezéchiel

Stats du Perso :
Mon pouvoir / Ma compétence est: Je détecte les mensonges au niveau 1 et je peux te forcer à te confier au niveau 2
et mon niveau est de: 2
Malus: Au niveau 2, mes émotions se calquent sur celles de mon interlocuteur une fois mon pouvoir activé
Artefact(s): Anneau de Gygès
Ma 2eme compétence est:
et mon niveau est: 0
Ma 3eme compétence est: rien
et mon niveau est :: 0
Par rapport au rhume des pouvoirs :: Epargné(e) / Non concerné(e)








Fais comme chez toi

(mais pas trop quand même)

Ezra & Lincoln

__________________


Je jette un coup d’œil dans le couloir avant de sortir de l’appartement de Mallory, peu désireux de me retrouver nez-à-nez avec mon frangin. Le problème de fréquenter des voisins, c’est que ça arrive, ce genre d’incidents… et autant pour lui c’est facile, il vit avec Klaus, autant j’ai pas forcément envie qu’il sache en détail mon emploi du temps et les moments où je squatte chez ma copine ! Il serait foutu d’utiliser ça pour me faire chier… puis bon, je préfère partir bosser avec l’image de la rousse qui me souhaite une bonne journée en tête qu’avec la gueule d’Alec. Bizarrement, lui, je suis pas très chaud pour qu’il m’embrasse. A cette pensée, je grimace. Ierk. Heureusement, pas de petit frère en vue. J’en profite pour filer, ma sacoche à la main et mon thermos de café dans l’autre. D’ailleurs… je réalise que c’était pas très malin de ma part. Je suis venu en moto, hier… bah, tant pis. Je dois juste le finir avant de démarrer, c’est pas comme si c’était un sacrifice non plus. Je quitte l’immeuble en buvant une gorgée, marchant à grandes enjambées jusqu’à la place où je me suis garé la veille. Je préfère pas trainer… j’ai profité d’être chez Mallory pour pas me lever trop tôt et dormir un peu, mais du coup, autant pas perdre de temps. J’aimerais bien mettre un peu d’ordre dans deux-trois papiers avant que Lincoln arrive… Je termine ma boisson, la cale dans mon sac et je décolle.

Il ne me faut que quelques minutes pour rejoindre Pandora en slalomant entre les voitures pour éviter les bouchons, inévitables à cette heure-ci. J’ouvre le cabinet, les stores et j’allume mon ordinateur avant de mettre les grains de café à moudre par habitude. En priorité, vérifier que tout est bon pour accueillir mon nouvel employé. Ça fait plus d’un mois maintenant qu’on travaille ensemble, pourtant, j’ai encore un peu de mal à me faire à cette information. Peut-être parce que jusqu’à présent, tout se passait en télétravail… n’empêche que c’est très réel quand même. Je m’attendais à pas forcément beaucoup avancer dans mes affaires en cours pendant que je formais Linc, mais en fait, je me suis rendu que j’étais plus efficace. Pouvoir déléguer certaines tâches, déjà, ça me donne moins de boulot, même en faisant le point avec lui et en lui donnant des explications régulières. Puis, j’ai eu l’agréable surprise de constater qu’il prenait des initiatives toujours censées, sans aller au-delà des limites non plus. Enfin… en vrai, ça devrait pas m’étonner. C’est justement parce que j’avais confiance en sa manière de faire que je l’ai embauché… bref. Là où je pensais avoir à réajuster notre dynamique, tâtonner un peu pour trouver la bonne méthode de travail etc, je me retrouve à admettre que finalement… eh bah, ça se fait tout seul, très naturellement. C’en est presque effrayant. Je veux dire… merde, qui aurait cru qu’un mec que je qualifiais allègrement de petit con à peine un an plus tôt s’intègrerait aussi vite dans ma routine professionnelle ? En plus, il se débrouille bien ! Enfin tant mieux, hein. Si ça avait été l’inverse, ça aurait été con… dans les faits, il aurait suffi de rompre la période d’essai, mais j’avoue, j’aurais été déçu… Donc ouais, voilà, tant mieux. C’est juste que quand j’y pense, je trouve ça dingue. Dingue bien. Peut-être que ça peut payer, la confiance, au final…

Je réalise qu’un petit sourire se dessiner sur le coin de mes lèvres et je m’empresse de l’effacer. C’est pas le moment, là !! Manquerait plus que je me change en patron hippie, tiens. Pour la peine, je réajuste ma chemise, m’assurant qu’elle n’a aucun pli, même si, avec mon pull par-dessus, seul le col en dépasse. J’aime pas les plis. C’est désagréable. Bref. Je délaisse l’accueil où se trouve le bureau de Lexie et je me tourne vers la porte de gauche, fraichement installée. Il y a peu, c’était encore un mur sans ouverture. Maintenant, on a accès à un nouvel espace. J’ai dû batailler un peu, mais j’ai réussi à racheter les locaux qui jouxtaient les miens – l’avantage d’avoir un passif de bobo, plein de contacts et de l’argent, il faut bien l’admettre. Ça a été ric-rac de faire tous les travaux avant l’arrivée de Lincoln, mais tout est prêt. Heureusement, je sais pas où je l’aurais mis, sinon… avant de lui proposer cette offre d’emploi, j’ai réfléchi pas mal à l’agencement de PI. Hors de question que je le mette avec moi dans mon bureau : impossible dans ce cas d’accueillir deux clients en même temps. Puis j’aimerais pas bosser avec quelqu’un en face de moi, surtout quand j’épingle mes indices à mon tableau et que je me retrouve à faire les cent pas en cogitant. Y’avait aussi le fait que… bah même pour lui, vaut mieux qu’il ait son espace. Sauf que le problème… c’était que j’en avais pas de dispo. Après, ça faisait un moment que je songeais à agrandir les lieux et je m’étais déjà renseigné sur la possibilité d’acquérir les locaux d’à côté. Du coup, ça a pas été trop long pour le faire…

J’entre dans la pièce qui sent encore légèrement la peinture fraiche. J’hésite à aérer. Il fait super froid, dehors et ça sent pas si fort, même si c’est pas super agréable non plus… bon, Lincoln décidera tout seul, il est assez grand pour choisir – trop grand, même. J’ai condamné la porte qui menait à l’extérieur par mesure de sécurité, et quant à l’étage, qui fait la même surface… pour l’instant, ça servira d’espace de stockage. Au moins, il aura ses propres toilettes, il devrait être bien. J’ai installé un grand bureau en bois sombre avec des rangements pratiques, des étagères, un coffre-fort pour ses dossiers sensibles et tout ce qu’il faut pour s’organiser. Un ordinateur flambant neuf trône au milieu du plateau, avec des sièges confortables tout juste achetés aussi. Pour le reste, je verrai avec lui comment il veut agencer et ce qu’il aura envie d’ajouter. Je pense qu’au niveau du principal, on est bon. J’ai passé assez de temps à m’assurer qu’il ne manquerait de rien. Il a même son mug d’employé. Lexie a absolument tenu à ce qu’on lui en achète un pour « faire son intégration comme il faut ». Je la soupçonne d’avoir juste eu envie de rire à l’idée de chercher la tasse idéale avec moi, vu la tête qu’elle tirait à chaque fois qu’elle m’en proposait une. On a fini par se mettre d’accord sur « J’arrêterai de porter du noir le jour où on inventera une couleur plus sombre », après avoir hésité un moment avec « j’ai survécu au boulot ». Comme s’il y avait pas des questions plus importantes… même si c’était un peu drôle, c’est vrai. Un peu. Mais je l’admettrai jamais à voix haute.

Après un dernier petit tour, je rejoins mon propre bureau, dont l’entrée est en face de la sienne, séparée par le domaine de ma secrétaire, puis je me lance un café avec les grains fraichement moulus. Je jette un œil sur l’heure. C’est pas trop la peine que je commence un gros truc, mais je peux déjà trier mes mails. Je m’installe donc en espérant que la cohabitation se passera bien. Je suis plongé dans l’épluchage de plannings pour une de mes enquêtes quand j’entends Lexie arriver et je prends le temps de la saluer avant de retourner à mon écran. Si elle est là, c’est que Lincoln ne va pas tarder… et en effet, à peine cinq minutes plus tard, sa voix me parvient depuis l’accueil. J’abandonne mon travail, mettant mon ordinateur en veille, puis je sors de mon bureau. J’ai pas mis de rendez-vous de la matinée, histoire d’être sûr de rester disponible pour son premier jour sur place, donc à part urgence, on sera tranquille.

- Salut, fais-je alors que Lexie a déjà commencé à lui faire la conversation.

Je sais pas trop par quoi commencer, en vrai, vu qu’il a déjà commencé à travailler depuis un moment. Les consignes de sécurité pour la configuration de son ordinateur, je les lui ai déjà faite pour celui qu’il utilisait de chez lui, les explications principales, pareil, il les connait déjà… c’est juste qu’il est sur place, maintenant. Il est familier des lieux en plus, y’a juste la nouvelle partie à lui présenter. Je désigne la porte qui est apparue depuis la dernière fois qu’il est venu.

- Ton domaine est par là. Je te montre tout de suite ou tu veux boire un truc avant ? J’aimerais bien qu’on prenne un peu de temps pour ajuster les derniers détails avant de se mettre au boulot, si tu veux bien.

Au  pire, ça pourra attendre, mais disons qu’il va bien falloir que j’évoque certains trucs avec lui… et autant tant qu’il était en télétravail, c’était pas une nécessité, autant maintenant, ce serait utile. Alors c’est pas au jour près, juste que je préfère pas laisser trainer. Déjà que c’est pas évident à expliquer… si je repousse je sais parfaitement que je sauterai jamais le pas.


:copyright: Aelyne



Sujet: Re: Fais comme chez toi ! (mais pas trop quand même) ~ Lincoln   Jeu 2 Nov - 10:16
Lincoln Murphy
Détective chez Pandora Investigation
Lincoln Murphy
J'habite à Londres depuis le : 27/03/2021 où j'ai posté : 2083 messages et accumulé : 498 points d'expérience. On dit que je ressemble à : Andy Biersack j'ai : 28 ans et ma situation sentimentale est : En couple avec la plus merveilleuse des chaussures ♥ J'incarne également : Le tonton de ma petite soeur, en quelque sorte, mon beau frère aussi aimable qu'une porte de prison, le frère de mon patron qui a l'air de sortir de bisounoursland, et l'adjoint de ma meilleure amie

Stats du Perso :
Mon pouvoir / Ma compétence est: Memotransformation
et mon niveau est de: 3
Malus: Oubli, mélange des souvenirs
Artefact(s): 1 Copper Corn
Ma 2eme compétence est: Investigation
et mon niveau est: 3
Ma 3eme compétence est: rien
et mon niveau est :: 0
Par rapport au rhume des pouvoirs :: Forme aggravée



Everyday we try to be better
Better than the lies and the sins


Aujourd’hui était un jour… bizarre. Ce n’était pas mon premier jour de travail, pas du tout même, mais c’était mon premier jour que je passerai dans mon nouveau bureau, dans les locaux de PI. Ça ne devrait pas m’intimider, après tout je connaissais l’endroit et mes deux collègues… Ezra depuis un moment déjà, même s’il fallait admettre qu’en l’espace de 4 mois j’en avais appris plus sur lui qu’en une année de collaboration, et Lexie… eh bien Lexie faisait partie de ces gens qu’on a l’impression de cotoyer depuis toujours alors qu’en vérité ça ne faisait que quelques semaines. C’était un don que possédaient certaines personnes. A moins que ce ne soit une histoire d’alchimie… Dur à dire. En attendant, les choses étaient remarquablement fluides entre nous, et nous avions déjà à notre actif une formidable collection de private jokes et de running gags alors que, encore une fois, nous n’étions collègues que depuis quelques semaines. Donc voilà, encore moins de raison d’être intimidé. Pourtant je l’étais. Pas au sens où ça me faisait peur, de partager un bureau, un espace physique concret, et une routine avec eux, non… Plutôt au sens où… J’savais pas trop comment l’expliquer… Mais c’était un peu comme… un tournant. Un jour marquant.  Comme un rite d’initiation pour être accepté dans une tribu, un truc dans ce genre là. J’n’arrivais moi-même pas bien à analyser tout ce qui se passait à l’intérieur de moi. Un mélange d’excitation, d’émotion, de curiosité, d’anticipation… Un sacré cocktail quoi. Pas désagréable, mais pas habituel. C’était un peu comme passer du collège au lycée lorsque les deux étaient dans le même bâtiment. C’était pas franchement différent, mais c’était pas pareil. A ceci près que le collège et le lycée, j’en avais strictement rien à carrer à l’époque, alors que là… Ouais, ce taff, il était important pour moi. J’avais pas envie de merder et de tout gâcher.

Quand je bossais à domicile, je commençais généralement mes journées plutôt tôt. D’abord parce que je n’étais plus un gros dormeur depuis belle lurette, et ensuite parce que… j’aimais bien prendre une longue pause à midi pour profiter un peu de Terca, alors histoire de ne pas prendre de retard, je compensais en me mettant au boulot aux aurores. De ce fait, j’avais hésité sur l’heure à laquelle me pointer chez PI. Ezra m’avait donné une heure indicative -tardive par rapport à mes horaires habituels-, et si je m’étais d’abord dit que je pourrais venir avant pour finaliser un compte-rendu, j’avais renoncé en songeant que mon patron m’avait probablement indiqué cette heure précise pour que ce soit en accord avec son programme de la journée. Si je pouvais éviter de foutre en l’air ses plans le premier jour de notre cohabitation, je le ferais !

Me voilà donc devant les locaux de PI à l’heure indiquée -avec une légère avance tout de même, car on n’était jamais à l’abris d’un imprévu.  J’étais sûr à 99,9% qu’Ezra porterait sa traditionnelle chemise -et le 0,01%, ce n’était pas un scénario où Ezra choisirait volontairement un t-shirt ou un sweat, c’était dans l’hypothèse où il aurait passé la nuit chez une certaine rousse et aurait réussi à tâcher sa chemise ET sa chemise de backup (Ezra étant FORCEMENT quelqu’un possédant une chemise de backup)- mais l’habit ne faisant pas le moine, j’avais pour ma part opté pour un pull -noir- et mon éternelle veste en cuire -noire- parce que honnêtement parlant, quand je portais une chemise, on aurait dit que je me déguisais. Et j’étais certain qu’Ezra se fichait bien de savoir ce que je portais tant que j’étais présentable.

Le sachet de la boulangerie fourré de viennoiseries miniatures -pains au chocolat, croissants, chaussons aux pommes, escargots aux raisins, chaussons au flan faits par une petite boulangerie artisanale à se damner que Linwood et Kenny m’avaient fait découvrir- dans la main, je rejoignis les bureaux de PI avec une espèce d’excitation enfantine presque grotesque -mais comme j’étais le seul témoin de mon état interne, tout allait bien. Je tombai immédiatement sur Lexie qui m’accueillit avec sa bonne humeur habituelle et son humour rituel. Même si nous étions jusque là collègues à distance, on avait déjà instauré des petites routines à base de papotage divers à 3 avec Ezra ou tous les 2 quand on voulait éviter de le polluer avec nos blagues foireuses.

- Alors, t’as pu tester la playlist que je t’ai envoyée hier ?

Lui demandai-je dans un sourire, curieux d’avoir son retour sur le sujet. Elle m’avait confié au détour d’une conversation qu’elle s’intéressait à la musique hardrock mais qu’elle avait tendance à tourner en boucle avec les mêmes artistes, alors je lui avais proposé de lui faire quelques suggestions pour élargir ses horizons.

- Pas encore ! Je me suis dit que je pourrais en découvrir un bout au déjeuner aujourd’hui, comme ça tu pourras commenter au passage…

Elle se pencha vers moi comme pour me souffler un secret, avant d’ajouter :

- … et puis la tête que fera Ezra en entendant certains morceaux sera probablement impayable !

Je lâchai un petit rire, toujours amusé de voir qu’on était dans le même bateau elle et moi pour ce qui était de taquiner notre patron. En même temps, pour des adeptes de la taquinerie comme nous, Ezra était vraiment une cible facile, presqu’une tentation. Hochant la tête dans un sourire complice, je lui répondis, tout en me tournant pour voir si Ezra était déjà dans son bureau :

- Effectivement on aurait tort de se pr… Woh ! Porte !

Lâchai-je, les yeux écarquillés, lorsque mon regard tomba, au passage sur… une porte. Une nouvelle porte, qui n’était CLAIREMENT pas là avant. Je me tournai à nouveau vers Lexie, un sourcil froncé, l’autre levé, et un sourire presque ahuri sur le visage qui posait la question pour moi. Elle éclata de rire, avant de répondre d’un ton gentiment moqueur :

- En effet, Porte.

Elle n’eut pas le temps de m’en dire plus -et vu son air malicieux, quelque chose me disait qu’elle ne voulait pas non plus me parler de ça. Ce fut à ce moment que la voix d’Ezra me tira de notre discussion alors qu’il sortait de son bureau pour nous saluer. Je lui offris un grand sourire :

- Salut Ezra, tu tombes à piques, je viens juste de voir cette nouvelle euh… porte. Je suis absolument certain qu’elle n’était pas là la dernière fois… et pourtant j’étais clean ce jour là !

Oh bah quoi ? Je pouvais bien faire des petites blagues d’ancien addict maintenant que c’était derrière moi, non ? Alors oui, je savais qu’une fois qu’on avait plongé dans l’addiction, on avait comme certains diraient un “terrain favorable” pour de nouvelles dépendances, mais bon… Je n’allais pas non plus m’interdire de faire un peu d’humour noir alors que c’était mon huile de moteur. C’était ma manière à moi de célébrer cette victoire sur les médocs.

Ezra me désigna la fameuse porte avant de me parler de mon… domaine ? J’haussai les sourcils, ne cachant pas ma surprise alors que le détective enchaînait en me demandant si je préférais visiter ou lever le coude, tout en m’informant l’air de rien qu’on n’allait pas trop tarder à passer aux choses sérieuses mine de rien, ce qui me tira un sourire amusé. Evidemment, un Ezra qui ne parlait pas boulot était un Ezra inquiétant.

- Mon gosier pourra attendre alors que ma curiosité, clairement, non ! Vas pour la visite… Enfin si ton corps peut survivre quelques minutes avant d’accueillir son prochain café !

Le taquinai-je dans un petit sourire. J’avais bien dit “prochain” et pas “premier”, parce que j’étais sûr et certain qu’Ezra en avait au moins pris un. Peut être deux.

- Quand on aura étanché ma curiosité, je serai tout disposé à peaufiner ces fameux détails.

Précisai-je dans un hochement de tête entendu. Ca allait de soi que ça m’allait de toute façon. Certes, c’était un jour spécial, mais ça restait un jour de boulot, et je me doutais bien que mon premier jour physiquement dans les bureaux n’allait pas justifier une journée de repos pour fêter ça. S’il avait fait ça, je me serais demandé si un SHinky ne s’était pas substitué à mon patron, franchement dit. Je lui fis signe d’ouvrir le chemin, pas tant parce que je craignais ce qu’il y avait derrière la porte -ce n’était VRAIMENT pas le genre d’Ezra de préparer un sac de confettis explosif- que parce que mon haptophobie se portait nettement mieux quand j’avais mon entourage dans mon champ de vision. Je n’étais pas encore totalement à l’aise à l’idée d’avoir des gens dans mon dos. Je savais bien qu’il n’allait pas me sauter dessus par derrière pour me faire un câlin -encore une fois, ça serait une preuve flagrante de substitution d’identité- mais un geste maladroit pouvait arriver beaucoup trop vite, et si mes yeux n’avaient pas eu le temps d’anticiper le mouvement, ma tête allait me le faire payer très cher.

Je jetai un coup d’oeil en coin à Lexie, comme si elle allait me révéler une information croustillante en avant première, avant d’emboîter le pas à Ezra qui venait d’ouvrir la porte pour m’en dévoiler les secrets. Et le secret en question c’était…. eh bien en vérité, quand Ezra parlait de “domaine”, il exagérait à peine. Ce bureau -MON bureau ?!- était sacrément grand et… et sacrément bien équipé, aussi. Je tournai un regard presque dubitatif vers le détective, comme si je m’attendais à ce qu’il me dise “ça c’est mon bureau secondaire, le tien est dans le cagibi, là”. Ouais… je faisais peut être un syndrôme Harry Potter… Mais…  J’savais pas trop comment expliquer ça… Ca me paraissait juste… surprenant. Surprenant-bien. Surprenant-vachement-bien même. A bien y réfléchir, c’était plutôt logique que j’ai mon propre bureau mais…  bah j’sais pas, je m’étais presque imaginé bosser sur un bout de la petite table dans l’entrée en attendant qu’on trouve une autre idée. Après… c’était Ezra dont on parlait, j’aurais pu et dû me douter qu’il ne laisserait rien au hasard. Et qu’il ne se contenterait pas non plus d’une solution “bof” ou passable.

Je me mis à déambuler dans les lieux -dans MON bureau, putain, ça faisait du bien de le dire… enfin de le penser- pour en découvrir tous les recoins, un petit sourire flottant sur les lèvres. Je finis par m’arrêter derrière le grand bureau -le meuble cette fois-ci- posant mes mains dessus dans un geste assez caricatural d’un PDG accueillant un visiteur -en tout cas tel que les PDG le faisaient dans les films, et tel que Linwood le faisait quand il nous convoquait dans son bureau.

- Sacré espace ! Comment tu as récupéré ça ? T’avais prévu dès le début d’élargir ton cabinet ou est-ce que c’est la perspective de devoir cohabiter avec moi une bonne partie de la journée qui t’a poussé à chasser tes voisins pour préserver ton espace personnel ?

Demandai-je dans un petit coup d’oeil espiègle, l’oeil brillant. Je ne pouvais pas m’empêcher de le charrier, c’était plus fort que moi. Et c’était ma manière un peu biscornue de lui dire que j’étais touché par son initiative… Evidemment de là à ce que Ezra comprenne le sens caché de mon humour foireux, il y avait un grand pas mais… voilà quoi. Bon. C’était peut être une bonne raison de formuler ma gratitude à haute et intelligible voix, non ? C’était pas toujours simple de dire les choses sans artifice et sans détour. Enfin… certaines personnes, comme Terca, rendaient ces choses admirablement faciles. Avec lui, tout me venait naturellement. Je n’avais jamais peur de dire merci ou de faire un compliment. Avec Ezra c’était une autre histoire. D’ailleurs j’étais presque sûr qu’il n’acceptait pas facilement les éloges et les remerciements. Je n’allais pas trop tarder à être fixé.

- En tout cas merci c’est… enfin ça fait plaisir quoi.

Lachai-je en essayant de maintenir un air détendu et de ne surtout pas muter en collégien timide s’excusant de s’exprimer, mais soutenant tout de même son regard pour qu’il sache que j’étais sincère. C’était que… c’était peut être bête, hein, mais ça m’émouvait, en vérité, cette histoire. Il fallait dire que la sensation d’être considéré par son patron, c’était un peu nouveau pour moi. Le SHinc était très doué pour mettre de la poudre aux yeux et nous faire croire, au début en tout cas, qu’on serait traités aux petits soins en échange de nos bons et loyaux services. Et puis en moins de temps qu’il n’en fallait pour dire SHinc, on se retrouvait asservis à des médicaments, victime de chantage, et à sacrifier sa vie privée pour le compte d’une organisation qui ne nous considérait finalement que comme de la chaire à canon. Je passais sur les humiliations orchestrées par mon ex-chef et le harcèlement moral. J’espérais sincèrement que Mallory arriverait à faire quelque chose avec son nouveau poste, mais j’avais mes doutes. Pas sûr ses capacités à elle, mais sur la volonté du SHinc à la laisser changer les choses en profondeur. De toute façon tant que les mauvaises personnes seraient à des postes clés, il y aurait des problèmes.

Alors oui, forcément, se faire traiter comme un être humain au travail, c’était un peu nouveau, et vraiment plaisant. Je sentais au fond de moi les traces persistantes de la méfiance qui me soufflait qu’un joli bureau pouvait cacher d’autres aspects moins reluisants voir même immoraux du job. Mais je n’avais pas envie de l’écouter. Je ne m’étais pas fait naïf en une nuit et je ne pouvais bien évidemment pas prétendre avoir cerné tous les aspects d’Ezra, mais s’il y avait bien une chose qui était ressorti chez lui, c’était qu’il était droit. Et qu’il voulait bien faire. Il ne savait pas toujours COMMENT bien faire, mais je n’allais certainement pas lui jeter la première pierre pour ça. Ezra, dans le fond, c’était un vrai gentil, il était juste vraiment nul à chier pour ce qui était de faire son propre marketing.

Mais enfin… si on commençait à sombrer dans le sentimentalisme, il allait mourir de gêne, et moi j’allais devoir faire de l’humour foireux pour rétablir la situation. Alors pour nous éviter ce genre de désagréments, je décidai de moi-même lui tendre une perche pour passer à la suite :

- J’ai cru comprendre qu’il y avait des “détails” à peaufiner ? On se fait couler un truc et tu me dis ce que t’as en tête ? Oh et j'ai amené de quoi accompagner les boissons chaudes... Enfin si Lexie n'a pas déjà craqué dessus pendant qu'on visitait !

Ajoutai-je dans un sourire amusé, me rappelant du sachet que j'avais abandonné sur le bureau de Lexie trop obnubilé par cette fameuse porte. En tout cas, j'étais curieux de savoir ce qu'Ezra voulait aborder parce que perso… Je voyais pas forcément de détails. Peut être des histoires d’horaires de bureau ? Ou de zone privée et zone publique ? Ou d’organisation ? Ou de règles en cas de visiteurs et de clients ? Bon en fait, y avait une multitude de potentiels détails à régler. J’allais laisser Ezra parler, sur ce coup, j’étais certain qu’il avait tourné et retourné le sujet dans sa tête et préparé tout un tas de trucs, et je finirais avec mes questions si jamais ce qu’il avait à me dire et me donner ne couvraient pas la totalité de mes interrogations existentielles.

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